Le tourisme vietnamien dans l'actuelle conjoncture de récession mondiale

Invité par le Pôle universitaire français (PUF) de Hanoi, le professeur François Vellas se rend pour la première fois au Vietnam afin d'organiser, du 20 au 27 avril à l'Université nationale de Hanoi, un cours de séminaires spécialisés sur l'économie du tourisme international à destination des étudiants vietnamiens du Master MADO (Master en management des organisations). À cette occasion, il a donné au Courrier du Vietnam sa vision du tourisme national dans l'actuelle conjoncture de récession mondiale.

François Vellas conduit de nombreux programmes de coopération touristiques internationaux en Asie, dans le cadre de la collaboration entre le Groupe Développement Tourisme, l'OMT (Organisation mondiale du tourisme) et l'UNESCAP (Commission économique et sociale pour l'Asie et le Pacifique des Nations unies). Lors de son premier voyage dans le pays, le professeur français se déclare "particulièrement impressionné" par les "dotations factorielles" du Vietnam. Il s'agit des ressources naturelles, culturelles, historiques et "surtout humaines, qui sont abondantes au Vietnam", explique-t-il. Et de souligner la nécessité de les réunir pour développer l'investissement productif. "Doté de nombreuses ressources, le tourisme vietnamien pourrait être beaucoup plus avancé s'il arrivait à les rassembler pour développer toutes les infrastructures d'accueil comme hébergements, sites touristiques aménagés...", estime-t-il.

L'OMT a recensé environ 924 millions d'arrivées touristiques internationales en 2008, dont 4,2 millions au Vietnam. Aux yeux de M. Vellas, le pays occupe une "petite place" au niveau mondial, mais connaît une "très forte progression" par rapport à 1990 avec seulement 250.000 arrivées internationales.

En Asie, le Vietnam se trouve dans une "situation intermédiaire", selon lui, dans une région qui connaît beaucoup de succès. Citons le Cambodge (1,9 million d'arrivées touristiques internationales), l'Indonésie (5 millions), la Corée du Sud (6,4), la Thaïlande (14,5), la Malaisie (20,9) (données statistiques de l'OMT en 2007 - NDLR).

De plus, d'après le professeur, la question des recettes touristiques est très importante. Celles du Vietnam se sont élevées à 3,5 milliards de dollars en 2007, soit plus que le Cambodge (1,2 milliard), proche de l'Indonésie (5,3), mais encore loin de la Thaïlande (15,6).

Enjeux face à la crise pour le Vietnam

L'OMT prévoit que la crise pourrait toucher le tourisme dans le monde, mais moins que les autres secteurs d'activités. Pourtant, le Vietnam a déjà connu une baisse de 16% de ses arrivées en mars 2009 par rapport à mars 2008. "Ce qui est très préoccupant pour la rentabilité des entreprises et pour les investissements", juge François Vellas.

L'OMT prévoit cependant que malgré la crise, le nombre total de touristes internationaux devrait progresser jusqu'à 1.560 millions d'arrivées (contre 924 millions en 2008), soit environ 600 millions de plus. Donc, "il s'agit d'une augmentation significative dont le Vietnam pourrait profiter", indique-t-il.

Face à cette situation, le professeur français soulève 6 impératifs pour le secteur touristique national.

Primo, l'importance du tourisme durable et de l'écotourisme pour les PME (petites et moyennes entreprises) et TPE (très petites entreprises). "Il leur faudrait des programmes d'indicateurs environnementaux, sociaux et culturels pour être plus compétitives", insiste-t-il.

Secundo, les investissements. Puisque la durée du taux de retour dans le tourisme est plus longue que dans certains autres secteurs, il est nécessaire d'apporter un "soutien financier" aux investisseurs qui subissent la baisse de fréquentation pour ne pas les décourager, constate-t-il.

Tertio, la qualité. Les qualifications et formations spécialisées professionnelles doivent être prises en considération pour améliorer le niveau de la qualité.

Quarto, la création de nouveaux produits touristiques comme tourisme de santé, tourisme de troisième âge... Il y a actuellement beaucoup de concurrence dans le secteur touristique, il faut alors "innover avec des produits originaux" en vue de "se différencier" et ainsi attirer davantage de voyageurs, suggère-t-il.

Quinto, le transport aérien. Il importe d'attirer de nouvelles compagnies aériennes et accroître les fréquences pour Vietnam Airlines et Air France, car "il y a actuellement seulement 3 avions d'Air France par semaine pour Hanoi", note-t-il.

Enfin, pour François Vellas, l'objectif de 15 millions de touristes en 2020 comme en Thaïlande est "possible" pour le Vietnam avec la diversification du tourisme urbain, du tourisme balnéaire, du tourisme de circuits culturels et de découverte pour devenir un nouvelle place forte du tourisme mondial.

Profil de François Vellas

- Professeur d'économie du tourisme international à l'Université des sciences sociales de Toulouse (France).

- Directeur du Groupe Développement Tourisme.

- Expert en tourisme et transport aérien auprès de l'Organisation mondiale du tourisme (OMT), de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) et de l'Union européenne (UE).

- Auteur de l'ouvrage Économie et Politique du Tourisme international.

Hông Nga/CVN

(24/04/2009)

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