L'Équateur aux urnes pour élire un président qui jugulera l'insécurité

Près de 13,4 millions d'électeurs sont attendus aux urnes dimanche 15 octobre en Équateur pour le second tour de la présidentielle entre une avocate socialiste, dauphine de l'ex-président Rafael Correa, et un candidat libéral, duel au coude-à-coude dans un pays livré à la violence et au narcotrafic.

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Combinaison d'images montrant la candidate à la présidence de l'Équateur Luisa Gonzalez (gauche) le 6 octobre 2023, et son adversaire Daniel Noboa lors d'un meeting de campagne à Salinas, en Équateur, le 25 août 2023. 
Photo : AFP/VNA/CVN

Ce face-à-face aboutira soit à l'élection de la première femme à la tête du pays d'Amérique du Sud, Luisa Gonzalez, soit à celle du plus jeune président de son histoire moderne, Daniel Noboa, fils d'un richissime homme d'affaire, magnat de la banane.

Le vote débutera à 7h00 locales (12h00 GMT) pour se terminer à 17h00 (22h00 GMT) dans 4.390 bureaux de vote. Près de 100.000 militaires et policiers au total seront déployés sur tout le territoire pour assurer la sécurité du vote, l'avant 1er tour du 20 août ayant été marqué par l'assassinat de l'un des principaux candidats, un ex-journaliste portant un fort discours anti-corruption.

Les résultats sont attendus dans la soirée. Les deux candidats, portant tous deux un gilet pare-balle à chacune de leur apparition publique, voteront chacun dans leur bastion, M. Noboa à Santa Elena (Sud-Ouest), et Mme Gonzalez à Canuto (Ouest).

Sortir du trou

"Que les candidats se conforment à ce qu'ils disent, pour que l'Équateur aille de l'avant et non vers l'arrière. Et que le peuple soit libéré de la délinquance, de l'insécurité et du chômage", plaidait la veille du scrutin Jaime Morales, retraité de 68 ans.

"Il n'y a pas de sécurité, les commerces ferment (à cause de l'extorsion), le chômage est partout", s'alarme un autre électeur, Fernando Llerena, lui aussi retraité. "Nous attendons beaucoup du prochain président (...) et qu'il nous sorte du trou où les gouvernements précédents nous ont laissés", ajoute Jhimy Cabrera.

Des soldats montent la garde lors du rassemblement de clôture de la campagne du candidat présidentiel équatorien Daniel Noboa, à Santa Elena, Équateur, le 12 octobre. 
Photo : AFP/VNA/CVN

Les derniers jours de campagne ont vu une avalanche de promesses de la part des deux candidats : "Un nouvel Équateur", une "main ferme" pour "sauver le pays", la "fin de la délinquance", des "milliers d'emplois".

Mais le ou la nouvelle élue n'aura que peu de temps pour tenir ces promesses mirobolantes: il ou elle gouvernera jusqu'à début 2025, terme du mandat du président sortant Guillermo Lasso qui avait convoqué des élections anticipées pour éviter sa destitution sur fond d'accusations de corruption.

Le nouveau dirigeant héritera d'un pays plongé dans une vague de violences sans précédent, qui souffre d'une corruption endémique et d'institutions fragilisées.

Autrefois considéré comme un îlot de paix en Amérique latine, le pays de 18 millions d'habitants, situé entre la Colombie et le Pérou, les deux plus gros producteurs mondiaux de cocaïne, a été rattrapé par une vague de violences sans précédent liée au crime organisé et au narcotrafic.

Selon l'Observateur équatorien du crime organisé (OECO), au moins 3.600 personnes ont été assassinées depuis le début de l'année, tandis que le taux d'homicide a doublé et continue de monter en flèche.

Formule magique

Des voitures roulent sur un pont jalonné de publicités pour le candidat à la présidence de l'Équateur, Daniel Noboa, à Guayaquil, le 13 octobre. 
Photo : AFP/VNA/CVN

Chaque candidat a sa formule magique : Daniel Noboa veut créer une grande agence du renseignement, regroupant l'administration pénitentiaire (SNAI), tandis que Luisa Gonzalez veut plus de programmes sociaux pour prévenir la délinquance. Tous deux s'accordent sur une militarisation des prisons, des ports et des frontières.

Sur l'économie, Mme Gonzalez entend promouvoir un État plus "solidaire", basé sur l'"égalité des chances" et "pour le bien de tous". Son adversaire défend, lui, une politique plus libérale et entrepreneuriale.

L'ombre de l'ex-président Rafael Correa (2007-2017) plane sur la candidature de Mme Gonzalez, qui a indiqué qu'elle en ferait son conseiller. L'ex-chef d'État, en exil car condamné dans son pays pour corruption, est d'ailleurs aux commandes ces derniers jours du QG de campagne de Mme Gonzalez, installé à Mexico.

Au terme d'une campagne plutôt atone centrée sur les réseaux sociaux, le duel s'annonce très serré, selon les derniers sondages. Daniel Noboa semble avoir cédé de son avance après l'unique débat avec sa rivale début octobre.

Le duel se déroule sur fond de polarisation entre un bloc corréiste, minoritaire, et d'un autre côté, un spectre politique très fragmenté.

Aucune force ou parti ne dispose de la majorité absolue à l'Assemblée nationale, qui a été renouvelée en même temps que le 1er tour de la présidentielle, ce qui devrait compliquer l'adoption de nouveaux textes. Le parti de Mme Gonzalez, "Révolution citoyenne", y est la première force, avec 48 sièges sur 137. M. Noboa compte 13 députés.

AFP/VNA/CVN

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