Le Vietnam, une destination de choix pour développer les technologies spatiales

Ce n’est pas par hasard que plusieurs grands pays, dont le Japon notamment, ont choisi le Vietnam pour coopérer dans les technologies spatiales. Un secteur qui bénéficie d’importants investissements publics. Entretien avec Pham Anh Tuân, directeur du Centre national des satellites.

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Le Centre spatial du Vietnam, dont le chantier a été lancé en 2012 au sein du technopôle de Hoà Lac (Hanoi), est un projet particulièrement important de la Stratégie de recherche et d’application des technologies spatiales pour 2020, et dont la mise en œuvre incombe au Centre national des satellites du Vietnam (Vietnam national satellite center, VNSC) de l’Institut des sciences et des technologies du Vietnam. Selon les prévisions, cet ouvrage ultramoderne en Asie du Sud-Est entrera en activité en 2020 avec pour mission de réaliser des satellisations. Pham Anh Tuân, directeur du VNSC, nous explique ce qu’est et ce que représente ce projet, ainsi que les perspectives qu’offrent les technologies spatiales au Vietnam.

Quelle est l’importance du Centre spatial du Vietnam, dont les travaux ont, justement, été accélérés pour respecter l’échéance de 2020 ?

Le Vietnam a décidé d’investir fortement dans les technologies spatiales, un secteur pour lui entièrement nouveau. Le gouvernement considère le projet de construction du Centre spatial du Vietnam comme la clé de l’application de sa Stratégie de développement des technologies spatiales pour 2020.

Nous disposons déjà d’une base, puisque nos ressources humaines dans ce secteur sont de près de 300 personnes disposant d’un bon niveau de formation. Nous avons bénéficié de transferts de technologies en matière de satellite de plusieurs pays développés, dont du Japon. Ces ressources nous permettront, dès nos premières années de fonctionnement, de fabriquer nos propres engins, puis, rapidement, pour d’autres pays.

Maquette du Centre spatial du Vietnam.

Que prépare le VNSC pour son activité, en tant que plus grand centre spatial d’Asie du Sud-Est ?

La problématique des ressources humaines s’impose, dans un secteur qui relève par essence de technologies de pointe, de sorte que la formation de personnel a été inclue dès la conception du projet. Nous avons actuellement 36 personnes qui suivent des formations post-universitaires au Japon dans les technologies spatiales, sans compter les cadres et experts qui ont été formés spécialement à la gestion et au fonctionnement d’un tel centre. Dans les années qui suivront, le VNSC enverra à l’étranger une centaine de cadres supplémentaires pour des formations dans les technologies des satellites et dans l’application des technologies spatiales, entre autres.

Sur le plan technique, les infrastructures du centre sont en phase de modernisation. Les appels d’offres seront lancés cette année pour un achèvement des dernières infrastructures en 2018, de sorte que le premier satellite entièrement vietnamien puisse être placé en orbite en mars 2019.

Où en sont les technologies spatiales au Vietnam, et quels sont les potentiels de développement de ce secteur ?

Par prudence, je dirais que le pays progresse lentement dans ce domaine bien que nous savons tous que dès les années 80, nous avons pu envoyer notre premier cosmonaute dans l’espace (1). En 2006, le gouvernement a approuvé la Stratégie de recherche et d’applications des technologies spatiales pour 2020, qui est le coup d’envoi réel de l’essor de ce secteur au Vietnam. De 2008 à 2012, le pays a fait de nouveaux progrès, plus rapidement qu’auparavant. Les satellites Vinasat 1 et Vinasat 2 ont été mis en orbite et, plus encore, en 2013, le microsatellite de conception entièrement vietnamienne, le PicoDragon, a été lancé.

En Asie du Sud-Est, je peux vous affirmer que le Vietnam est l’un des très rares pays où l’État consacre d’importants investissements aux technologies spatiales. Durant nos séances de travail avec les États-Unis, le Japon, la France et plusieurs autres pays européens, les potentiels énormes du Vietnam dans ce secteur ont été identifiés et reconnus, ce qui explique leur choix du Vietnam en tant que l’un de leurs grands partenaires en Asie du Sud-Est.

Le 19 septembre 2012, les travaux du VNSC ont été lancés dans le complexe des hautes technologies de Hòa Lac.

Comment qualifieriez-vous les réalisations du VNSC ?

En seulement trois années d’activité, je dirais que nous sommes abouti à de premiers résultats remarquables. Nous sommes forts d’un effectif de 120 personnes, qui sera porté à 150 l’année prochaine, puis à 300 d’ici à 2020. Le VNSC a créé un centre de formation à Hanoi, hors nos locaux de Hoà Lac, et nous programmons également la construction d’un centre d’application des technologies spatiales à Hoà Lac et à Nha Trang, dans la province de Khanh Hoà (Centre).

Toujours en matière de développement et de formation de personnel, ces dernières années, le VNSC a travaillé étroitement avec ses partenaires japonais pour réaliser à partir de 2018 plusieurs ouvrages financés par des aides publiques au développement de ce pays. Ces tâches sont très importantes pour le futur du Centre spatial du Vietnam.


Linh Thao/CVN

Note : (1) : Le 23 juillet 1980, les cosmonautes vietnamien Pham Tuân et russe Viktor Vasilievich Gorbatko ont fait un séjour dans l’espace sur Soyouz 37. Pham Tuân était le premier Vietnamien, et même le premier Asiatique, à aller dans l’espace, ndlr).

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