>>Le delta du Mékong appelé à faire de ses défis des opportunités
>>Plan de mise en œuvre de l'Accord de Paris sur le changement climatique
Lors de la saison sèche 2014-2015, la baisse de la pluviosité a eu pour conséquence une grave pénurie en eau douce dans le delta du Mékong. |
Photo : Nguyên Lam/ VNA/CVN |
«Le Vietnam figure parmi les cinq pays les plus affectés par le dérèglement climatique, devenu péril mondial. Chaque année, en moyenne, le pays subit 1,9 milliard de dollars de pertes dues aux catastrophes naturelles, soit 1,3% du PIB national». Des propos alarmants prononcés par le vice-Premier ministre Trinh Dinh Dung, vice-président du Comité national sur les changements climatiques, lors d’une récente conférence sur l’adaptation au péril climatique organisée à Hanoï.
Des risques majeurs
Les changements climatiques sont une réalité au Vietnam. Les tempêtes, les inondations et les épisodes de sécheresse sont de plus en plus intenses, faisant payer un lourd tribut à l’économie du pays. Selon les statistiques les plus récentes, en moyenne, de six à huit typhons, tempêtes et dépressions tropicales frappent chaque année le pays avec notamment des typhons de grande intensité à la trajectoire souvent floue dans le Centre et le Nord. Viennent se greffer à cela sécheresse, canicule et inondations, des phénomènes certes «habituels» mais qui semblent là aussi gagner en intensité.
En hiver 2015, le pays a été soumis a une météo capricieuse avec des vagues de froid inédites dans le Nord, notamment dans les provinces montagneuses. Cette année, après une sécheresse prolongée accentuée par le phénomène El Nino, les provinces du Centre ont subi en octobre dernier des pluies diluviennes qui se sont abattues sur presque toutes les provinces de la région, causant de lourdes pertes en vies humaines et matérielles.
Le delta du Mékong enfin, qui couvre environ 40.000 km² et abrite plus de 18 millions d’habitants, représente à lui seul près d’un cinquième des exportations nationales de riz. Cependant, il est touché par les impacts «doublés» du dérèglement du climat, avec l’élévation du niveau de la mer conjuguée à la pénurie d’eau douce. Jamais les remontées d’eau salée via les cours d’eau n’avaient été aussi fortes que cette année, causant de gros dégâts pour la riziculture. La salinisation des terres arables a affecté 800.000 ha de rizières, soit 40% du 1,7 million d’hectares de terres agricoles de la région.
Mi-octobre, les provinces du Centre ont subi des pluies torrentielles qui ont inondé des milliers d’hectares de cultures et isolé de nombreuses zones rurales. |
Photo : Tuân Anh/VNA/CVN |
Selon le ministère de l’Agriculture et du Développement rural, le phénomène atteint une ampleur préoccupante au Vietnam, avec des dégâts majeurs sur l’économie nationale et la production agricole notamment. En 2016, pour la première fois depuis des années, le secteur agricole a observé une croissance négative (-0,18%). Le volume du paddy de la campagne d’hiver-printemps a baissé de 1,34 million de tonnes.
Et les prévisions ne sont pas bonnes. D’ici à la fin du XXIe siècle, les températures moyennes au Vietnam devraient augmenter de 2oC à 3oC. En particulier, le niveau des mers, qui devrait s’élever d’un mètre, pourrait entraîner une submersion de 40% du delta, et de 11% de celui du fleuve Rouge. De 10% à 12% de la population nationale serait touchée par la montée du niveau des mers, et les dégâts représenteraient 10% du PIB national. Sans parler de l’érosion.
Le temps est à l’action
Le Vietnam est bien conscient des conséquences du péril climatique et a exprimé au niveau international sa détermination à contrecarrer ce phénomène. «Le pays a fait part d’engagements forts aux côtés de la communauté internationale pour lutter et s’adapter à la nouvelle donne», a affirmé le vice-Premier ministre Trinh Dinh Dung. En effet, lors de la 21e Conférence des parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP21) tenue en décembre 2015 à Paris, le Vietnam a affirmé qu’en dépit de son statut de pays en voie de développement lourdement touché par les impacts du dérèglement du climat, il s’engageait à diminuer de 8% ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. Cette réduction pourrait se monter à 25% avec le soutien efficace de la communauté internationale.
«Le Vietnam continue de déployer programmes et projets d’adaptation au dérèglement climatique dans le cadre de sa Stratégie nationale sur les changements climatiques. L’objectif est d’accroître la résilience et de protéger sa population», a souligné le vice-Premier ministre. Immédiatement après la clôture de la COP21, le gouvernement vietnamien a demandé au ministère des Ressources naturelles et de l’Environnement de collaborer avec les ministères concernés pour lancer un plan d’action visant à honorer les engagements qu’il a faits dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat.
Et cette année, le Vietnam sera présent à la COP22 qui a lieu du 7 au 18 novembre à Marrakech, au Maroc, pour continuer d’exprimer sa volonté et sa détermination de tenir ses engagements avec la communauté internationale dans ce qui est l’un des plus grands défis de l’Humanité.
Linh Thao/CVN