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Des migrants secourus par la Croix rouge italienne en mer méditerranée le 4 novembre 2016. Photo : AFP/VNA/CVN |
"La rencontre d'aujourd'hui sera très ambitieuse, même si elle est informelle", a promis à son arrivée jeudi matin 6 juillet le ministre estonien de l'Intérieur, Andres Anvelt, dont le pays vient de prendre la présidence tournante de l'UE.
"Nous allons discuter et travailler en vue d'une solution et d'un plan d'action pour l'Italie", a précisé M. Anvelt.
L'urgence de la situation en Italie s'est imposée à l'agenda des ministres. Selon une source européenne, l'objectif pour cette réunion prévue de longue date, est de "conclure qu'il y a une volonté et des moyens de soutenir l'Italie".
La semaine passée, l'Italie a menacé de ne plus accepter l'entrée de ses ports aux bateaux étrangers transportant des migrants secourus en Méditerranée et appelé ses partenaires à apporter une "contribution concrète", poussant la Commission à l'exhorter de ne rien faire avant d'en avoir discuté avec les autres États membres et les ONG humanitaires.
Environ 100.000 migrants sont arrivés en Europe depuis janvier par cette voie, dont plus de 85.000 ont débarqué en Italie -- et 9.300 en Grèce --, selon les derniers chiffres de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Moins d'une semaine après le poing sur la table des Italiens, la Commission a présenté mardi 4 juillet un "plan d'action" qui servira de base aux discussions des ministres européens. Ces propositions ont suivi la rencontre organisée dimanche soir 2 juillet à Paris entre la France, l'Allemagne, l'Italie et la Commission.
C'est le premier point à l'ordre du jour d'une rencontre, devant de toute façon être consacrée à la question migratoire, qui reste un casse-tête pour l'UE.
"Code de conduite" des ONG
Selon une source européenne, la présidence estonienne espère trouver le soutien de ses 27 collègues sur le plan d'action de la Commission, alors même que l'Italie, "à la base, évoque beaucoup plus que ce qui se trouve dans le document".
Rome a en effet avancé des idées qui mettraient davantage à contribution le reste de l'UE, comme de répartir les migrants secourus auprès de ses voisins méditerranéens, ou d'accepter que le plan européen de répartition dans l'UE de demandeurs d'asile depuis l'Italie et la Grèce devienne moins restrictif. Ces "relocalisations" concernent actuellement essentiellement des Syriens et des Erythréens, mais les Irakiens ne sont par exemple plus éligibles.
La plupart des migrants qui arrivent en Italie ne sont pas des demandeurs d'asile mais des migrants économiques, partis de Libye pour la quasi totalité d'entre eux, et en provenance principalement du Nigeria, du Bangladesh, de Guinée, de Côte d'Ivoire et de la Gambie.
Dans son plan d'action, la Commission propose de mieux coordonner les actions de sauvetage en Méditerranée avec les garde-côtes libyens -- qu'elle souhaite mieux former et équiper à la faveur d'une aide de 46 millions d'euros -- mais aussi avec les autorités égyptiennes et tunisiennes.
L'UE veut également améliorer significativement l'efficacité des "retours", à savoir le renvoi dans leur pays d'origine de ceux qui ne sont pas éligibles à une protection internationale.
En préparation de la réunion de jeudi 6 juillet, l'Italie a par ailleurs rédigé une proposition de "code de conduite" pour les ONG qui affrètent des bateaux pour secourir les migrants, un code en 11 points transmis à la Commission et aux différentes délégations, a indiqué une source proche du ministère des Affaires intérieures italien.
Une douzaine de bateaux privés participent aux patrouilles dans les eaux internationale, réalisant un quart des sauvetages en 2016. Mais certains considèrent que leur présence pousse les migrants à se lancer dans une traversée périlleuse.
"Il n'y a pas de problème avec les ONG", a assuré le commissaire européen à la Migration Dimitris Avramopoulos à son arrivée à Tallinn. "L'idée, c'est de rendre notre relation plus fonctionnelle, par des moyens plus coordonnés", a-t-il expliqué.
AFP/VNA/CVN