2016, année des défis pour la grande distribution

Les entreprises domestiques du secteur de la vente au détail devront se préparer soigneusement à une nouvelle concurrence avec l’arrivée de nombreux distributeurs étrangers, selon Vu Kim Hanh, directrice du Centre de recherche et d’assistance aux entreprises.

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Les accords de libre-échange convenus par le Vietnam ont entraîné la libéralisation du commerce de gros et de détail, ainsi que l’ouverture de son marché de la grande distribution. Cette année verra l’entrée en vigueur de nouveaux accords qui auront une incidence directe sur le secteur de la grande distribution au Vietnam. En effet, si des géants mondiaux de ce secteur, dotés de potentiels énormes et d’un professionnalisme élevé, sont déjà présents au Vietnam, il faut prévoir que d’autres vont arriver, et en plus grand nombre. Les opérations d’acquisitions, qui sont de plus en plus fréquentes, vont s’accélérer dans le cadre d’une réorganisation de facto du secteur en son entier. En d’autres termes, et au-delà de la problématique d’une concurrence directe, les entreprises vietnamiennes pourraient bien tomber dans les mains d’investisseurs étrangers. La directrice du Centre de recherche et d’assistance aux entreprises Vu Kim Hanh est revenue sur ces enjeux lors d’un entretien avec la presse.

D’après vous, 2016 sera-t-elle l’année du secteur de la distribution ?

Oui, c’est bien son année, et c’est le secteur qui intéresse le plus les investisseurs. La vente au détail devrait connaître de fortes fluctuations. Je vous donne quelques éléments. Dans de nombreux cas d’opérations d’acquisition, l’acquéreur étranger ne s’intéresse en fait qu’aux chaînes de distribution des compagnies vietnamiennes. La société thaïlandaise Singha vient d’investir un milliard de dollars dans le groupe vietnamien Masan. Il est impossible de savoir aujourd’hui dans quelle mesure les produits Masan pénétreront le marché aséanien, mais une chose sûre, les produits thaïlandais seront plus présents au Vietnam. Et les Thaïlandais, en particulier, s’intéressent aux réseaux des distributeurs au Vietnam.

Plusieurs groupes étrangers s’intéressent à l’agriculture vietnamienne. Quelles en sont les perspectives ?

La volonté des compagnies étrangères d’investir dans ce secteur s’explique par l’importante demande des consommateurs vietnamiens de disposer de produits garantis sur le plan de l’hygiène et de la sécurité alimentaire. D’où leur intérêt à chercher des fournisseurs stables et qui fonctionnent de manière réglementée, voire de se diriger vers une réelle intégration, au sens de la distribution.

Toutefois, cela implique une réorganisation de la production agricole, un renouvellement des techniques et un changement et sinon de l’esprit, au moins de pratiques. En ce sens, la formation d’une agriculture structurée et moderne en relation avec la grande distribution risque d’être une longue histoire. La question qui se pose est de savoir si ces investisseurs iront jusqu’au bout de leurs projets ou abandonneront à mi-chemin. J’espère qu’ils auront suffisamment de patience, car l’agriculture vietnamienne a besoin d’un fort soutien pour se renouveler.

Dans le supermarché Co.opmart à Hô Chi Minh-Ville.
Photo : Thanh Vu/VNA/CVN

Pensez-vous qu’une stratégie nationale soit nécessaire au secteur de la distribution pour faire face à un prochain regain de concurrence ?

Oui, c’est une nécessité. Si le gouvernement ne définit pas une stratégie de concurrence, ne crée pas un environnement d’affaires et ne prend pas de politiques favorables aux entreprises, les distributeurs vietnamiens risquent de perdre le jeu.

L’entrée en vigueur d’accords de libre-échange de nouvelle génération implique-t-elle un comportement particulier de nos entreprises ?

Oui, se préparer. Or, je trouve que les entreprises ne se préparent pas réellement afin d’être prêtes à la nouvelle conjoncture. Bon nombre d’entre elles n’ont toujours pas compris le concept de marque de commerce et sa valeur. Nous nous occupons trop de ce qui est visible, des biens matériels - terrain, machines, équipements, ateliers, alors que ceux immatériels ont souvent une valeur considérablement supérieure, et pas seulement sur le plan financier. Nos futurs adversaires étrangers commencent déjà à nous concurrencer par le seul prestige de leur marque, sans parler de tout ce qu’il y a derrière : dessins et modèles industriels, brevets, marketing.

Que pensez-vous des préparatifs des entreprises vietnamiennes ?

Demeurant ce qui précède pour la grande distribution, j’observe que bon nombre de grandes entreprises du secteur de la transformation agricole étudient en détail les chaînes de valeur mondiales, les normes de sécurité alimentaire et de nutrition. Elles s’équipent en conséquence de tout le nécessaire pour répondre à ces nouvelles conditions d’activité. Des grandes entreprises, qui entretiennent des relations depuis longtemps avec des partenaires étrangers, ont leur propre voie, plus aisée que les autres d’une certaine façon.

Ce que je regrette, en revanche, c’est que leur expérience ne soit pas partagée extensivement avec les entreprises plus petites, faute de relations étroites entre elles. S’engager plus ou moins complètement dans les chaînes mondiales de production et de valeur est une bonne chose pour les entreprises vietnamiennes, à l’évidence. Mais dans ce processus, elles doivent chercher d’elles-mêmes à se distinguer par leurs produits et leurs services pour faire face à la concurrence.

Trân Tuân-Linh Thao/CVN

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