Le triple mariage chez les Khùa

Chez les Khùa, une ethnie minoritaire du Centre du Vietnam, le mariage n’est pas une mince affaire. Il faut en effet trois cérémonies pour officialiser l’union, espacées parfois de... dix ans.

Chez les Khùa (autres noms : Bru, Vân Kiêu, Mang Cong), un couple se doit d’organiser trois cérémonies de noce. La première officialise la vie sous le même toit de la femme et l’homme. Après un certain temps (des années !), le couple organise deux autres cérémonies. Et ce n’est qu’à ce moment que le couple est considéré comme marié.

Le rituel Bat dâu, première cérémonie de noce chez les Khùa.

Y Leng, commune de Dân Hoa, district de Minh Hoa, province de Quang Binh, est un beau village traditionnel aux maisons sur pilotis. Ses habitants, tous d’ethnie Khùa, vouent un attachement particulier à la vie conjugale, qui se doit d’être parfaite, sans heurts, comme un long fleuve tranquille. Hô Thoong, 62 ans, a traversé les trois cérémonies de noce. Lui et sa femme vivent ensemble depuis plus de 40 ans et ont toujours beaucoup d’affection l’un pour l’autre.

Attachement conjugal

Comme Hô Thoong, tous les couples du village d’Y Leng ont suivi l’incontournable mariage à trois étapes. Attention, quiconque serait tenté de «faire plus court» recevrait les remontrances de la communauté.

La triple cérémonie de noce est une des particularités culturelles dont tous les villageois sont fiers, et donc pas question de passer outre. On la considère comme l’occasion de resserrer les liens conjugaux à des intervalles réguliers! Pas un départ à zéro, mais presque.

Chez les Khùa, le bonheur conjugal n’est pas un vain mot.

Le Bat dâu est la première des cérémonies. La nuit précédente, le marié accompagné de ses proches se rend chez la famille de la mariée à la lueur de torches. Les vieux Khùa considèrent que l’objectif est d’exprimer la sincérité de la famille du marié, son souhait d’une vie conjugale parfaite. Puis le marié et ses proches entrent dans le logis de la famille de la mariée, allument de petits feux autour d’elle, boivent jusqu’à plus soif du ruou cân (alcool de riz siroté une tige de bambou creuse) et discutent jusqu’à l’aube! Au début de la journée, le Bat dâu débute. Deux femmes proches du marié pénètrent dans la maison de la mariée. Trente minutes après, celle-ci sort et agite les mains en signe d’approbation. Sa dot se compose d’un bracelet et d’un collier en argent, d’une tenue fabriquée par sa mère.

Trois cérémonies pour le prix d’une

Chez les Khùa, le bonheur conjugal n’est pas un vain mot.

«Dans mon village, les jeunes filles et hommes sont libres de se choisir. Il n’y a pas de mariage forcé. Une fois que les deux familles ont accepté l’union, la première cérémonie de noces est organisée. Les présents, préparés par la famille du marié, comprennent quatre bols de riz, deux bijoux, quatre coqs, un cochon. Le couple commence alors sa période de vie en commun. Dix ans plus tard, la famille du marié rencontre de nouveau celle de la mariée, qui reçoit deux cochons et 24 coqs comme cadeaux de mariage. À l’occasion de cette seconde cérémonie, les voisins sont invités. Enfin, la 3e cérémonie a lieu cinq à sept ans plus tard. Les présents sont un cochon, un buffle et six coqs. Les invités sont les membres et proches de la famille de la mariée, ses voisins», explique M. Thoong.

Un homme Khùa est reconnu marié qu’après avoir traversé ces trois cérémonies. Lui et sa femme sont alors considérés comme un couple au vrai sens du terme. Si la femme décède avant l’homme, notamment avant la 3e cérémonie, de nombreuses familles du marié décident néanmoins de l’organiser. Cela signifie que l’homme est toujours attaché à sa femme, au-delà la mort. L’organisation de cet évènement n’est pas un fardeau pour l’homme.

Hô Cui, 55 ans, est le patriarche du village : «La triple cérémonie de mariage existe depuis des générations chez les Khùa». Ce qui ne veut pas dire qu’elle n’évolue pas. D’après Hô Thoong, «certaines familles en situation de précarité ont du mal à assurer toutes ces festivités en raison de dépenses importantes, aussi les procédures sont-elles parfois allégées. Personne n’y trouve rien à redire, le principal étant de sceller une union».

Quê Anh/CVN

 

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