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Une femme avec un masque passe devant le logo des JO de Tokyo de 2020 le 24 mars 2020 dans la capitale nippone. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Même sans la pandémie de coronavirus, les Jeux olympiques, en tant que rassemblement de masse, favorisent toutes sortes de maladies infectieuses", rappelle Atsuo Hamada, spécialiste de l'université de médecine de Tokyo.
Le comité d'organisation Tokyo-2020 a commencé à édicter de nouvelles règles pour les participants. Il y aura un contrôle sanitaire avant l'arrivée au Japon, des tests réguliers une fois sur place, des restrictions et des traçages sur les contacts et des limitations sur la durée de séjour au Village olympique.
Les responsables olympiques soulignent le succès d'autres événements sportifs durant la pandémie, mais des experts sanitaires répliquent que les JO sont d'une ampleur inégalée, avec quelque 11.000 sportifs de plus de 200 pays attendus à Tokyo.
"Il ne peut y avoir de risque plus élevé", avertit Michael Head, chercheur en santé globale à l'université de Southampton (Royaume-Uni), interrogé par l'AFP.
Même si les sportifs étaient vaccinés au préalable, "il pourrait y avoir certains variants présentant une certaine résistance au vaccin", estime cet expert.
Et "le brassage de personnes venant de tant de pays différents ne fera qu'accélérer la probabilité de voir apparaître de nouveaux variants", prévient encore Michael Head.
"Inconcevable"
"Tout ce qui peut être fait pour réduire le risque est fait", pense Hassan Vally, professeur de santé publique à l'université de La Trobe en Australie. "Mais on ne peut pas réduire le risque complètement".
"Si vous regardez les choses sous l'angle de la santé publique", organiser des JO représente "tout ce qu'on n'a pas envie de voir actuellement", résume Hassan Vally.
Les organisateurs des JO de Tokyo attendent le printemps pour prendre certaines décisions épineuses, notamment celle de limiter voire d'interdire l'accès des spectateurs aux stades.
"Il est inconcevable de laisser entrer des spectateurs du monde entier", estime Atsuo Hamada.
Michael Head pense lui aussi que le nombre de spectateurs devrait être limité autant que possible. "Cela n'éliminerait pas le risque, mais le réduirait".
Le déploiement de vaccins dans le monde a fait naître des espoirs pour les Jeux, certains pays ayant annoncé qu'ils prévoyaient de vacciner leurs sportifs avant l'été, tandis que le CIO et le Japon n'ont pas fait de la vaccination une condition préalable pour Tokyo-2020.
Infections inévitables
Une affiche pour les Jeux Olympiques 2020 de Tokyo photographiée le 7 février à Tokyo. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Koji Wada, expert japonais en santé publique, juge peu probable que tous les sportifs et l'ensemble de la population japonaise soient vaccinés avant l'ouverture des Jeux, le 23 juillet.
"Les vaccins sont un outil pour se protéger soi-même et non les autres", souligne ce professeur à l'université internationale de la santé et du bien-être à Tokyo, qui a conseillé le gouvernement nippon sur la gestion de la pandémie.
Koji Wada a recommandé aux organisateurs d'évaluer si certains sports impliquant des contacts physiques rapprochés, comme le judo, ne seraient pas trop risqués - même si des JO amputés de certaines disciplines semblent impossibles à envisager.
Michael Head est plus direct: d'un point de vue strictement sanitaire, prévoir d'organiser des Jeux olympiques cet été "ne fait aucun sens actuellement".
D'autres experts conçoivent des solutions de compromis pour que les Jeux de Tokyo puissent se dérouler malgré tout.
Atsuo Hamada "peut imaginer à présent" la tenue des Jeux "avec des contrôles fréquents, les athlètes et le personnel limitant leurs mouvements et restant dans des bulles, et tout le monde qui regarde l'événement la télévision".
Hassan Vally pense que les Jeux auront lieu mais que les organisateurs vont devoir composer avec des infections.
"Il est impossible que les Jeux se déroulent sans qu'il y ait quelque scandale à cause du virus. La manière de répondre (à ce genre de situation de crise, ndlr) sera le plus grand défi", prédit-il.