>>Cambodge : "l'éléphant le plus seul au monde" renoue avec ses congénères
>>Cher accueille au Cambodge l'éléphant maltraité du Pakistan
>>L'éléphant maltraité du Pakistan va être transféré en avion au Cambodge
>>Émoi au Pakistan sur le sort d'un éléphant en captivité
Kaavan, un éléphant qui attend d’être transporté dans un sanctuaire au Cambodge, lors d’une cérémonie d’adieu au zoo de Marghazar à Islamabad, le 23 novembre 2020. |
Photo : Reuters/VNA/CVN |
Le zoo d’Islamabad est devenu tristement célèbre quand des défenseurs des droits des animaux ont mis en exergue le sort réservé à Kaavan, un pachyderme obèse de 35 ans, qui était l’unique éléphant d’Asie du pays et vivait seul depuis la mort en 2012 de sa compagne Saheli. Les mauvais traitements dont il était victime ont débouché sur une campagne de mobilisation, soutenue par la célèbre chanteuse américaine Cher, qui a permis son transfert vers une réserve au Cambodge.
Dans son nouveau sanctuaire de 10.000 ha, Kaavan côtoie maintenant des dizaines d’autres éléphants, de quoi lui faire oublier les années passées au zoo d’Islamabad.
Les enclos de béton y étaient exigus et dénués de toute végétation naturelle. Plusieurs des animaux qu’il abritait y ont développé un comportement stéréotypé, comme le fait de balancer sa tête d’un côté sur l’autre pendant des heures.
Construit en 1978, le zoo était dans un état tellement calamiteux qu’un magistrat a ordonné en mai 2020 que tous les animaux en soient transférés. Mais même cet exercice s’est fini en tragédie. Deux lions sont morts quand le personnel a tenté de les faire sortir de leur enclos en mettant le feu à de la paille.
La rénovation du zoo est désormais sous la responsabilité du ministère du Changement climatique, qui a lancé un plan audacieux visant à le transformer en un centre de protection des animaux offrant de bien meilleures conditions d’accueil.
"Nous avons transféré temporairement quelque 380 animaux différents, dont des singes, nilgai (antilopes), zèbres et ours, dans différents sanctuaires au Pakistan et en dehors", a déclaré Waqar Zakriya, un responsable du Comité de gestion de la faune sauvage (IWMB) à Islamabad. "Ils seront tous ramenés ici, pour être gardés non en captivité mais en habitat naturel dans un parc national", a-t-il expliqué.
"Il a l’air très heureux"
Ce parc devrait abriter une installation pour soigner et rééduquer les animaux blessés, qui serait la première du genre au Pakistan. Cette initiative, soutenue notamment par Four Paws, l’ONG autrichienne qui a organisé le transfert de Kaavan, est "extraordinaire", a jugé Rab Nawaz, directeur pour le Pakistan du Fonds mondial pour la nature (World Wildlife Fund - WWF).
Un panneau d’informations près de la cage aux ours, au zoo d’Islamabad. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les mauvais traitements infligés aux animaux sont courants au Pakistan. Que ce soit dans les zoos ou de la part de riches particuliers, qui paradent sur les réseaux sociaux aux côtés d’animaux exotiques. Mais les attitudes commencent lentement à changer.
"Nous devons prendre meilleur soin des animaux en captivité", a estimé Anis ur-Rehman un expert pakistanais de la faune sauvage, en évoquant le cas similaire d’un éléphant maltraité dans un zoo de Karachi (Sud).
L’IWMB fait également pression sur le gouvernement pour qu’il renforce les lois ciblant les braconniers, qui font régulièrement le trafic d’oiseaux, singes et même ours noirs, selon Rina Saeed Khan, présidente de l’IWMB.
Le départ de Kaavan pour une terre plus hospitalière a tout de même causé un peu d’amertume à au moins une personne, son dernier dompteur au zoo, Imran Hussain. Celui-ci avait été engagé et spécialement formé l’an passé par l’IWMB quand le sort de Kaavan a commencé à alarmer l’opinion internationale, et il a rapidement noué un lien étroit avec le pachyderme.
"Je sens comme quelque chose qui se brise en moi quand je viens au zoo et vois sa cage vide, a-t-il raconté. Il avait l’habitude de m’accueillir chaque matin avec un barrissement bruyant et en soulevant sa trompe. Il me lançait de l’eau dessus pour exprimer son contentement, ou sa colère".
Il sait, pourtant que Kaavan est mieux là où il est désormais. "J’ai vu quelques images vidéo de Kaavan (...) Il a l’air très heureux. Je prie Dieu pour qu’il vive longtemps".
AFP/VNA/CVN