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L'engin spatial européen, BepiColombo, le 6 juillet à Spijkenisse aux Pays-Bas |
Photo : AFP/VNA/CVN |
BepiColombo est la première mission de l'ESA sur la planète tellurique la plus petite, la moins explorée et la plus proche du soleil.
Haute de 6,4 mètres, la sonde au design particulier est composée de deux modules, un européen et un japonais, qui se sépareront à l'arrivée pour orbiter selon des axes différents autour de Mercure.
Sa mission est "de poursuivre les recherches sur les nombreux résultats intriguants de la mission Messenger de l'agence spatiale américaine NASA, enquêtant plus que jamais auparavant sur les mystères de Mercure", a indiqué l'ESA.
Jusqu'à présent, seules deux missions de l'agence spatiale américaine (NASA) ont exploré Mercure : Mariner 10 dans les années 1970 et Messenger, qui a gravité autour de la planète de 2011 jusqu'à l'épuisement de son carburant en avril 2015.
Malgré plusieurs reports, les scientifiques ont assuré que l'engin serait prêt pour être transféré en mars prochain vers le port spatial européen de Kourou, en Guyane, d'où il partira en octobre 2018 pour Mercure.
"Chef d'œuvre de technologie européenne", les deux modules de la mission ont été développés par 33 entreprises issues de 12 États membres de l'Union européenne en collaboration avec le Japon, les États-Unis et la Russie, pour un coût de plus d'1,3 milliard d'euros.
Mercure est "la plus étrange de toutes les planètes rocailleuses", a expliqué Alvaro Gimenez, directeur de la science et de l'exploration robotique à l'ESA lors de la présentation au Centre européen de recherche et de technologie spatiales à Noordwijk, à l'Ouest des Pays-Bas.
Proche du soleil, à seulement 58 millions de kilomètres, elle atteint des températures extrêmes, allant de - 180° à 430° Celsius. Sa surface est chargée de hauts niveaux de radiation qui détruiraient toute forme de vie terrestre.
Outre la Terre, cette planète est la seule à posséder un champ magnétique, mais celui-ci n'agit pas comme un bouclier contre la radiation solaire.
Sa proximité avec le soleil la rend également très difficile à étudier depuis la Terre : le scintillement est si puissant qu'il empêche la visibilité au télescope.
La forte gravité du soleil complique également la mise en orbite stable d'un engin autour de Mercure.
« Un four à pizza »
Ces températures élevées ont constitué de véritables défis pour les ingénieurs, y compris pour le designer européen Airbus, et ont engendré plusieurs retards dans le projet, ont indiqué les responsables de la mission.
L'orbiteur européen a été recouvert d'une "isolation contre les hautes températures" spécialement conçue et "faite de cinquante couches de céramique et d'aluminium", tandis que les antennes sont en "titane résistant à la chaleur, couvert d'un revêtement récemment développé", a détaillé Airbus.
"Nous volons vers un four à pizza", a souligné Ulrich Reininghaus, responsable du projet BepiColombo pour l'ESA. "C'est pourquoi nous devions tester des matériaux à des rangs très élevés et différents de températures, parfois avec des résultats indésirables."
- « La plus compliquée » -
Baptisée en hommage au professeur italien Giuseppe "Bepi" Colombo, qui a joué un rôle majeur dans Mariner 10, la mission étudiera les particularités de la structure interne de Mercure ainsi que son champ magnétique et son interaction avec le Soleil et le vent solaire.
C'est "probablement la mission la plus compliquée jamais menée", a remarqué M. Gimenez : "c'est difficile d'y arriver, c'est difficile d'y travailler."
L'orbiteur européen transportera onze instruments créés pour l'occasion et le japonais cinq afin d'examiner les caractéristiques et la composition chimique de la surface de Mercure, comme les glaces situées dans ses cratères polaires perpétuellement dans l'ombre, mais aussi son mystérieux champ magnétique et son atmosphère.
"L'arrivée sur Mercure est prévue le 5 décembre 2025", a annoncé M. Reininghaus.