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Tadej Pogacar vêtu du maillot jaune mène le peloton au cours de la 9e étape du Tour de France, le 4 juillet entre Cluses et Tignes. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Une course spectaculaire et massacrante
Le Tour 2021 est-il plus dur que ses prédécesseurs ? "Ce sont les scénarios de course et l'environnement qui l'ont particulièrement durci", observe Jean-Baptiste Quiclet, le directeur de la performance de l'équipe AG2R Citroën, à l'écoute de ses coureurs. "Mais j'ai le souvenir que 2016 a été plus dur."
Deux facteurs, explique-t-il, contribuent à ce degré d'intensité qui a ravi le public et les observateurs. "De gros outsiders ont bougé très tôt dans la course et les équipes les plus structurées (Ineos, Jumbo) ont été moins fortes. Tout le monde, du coup, veut renverser la table et ramasser la mise."
La météo, généralement peu favorable lors de la préparation et durant la première semaine de course, a aggravé la fatigue des organismes. Il suffit de voir les visages marqués à l'arrivée à Tignes et le nombre élevé de retraits (19 déjà contre 10 l'an passé et 5 en 2019), ainsi que les écarts très importants au classement. Le 14e pointe à plus de... 20 minutes !
"Il y a tellement de grands noms qui sont déjà hors cadre au classement qu'on risque de se retrouver dès maintenant avec les scénarios habituels de la troisième semaine", prévoit le responsable de l'équipe française. Soit deux courses en une, avec de grandes échappées de coureurs déjà distancés au classement.
Un seul favori
"Tadej mérite du crédit. Il a été très clairement le plus fort sur la première semaine du Tour. Il évolue à un autre niveau" : l'hommage à Pogacar est signé Dave Brailsford, le patron de l'équipe Ineos qui a dominé la décennie précédente, au départ de la seconde étape alpestre.
L'Équatorien Richard Carapaz franchit la ligne de la 9e étape du Tour de France, le 4 juillet à Tignes. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Mais, ajoute aussitôt Brailsford venu sur le Tour avec quatre pointes réduites désormais au seul Richard Carapaz, "beaucoup de choses peuvent encore se passer". Dans les douze étapes qui mènent aux Champs-Élysées le 18 juillet, restent encore à franchir la plupart des cols de cette 108e édition, entre autres l'inclassable Mont Ventoux (mercredi 7 juillet) à la noire légende. Lors de la dernière venue de l'épreuve sur les pentes du Mont Chauve, à jamais marqué par la mort de Tom Simpson en 1967, Chris Froome, cavalant à pied, avait bien failli perdre le Tour 2016.
Quel adversaire peut inquiéter le Slovène ? Son suivant, Ben O'Connor, occupe la deuxième place à 2 min 01 sec. Mais l'Australien, en position pour viser un top 10 à Paris, s'attend à rétrograder au classement. Dès lors, le premier rival pour le maillot jaune pointe au-delà des 5 minutes (Rigoberto Uran).
L'enjeu du podium
Outre Uran, déjà deuxième en 2017, le Danois Jonas Vingegaard, seul rescapé pour le classement général de la puissante équipe Jumbo (démontée par les chutes), l'Espagnol Enric Mas et bien sûr l'Equatorien Richard Carapaz, voire le Néerlandais Wilco Kelderman, s'imposent comme les principaux prétendants.
Côté français, la marche du podium risque fort d'être trop haute encore pour David Gaudu, qui a décroché dans les quatre derniers kilomètres sans sortir pour autant du jeu (10e). D'autant que le Breton de l'équipe Groupama-FDJ s'avoue davantage tourné vers les succès d'étape tout comme Guillaume Martin pour Cofidis (9e et premier Français).
En attendant, les sprinteurs lorgnent vers la prochaine étape, mardi 6 juillet à Valence, où Mark Cavendish fait figure de favori. À moins que Sonny Colbrelli, le sprinteur qui fait mieux que les grimpeurs en haute montagne, poursuive sur sa lancée.
"J'étais en état de grâce", a cru bon de commenter le champion d'Italie après sa troisième place dimanche 4 juillet à Tignes. Pour Colbrelli, représentant de l'équipe Bahrain décidément euphorique, cet "état de grâce" dure depuis plus d'un mois (quatre fois dans les deux premiers d'étapes au Dauphiné, victoire au championnat d'Italie).