Le ton monte entre États-Unis et Pakistan après la mort de Ben Laden

Le Pakistan a dénoncé le 3 mai le raid américain engagé sur son sol pour éliminer Oussama ben Laden, deux jours après la mort du chef d'Al-Qaïda, tandis que les États-Unis avouaient avoir tenu leur allié à l'écart de l'opération par crainte qu'il ne donne l'alerte.

"Le Pakistan exprime sa vive préoccupation et ses réserves sur la manière dont le gouvernement américain a mené à bien cette opération sans information ni autorisation préalables du gouvernement pakistanais", a fait savoir le ministère des Affaires étrangères pakistanais.

De telles "actions unilatérales non autorisées" ne doivent pas devenir la règle", y compris pour les États-Unis, a martelé la diplomatie pakistanaise, estimant que de tels raids "minent la coopération et représentent parfois aussi une menace pour la paix et la sécurité internationales".

L'élimination du chef d'Al-Qaïda tend des relations déjà difficiles entre les deux alliés.

Les États-Unis n'ont pas informé le Pakistan de l'opération contre Ben Laden car ce pays "aurait pu alerter" le chef d'Al-Qaïda de l'imminence du raid, a déclaré le directeur de la CIA, Leon Panetta, dans un entretien au magazine Time.

"Nous avons décidé qu'une collaboration avec les Pakistanais risquait de mettre en péril la mission", a affirmé le patron de l'agence de renseignement responsable de la longue traque de l'instigateur des attentats du 11-Septembre.

Le Pakistan est soupçonné de double-jeu dans la lutte antiterroriste. Des accusations renforcées par le fait que Ben Laden a été localisé, après des mois de traque, à Abbottabad, une ville de garnison située à 80 km à peine d'Islamabad.

Londres a "des questions" à poser au Pakistan après la mort de Ben Laden, a déclaré le Premier ministre britannique David Cameron. "Le fait que Ben Laden ait vécu dans une grande maison dans un quartier résidentiel montre qu'il devait avoir un réseau de soutien au Pakistan".

Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a jugé que la position du Pakistan manquait "de clarté", soulignant avoir "un peu de mal à imaginer que la présence d'une personne comme Ben Laden (...) ait pu passer complètement inaperçue".

Le président pakistanais Asif Ali Zardari a rejeté ces soupçons dans une tribune publiée par le Washington Post, affirmant que l'élimination de Ben Laden était le résultat "d'une décennie de coopération et de partenariat entre les États-Unis et le Pakistan".

Washington semblait vouloir éviter une dégradation des relations avec Islamabad.

"Nous travaillons très dur à ces relations, ce sont des relations importantes et compliquées", a déclaré le porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney.

L'aide au Pakistan "est à la fois dans l'intérêt à long terme du Pakistan et dans l'intérêt national de la sécurité des États-Unis", a insisté le porte-parole du département d'État, Mark Toner.

Plus de vingt-quatre heures après la mort de "Geronimo", nom de code d'Oussama ben Laden lors du raid américain, les détails sur l'opération de 40 minutes continuaient à filtrer.

Ben Laden n'était pas armé lorsqu'il a été tué, a affirmé le porte-parole de la Maison Blanche.

Pendant l'attaque, "il existait une inquiétude sur le fait que Ben Laden s'opposerait à l'opération de capture et, en effet, il a résisté (...) Ben Laden a été tué par balle. Il n'était pas armé", a déclaré M. Carney lors d'un point de presse.

Depuis l'annonce de l'opération, les détails sur les circonstances de la mort d'Oussama Ben Laden ont fluctué.

Le 2 mai, le principal conseiller du président Barack Obama pour l'antiterrorisme, John Brennan, avait indiqué que Ben Laden s'était servi de sa femme comme bouclier humain. Mais M. Carney a précisé le 3 mai que cette femme avait reçu une balle dans la jambe, mais n'avait pas été tuée.

Craignant des représailles de cellules d'Al-Qaïda, la communauté internationale était sur le qui-vive. Les États-Unis ont lancé un bulletin d'alerte à leurs forces de l'ordre, tandis que l'ambassade et les consulats américains au Pakistan ont été fermés au public "jusqu'à nouvel ordre".

AFP/VNA/CVN

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