Les circuits fluviaux en délicatesse

À Hô Chi Minh-Ville, le tourisme fluvial est en voie de développement. Mais pour séduire un plus large public notamment vietnamien, les circuits doivent être reliés aux éléments historiques et culturels que propose la ville.

C’est à partir du quai Thu Thiêm que débutent les balades sur le fleuve Sài Gon.


«Il y a 18 ans, lorsque j’étais directeur du bureau des guides du voyagiste Thanh Niên, je rêvais de conduire les touristes à découvrir Hô Chi Minh-Ville au fil de l’eau. Mon agence possédait un bateau de 25 m de long, capable de transporter 50 croisiéristes sur la ligne Sài Gon - tunnels de Cu Chi. Nouveau produit à l’époque, les touristes étaient nombreux à effectuer des réservations. Pourtant, après cinq ou sept voyages, les frais (carburant, entretien) étant loin d’être rentabilisés par le nombre de touristes, nous avons été contraints de renoncer»
, se souvient Trân Thê Dung, aujourd’hui directeur adjoint du voyagiste Thê Hê Tre.
Manque d’espace et de moyens
Le quai de Bach Dang est le point de départ de presque tous les circuits fluviaux sur le fleuve Sài Gon depuis des dizaines d’années. Mais force est de constater que c’est un peu l’anarchie ici : le lieu - qui s’étire sur environ 500 m - est entouré de restaurants, mini-parkings, kiosques d’information, guichets mais aussi par l’embarcadère des hydroptères. Les bateaux se partagent un espace d’une cinquantaine de mètres de largeur, serrés comme des sardines...
Hoàng Câm Giang, responsable de l’élaboration des circuits de croisière sur le fleuve Sài Gon de Saigontourist, estime que «c’est ce manque d’espace à tous les niveaux qui freine le développement du tourisme fluvial et rebute les gens». De plus, les tour-opérateurs rechignent à exploiter les longs circuits passant sous d’anciens ponts comme Binh Loi, Phu Long, Rach Ong, Dân Xây, en raison de la marée qui, selon si elle est montante ou descendante, empêche les bateaux de grande taille de circuler et peut rendre la navigation hasardeuse. Par conséquent, seules des embarcations de moins de 25 places, peu rentables, sont utilisées, avec des prix loin d’être à la portée de toutes les bourses et des perspectives de développement réduites à néant ou presque...
Les circuits intra-muros sont eux confrontés à d’autres difficultés. Malgré des prix raisonnables, ils ne parviennent pas à attirer le chaland. Exemples, l’excursion Quai Bach Dang - Quai Binh Dông pour contempler l’ancien quartier et l’avenue au bord du fleuve est facturée seulement 300.000 dôngs ; la balade Quai Bach Dang - Binh Quoi à la découverte de la gastronomie du Sud coûte 650.000 dôngs le week-end ; le circuit à la découverte des arroyos Thi Nghè et Nhiêu Lôc, aux alentours de 200.000 dôngs. Pourquoi alors un tel désintérêt ? La réponse fuse : «Je conduis régulièrement des touristes sur l’arroyo Tàu Hu. Les étrangers et les Viêt kiêu adorent ce circuit. Les jours de marée montante, aucun problème, mais lorsque la marée descend, les eaux se couvrent de déchets et les boues des égouts dégagent leurs effluves et leurs teintes noirâtres sur les deux rives. Et ça, c’est l’horreur pour les touristes !», nous confie un guide expérimenté.

Quelles solutions ?

D’après le Docteur Nguyên Thi Hâu, directrice adjointe de l’Institut d’études et de développement de Hô Chi Minh-Ville : «L’essor du tourisme fluvial sur le fleuve Sài Gon passe par la prise en compte des éléments géologiques, culturels et historiques dans la mesure où le dense réseau fluvial intra-muros a toujours joué un rôle prépondérant dans la communication, les échanges commerciaux, et fait partie intégrante de la vie des habitants». Même si la ville se veut être la vitrine de la modernité au Vietnam, il est vital de préserver l’espace architectural historique comme les anciennes maisons le long du quai Binh Dông, le marché Cho Lon, les ponts anciens, les vestiges des fours à poterie... Il serait également pertinent de redonner vie au marché flottant au confluent des cours d’eau pour se rappeler quelques-uns des us et coutumes de l’époque et dont on sait que les touristes raffolent.

Le tourisme fluvial de Hô Chi Minh-Ville a d’importants potentiels pour se développer.
Photo : Hoàng Hai/VNA/CVN
Photo : Hoàng Hai/VNA/CVN


Le directeur adjoint du voyagiste Thê Hê Tre, Trân Thê Dung, estime quant à lui nécessaire d’ouvrir des circuits fluviaux «en associant les provinces environnantes pour mieux exploiter les attraits de ces destinations jouxtant la rivière». Il pense par exemples aux vergers, aux ateliers de fabrication de poterie à Lai Thiêu dans la province de Binh Duong ; au village des pamplemoussiers de Tân Triêu, à l’îlot Cù Lao Phô à Dông Nai, etc., pour diversifier les circuits.
Pour Hoàng Câm Giang, responsable de l’élaboration des circuits croisières sur le fleuve Sài Gon de Saigontourist : «Le circuit intra-muros Bach Dang - Cho Lon est une bonne orientation à suivre. Il suffirait simplement de remettre sur pied le marché flottant sur le quai Binh Dông, ce qui permettrait d’attirer un afflux de touristes vietnamiens et internationaux».
Autres problèmes : la pollution des eaux et l’amélioration des infrastructures au service du tourisme de croisière, les conditions de navigation et d’accostage des embarcations étant tout sauf idéales. Une mission que la municipalité a confiée à Saigontourist. Le voyagiste a lancé de vastes campagnes de promotion de ce circuit dans toutes ses filiales à travers le pays et compte bien apporter un vent de fraîcheur à un secteur au bord de l’asphyxie.

Diêu An/CVN

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