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Élevage des pangasius dans le quadrilatère de Long Xuyên. |
L’économie circulaire est un nouveau modèle économique à vision systémique. Elle consiste à produire des biens et des services de manière durable en limitant la consommation et le gaspillage des ressources et la production des déchets. Il s’agit de passer d’une société du tout jetable à un modèle économique plus circulaire.
Doté de nombreux potentiels et avantages pour le développement, le delta du Mékong réunit tous les conditions et facteurs nécessaires afin de devenir l’une des régions économiques clés du pays.
Cependant, dans son processus de développement, cette région fait face à de nombreux défis. Le changement climatique et l’élévation du niveau de la mer se produisent plus rapidement que prévu, provoquant de nombreux phénomènes météorologiques extrêmes, affectant les moyens de subsistance et la vie des populations. La croissance économique intense présente des points négatifs, entraînant plusieurs conséquences telles que la pollution, de graves déséquilibres écologiques, l’affaissement des terres et la baisse du niveau des eaux souterraines. Ce qui entraîne des problèmes environnementaux, notamment la pollution de l’eau.
Chaque année, les fermes de pangasius du delta du Mékong rejettent plus de 10 milliards de mètres cubes d’eaux usées contenant environ 51.336 tonnes d’azote et 16.070 tonnes de phosphore sans traitement. Sans compter quelque 1.790 tonnes de molluscicides, 210 tonnes d’herbicides, 1.224 tonnes de pesticides et 4.245 tonnes de fongicides utilisées en excès dans la production agricole. À cela s’ajoutent une grande quantité de déchets solides domestiques, industriels et de produits chimiques. Un réel danger pour l’environnement.
Par conséquent, seul le développement d’un modèle d’économie circulaire peut aider le delta du Mékong à vaincre progressivement la pollution et à évoluer vers une économie verte.
Résidus agricoles, source d’opportunités
Selon l’Office général des statistiques, le volume total des résidus agricoles en 2020 de l’ensemble du pays a atteint plus de 156,8 millions de tonnes, dont plus de 13,9 millions de tonnes dans le Sud-Est et 39,4 millions dans le delta du Mékong, principalement en provenance des secteurs des cultures et de l’élevage.
D’après la Dr. Nguyên Thi Ngoc Trúc, de l’Institut des arbres fruitiers du Sud, les processus de production, de récolte et de transformation des fruits y rejettent une grande quantité de noyaux de mangues, de peaux de bananes, de durians... Il s’agit d’une ressource énorme qui n’a pas encore été exploitée et utilisée efficacement et qui provoque même une pollution de l’environnement, alors qu’elle pourrait être réutilisée afin de fabriquer des ''engrais organiques''.
Le Pr.-Dr. Vo Tòng Xuân, le ''père'' de nombreuses variétés délicieuses de riz du delta du Mékong, fait savoir qu’à côté de la diminution des émissions de gaz à effet de serre, la collecte et le recyclage des sous-produits agricoles aident également les agriculteurs à s’enrichir. ''Les noyaux de longane, de litchi... ont plusieurs usages que nous n’avons pas pleinement exploités. Ils peuvent être transformés non seulement en engrais mais aussi en aliments pour animaux, même en aliments fonctionnels. Nous les gaspillons maintenant'', informe-t-il.
Une approche efficace pour une croissance durable
Face à cette situation, ces dernières années, les localités du delta ont promu le développement agricole selon le modèle de l’économie circulaire, en appliquant une production avancée et respectueuse de l’environnement. Cela permet de réduire les déchets en utilisant des résidus agricoles pour améliorer la fertilité des sols, en traitant en toute sécurité les déjections animales, en créant une source de combustible de cuisson au service de la vie quotidienne.
Actuellement, certaines localités dans la région mènent à bien le modèle d’économie circulaire, comme la province de Dông Thap et la ville de Cân Tho. Dông Thap en est une province typique. Le passage progressif des modèles économiques traditionnels aux modèles circulaires et du savoir lui a permis d’attirer et de diversifier les ressources, de promouvoir la croissance, d’améliorer les revenus et la qualité de vie des populations.
Récolte du riz à An Giang. |
Photo : VNA/CVN |
Grâce aux efforts d’innovation et de créativité des autorités locales et de la communauté des entreprises, ainsi qu’à la mise en œuvre efficace de ses orientations et politiques de favorisation de l’économie circulaire, la province a commencé à obtenir d’importants résultats qui ouvrent une nouvelle période de développement.
Le PIB régional a atteint 6,44% chaque année dans la période 2016-2020. Concernant la structure économique, en 2020, les parts des secteurs de l’industrie et de la construction représentaient 19,93% ; du commerce et des services, 45,53% ; de l’agriculture, de la sylviculture, de l’aquaculture et de la pêche, 34,54%.
Dông Thap a vu un certain nombre de ses modèles circulaires mis en œuvre efficacement comme celui de collecte des déchets pour en faire des engrais par la compagnie Vinh Hoàn dans le 11e quartier de la ville de Cao Lanh.
Par ailleurs, afin de limiter la pollution de l’environnement après la récolte du riz, la paille qui s’entasse dans les rizières est réutilisée pour fabriquer des produits de valeur tels qu’engrais et charbon bio, matières premières pour la production de champignons… Ainsi, l’entreprise Co Mây a mis au point une technique permettant la culture de champignons de paille bio en intérieur, sans utiliser aucun produit chimique. Et leur valeur est ajoutée du fait qu’ils sont transformés en poudre nutritionnelle, en sauce végétarienne...
Ces dernières années, sont apparus à Cân Tho de nombreux modèles économiques servant de base à la formation et au développement de l’économie circulaire. La capitale du delta du Mékong est l’une des trois localités du pays sélectionnées pour multiplier le ''Modèle de parc éco-industriel'', une approche efficace pour une croissance durable. Alors, Cân Tho a choisi les zones industrielles Trà Noc 1 et Trà Noc 2 pour participer au projet, dont l’objectif est d’aider les entreprises locales à économiser de l’électricité, à accroître le transfert et l’application de technologies et de modes de production plus propres pour réduire les déchets dangereux, les émissions de gaz à effet de serre, les polluants de l’eau, ainsi que pour mieux gérer les produits chimiques dans les parcs industriels...
La ville encourage la consommation verte et toutes les actions respectueuses de l’environnement. En même temps, elle élabore actuellement un cadre juridique pour la mise en œuvre de l’économie circulaire conformément à sa feuille de route, promouvant le soutien aux modèles de développement suivant cette tendance, valorisant le rôle des entreprises dans cette transformation.
Diêu Thuy/CVN