Le retour controversé du chinois et du russe à l’école

Le Comité de gestion du projet 2020 sur l’enseignement et l’apprentissage des langues étrangères envisage d’élaborer un programme sur l’enseignement du russe et du chinois sur 10 ans, dès la rentrée prochaine. Mais l’idée ne fait l’unanimité.

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Classe d’anglais avec un enseignant étranger dans une école primaire de la province de Dông Nai (Sud).

Selon un représentant du projet, le russe ou le chinois sont enseignés actuellement dans quelques établissements comme premières langues vivantes pour les élèves de la 6e à 12e classe. Afin d’assurer une harmonie dans le cursus, le Comité de gestion du projet 2020 a soumis au ministre un plan d’apprentissage de ces deux langues sur dix ans, à l’image de l’anglais qui est enseigné de la 3e jusqu’à la 12e classe. Une fois approuvé, le Comité de gestion du projet 2020 va, en coopération avec les universités et experts, élaborer le programme qui sera appliqué à titre expérimental à partir de l’année scolaire 2017-2018.

Des inquiétudes d’experts

D’intenses discussions ont émergé suite à cette proposition. Selon les experts, les élèves vietnamiens devraient plutôt se concentrer sur l’apprentissage d’une seule langue pratiquée partout dans le monde en lieu et place de plusieurs langues à la fois. Il est possible d’en apprendre plusieurs, mais les occasions sont très rares de pouvoir les pratiquer couramment au Vietnam.

«Pour l’intégration internationale, les Vietnamiens doivent se concentrer sur une langue étrangère, et c’est l’anglais, a déclaré le Professeur et l’«Enseignant du Peuple» Nguyên Vo Ky Anh, directeur de l’Institut d’études sur l’éducation et le développement des potentialités humaines. L’apprentissage des autres langues dépend de la demande, de la capacité des apprenants et des orientations des familles».

Il rappelle qu’entre les années soixante et soixante-dix, le Vietnam considérait le russe et le chinois comme des langues vivantes obligatoires. Il fallait les apprendre pour espérer poursuivre les études dans ces pays. Mais depuis, elles ne sont plus considérées comme premières langues vivantes. «Le russe et le chinois ne sont pas des langues générales, et elles ne représentent pas en soit une langue internationale. C’est pourquoi, il ne faut pas les intégrer comme les premières langues», estime M. Anh.

En outre, les experts signalent encore que l’anglais est enseigné au Vietnam depuis plus de 20 ans, mais que la qualité des professeurs et du matériel pédagogique reste inadéquate.

Selon le ministère de l’Éducation et de la Formation, près de 90% des élèves ont obtenu des notes inférieures à 5/10 en anglais lors du dernier examen national de fin d’études secondaires. De plus, de nombreux diplômés n’arrivent pas à pratiquer l’anglais dans la vie réelle et au travail. Il est devenu donc prioritaire d’investir dans l’amélioration de la qualité de l’enseignement que dans l’ajout de d’autres langues.

Même son de cloche chez les parents. Beaucoup se soucient de la qualité des études de leurs progénitures. Huy Hà, domiciliée à Hanoï, estime qu’en réalité, l’enseignement et l’apprentissage de l’anglais ne sont pas efficaces. Même après 10 ans d’étude, les élèves montrent toujours autant de difficultés à communiquer avec les étrangers. Ajouter de nouvelles langues compliquerait encore la situation.


«J’ai étudié le chinois, mais maintenant j’utilise essentiellement l’anglais,
témoigne Nguyên Ngoc, interprète vietnamien-chinois. Les Chinois doivent même étudier l’anglais pour écrire les logiciels. C’est pourquoi, il est plus que nécessaire d’investir dans l’anglais pour les jeunes générations».

Nécessité de sonder les élèves

Beaucoup de parents se soucient de la qualité des études de leurs progénitures.

Le Professeur Nguyên Quôc Hùng, ancien vice-directeur de l’Université des langues et des études internationales de Hanoï, a suggéré de réaliser des enquêtes sur les envies des élèves avant de prendre des décisions aussi officielles.

«La chose la plus importante est de ne pas rendre obligatoire certaines langues, mais de les laisser choisir. Chaque étudiant doit se décider pour une seule langue étrangère, celle qu’ils aiment et en accord avec leurs orientations», explique-t-il.

De son côté, la Professeur et enseignante du «Peuple» Mme Trinh Thi Kim Ngoc s’est exprimée favorablement à la proposition, en disant que l’apprentissage de la langue et de la culture chinoise et russe est un avantage si ont veut évoluer sur l’échiquier international.

«L’anglais est prédominant dans les négociations internationales, mais nous ne pouvons ignorer l’immense culture de la Russie», dit-elle. En réponse aux controverses, le ministre de l’Éducation et de la Formation, Phùng Xuân Nha, conseille aux parents et aux élèves de ne pas se préoccuper des nombreuses langues étrangères enseignées à l’école. Selon lui, l’enseignement du chinois et du russe n’est pas nouveau et il est appliqué entre la 6e à la 12e classe dans plusieurs écoles générales. En outre, il souligne que ces deux langues font parties des cinq choisies pour l’examen national de fin d’études secondaires.

Il a souligné la nécessité de revoir la qualité des enseignants et du programme pour fournir du matériel pédagogique uniformisé à l’échelle nationale, tout en renforçant la supervision sur la qualité d’apprentissage pour répondre aux normes.

«Nous ne devons pas seulement nous concentrer sur l’anglais, mais aussi prêter attention aux demandes des localités. Outre la priorité réservée à l’anglais, nous avons besoin de développer d’autres langues étrangères», dit Phùng Xuân Nha.


Huong Linh/CVN

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