La rue Lê Công Kiêu, à Hô Chi Minh-Ville, n'abrite que des magasins d'antiquités, garnis de statues en pierre et en bois, d'objets en cuivre et de poteries artisanales. Des articles tout petits tels que vases, monnaies, colliers de perles… jusqu'à de grands objets comme ventilateurs de plafond, meubles. De vieux vases en céramique fêlée. Des vaisselles collées par les coquillages marins provenant de navires naufragés. Des cruches ébréchées contenant de vieilles monnaies remontant à plusieurs siècles…
Le prix n'est pas affiché sur les marchandises. Plusieurs antiquaires sont des collectionneurs professionnels, se montrant fiers par conséquent en donnant un prix unique qui n'est pas susceptible de la moindre négociation...
Et si marchandage il y a, il se fait très rapidement car ce sont tous des connaisseurs. Selon Hà Van Ðính, propriétaire d'une boutique de cette rue, l'expérience dans la recherche et le commerce des antiquités est transmise de père en fils. Chaque famille a ses propres secrets pour déterminer l'âge et la valeur réelle des artefacts. "Ce métier demande beaucoup de déplacement du Nord au Sud du pays pour trouver des objets anciens", confie-t-il.
Beaucoup de propriétaires de magasins d'antiquités ici, originaires du Nord, sont venus habiter au Sud. Nguyên T.L., l'un d'entre eux, reconnaît que les objets exposés dans les boutiques ne sont souvent que de "médiocres" produits, les articles originaux étant "cachés" et réservés exclusivement aux clients fidèles. "Le monde des antiquaires a ses propres règles. Certains objets sont réservés aux habitués, et non pas au premier venu", explique-t-il.
Le propriétaire de chaque magasin a son propre réseau pour dénicher les antiquités dans les différentes provinces et villes du pays. Les correspondants de ces antiquaires, des commerçants, les appellent immédiatement dès qu'ils ont trouvé quelque chose d'intéressant. Des produits céramiques de An Giang, Biên Hoà et Lái Thiêu aux antiquités des îlots Chàm ou de Cà Mau.... Tous sont attendus et bienvenus.
Les collectionneurs préfèrent actuellement les objets en bois aux poteries. Les grands commerçants qui aiment s'attacher aux choses du passé cherchent souvent à acheter des meubles anciens, en ébène, palissandre, bois de rose… finement sculptés, dont la pièce vaut au moins un peu plus de 10 millions de dôngs.
Ici, il y a un "club des collectionneurs de rue". Chaque matin, ses membres se réunissent sur le trottoir de la rue Lê Công Kiêu pour discuter des objets anciens et du marché des antiquités tout en buvant un café. Parmi eux, figurent des chercheurs connus comme de jeunes collectionneurs. Et les connaisseurs initient les inexpérimentés.
Ce trottoir peut être considéré comme une classe pour débutants. Ils cherchent à lire des livres du numismate Vuong Hông Sên comme des ouvrages de Chine afin d'approfondir leurs connaissances et d'améliorer leurs capacités d'expertise des biens anciens.
Il est sûr que nulle part ailleurs les informations sur les antiquités ne circulent aussi vite que dans cette rue. Les collectionneurs "de rue" ont par conséquent de nombreux d'objets, la plupart acquis en ce lieu même. Une rue célèbre qui attire non seulement les collectionneurs d'antiquités de Hô Chi Minh-Ville comme ceux du Nord du pays, mais aussi des antiquaires du Cambodge, de Thaïlande, de Malaisie, de Chine...
En se promenant dans cette rue, les passagers ont l'impression de revivre en un passé lointain, entourés de tous ses objets anciens, mystérieux, revêtus de la patine du temps.
Thuy Quynh/CVN