L'eau du Mékong coule de moins en moins en aval

Avant de se jeter dans la mer, le Mékong a formé une plaine fertile en aval. C'est le delta du Mékong du Vietnam, le plus important grenier à riz du pays, avec une production annuelle de 25 millions de tonnes, qui lui permet de non seulement satisfaire ses besoins domestiques, mais aussi d'en exporter.

Cependant, depuis une dizaine d'années, l'exploitation et l'utilisation inappropriées du cours d'eau du Mékong, dont la construction de barrages hydrauliques pour les réserves d'eau des pays riverains du Mékong, ont entraîné à l'heure actuelle une pénurie d'eau douce pendant la saison sèche, ce qui affecte gravement la production agricole et diminue considérablement les produits aquatiques. Durant la saison sèche, de janvier à avril, l'eau de mer envahit souvent profondément la terre ferme du delta du Mékong, causant de plus en plus de lourds dégâts à la riziculture et à l'aquaculture.

"Il y a 10 ans, les districts de Trà Cú, Câu Ngang et Châu Thành ont toujours pu cultiver du riz pendant la saison des pluies et élever des animaux aquatiques pendant la saison sèche, mais aujourd'hui le riz ne peut plus être planté ici. Environ 40.000 ha de rizières de la province de Trà Vinh sont envahis par l'eau de mer. Depuis 3 ans, les eaux restent saumâtres de plus en plus longtemps, ce qui rend plus difficile l'amendement du sol", se soucie Ðoàn Tân Triêu, directeur de la sarl de gestion et d'exploitation des ouvrages hydrauliques de Trà Vinh.

Selon le dernier rapport de cette société, le niveau de la mer monterait de plus en plus, à 1,9 m par rapport à la terre ferme en 2009 contre 1,7-1,8 m en 2008. Le pic de salinité est en avril et l'eau salée pénètre de 50 km dans les fleuves Tiên, Hâu et Hàm Luông. Pendant la saison sèche, la salinité change constamment. La plupart des régions riveraines des Tiên et Hâu (2 bras du Mékong) sont submergées par l'eau saumâtre.

La remontée des eaux marines est encore plus importante dans la province de Sóc Trang, puisqu'elle pénètre jusqu'à 60 km. Les lieux les plus touchés sont les districts de Thanh Tri et Nam Kê Sách, l'îlot Dung et le bourg d'An Lac Tây. Selon les prévisions de Duong Quôc Viêt, chef du Service de gestion hydraulique de Sóc Trang, en 2020, l'eau de la mer pourrait remonter jusqu'à 70 km dans les terres de cette province.

L'apogée de la salinité annuelle (mars et avril) mesurée à la station de Ðai Ngai, à 50 km de l'embouchure du Hâu, augmente progressivement : 5,8‰ en 1980-1989, 9,1‰ entre 1990 et 1999, 9,7‰ de 2000 à 2009. Lors de ces remontées, la population locale doit faire face à un manque d'eau douce pour la production, entraînant des retards pour l'ensemencement de la récolte été-automne. En plus, la pénétration de l'eau de mer rend beaucoup plus difficile les travaux de planification hydraulique des localités, les modè-les d'aquaculture changent sans cesse, ce qui entraîne des pertes financières pour les fermiers, sans parler des superficies d'aquaculture de plus en plus réduites.

Les pénétrations d'eau de mer menacent également environ 5.000 ha de riz de la récolte hiver-printemps de Bên Tre, font baisser la production rizicole de 30-50% et affectent la moitié des vergers de cette province, soit quelque 17.000 à 18.000 ha. "L'eau de mer retarde la croissance et modifie la couleur des arbres fruitiers, du riz, des poissons, des crevettes…", note Lê Phong Hai, directeur du Service provincial de l'agriculture et du développement rural.

Afin de limiter cette situation dans les provinces deltaïques du Mékong, le Vietnam prélève annuellement des milliers de milliards de dôngs sur son budget pour la construction du système des digues de Ba Lai, Ðai Ngai, My Thanh, Cái Hóp… afin d'empêcher l'intrusion des eaux salées. Il s'agit aussi d'aides financières d'institutions internationales comme Banque mondiale, Banque asiatique pour le développement (ADB), organisation britannique Oxfam… Aux côtés du gouvernement, chaque province consacre un budget spécial pour lutter contre l'empiétement de la mer sur les terres, sensibiliser les habitants sur les dangers de la montée des océans et sur une série de solutions de lutte contre les calamités naturelles…

Duong Quôc Viêt, chef du Service de gestion hydraulique de la province de Sóc Trang, fait savoir que l'investissement dans la construction de 448 écluses de contrôle de l'eau de mer et de 649 km de digues est estimé à 719 milliards de dôngs pour la période 2006-2010. Selon les prévisions, ce chiffre pourrait s'élever à 2.650 milliards de 2011 à 2015.

Pourtant, au vu des statistiques de la situation réelle des provinces, le gouvernement vietnamien souhaite une coopération plus étroite avec les autres pays dans le monde pour s'engager à exploiter et à utiliser plus rationnellement le cours d'eau du Mékong, d'une part pour limiter l'empiétement de la mer qui s'alourdit de plus en plus, et d'autre part pour protéger et sauver les produits aquatiques qui sont en train de s'épuiser dans ce bassin.

Truong Giang-Nguyên Ðat/CVN

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