Un homme d’affaires passionné d’antiquités

Dès le début de sa collection d'antiquités, Trân Dinh Thang, 65 ans, s'est orienté vers la recherche d'articles uniques, d'excellence et de grande valeur, dignes de devenir des trésors nationaux.

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Le collectionneur Trân Dinh Thang.
Photo : Lê Tân/Vnexpress/CVN

Trân Dinh Thang, âgé de 65 ans et directeur d'une entreprise de fabrication de chaussures dans la ville de Hai Phong (Nord), est l'une des deux seules personnes au Vietnam à posséder des trésors nationaux. Alors qu'un particulier à Hanoï en possède un, Thang en possède quinze. "C'est une source de fierté et de bonheur pour moi et ma famille, car les efforts et les ressources investis dans ces antiquités sont reconnus par l'État", a-t-il déclaré.

Depuis son plus jeune âge, Thang a développé une passion pour l'histoire. Lorsqu'il a étudié et travaillé en ex-Union soviétique, il a consacré la plupart de son temps libre à visiter des musées afin d'en apprendre davantage sur le patrimoine culturel et l'histoire de l'humanité, au lieu de voyager et de s'amuser comme ses pairs. À l'âge de 25 ans, il est rentré chez lui et a commencé à collectionner des antiquités. Après des recherches, il a découvert que les collectionneurs étrangers et les musées internationaux étaient très intéressés par la céramique émaillée blanche de la dynastie Ly (1009-1225), il s'est donc concentré sur la recherche d'articles de ce type. De 1985 à 1995, Trân Dinh Thang, accompagné de Motohiko Yamazaki, responsable de Toyota au Vietnam, et de Nguyên Ba Thanh Long, membre du comité exécutif de l'Association du patrimoine culturel du Vietnam, a parcouru le pays pour acheter des centaines d'objets en céramique de la dynastie Ly.

Des antiquités de la dynastie Ly

Une partie de la collection An Biên exposée en mai 2022 dans la ville de Hai Phong (Nord).
Photo : VNA/CVN

"Mes collaborateurs et moi-même avons convenu que la céramique émaillée blanche de la dynastie Ly devrait être considérée comme un trésor national. Par conséquent, lorsque nous trouvons des objets de ce type, nous cherchons à les acheter. Parmi les centaines d'articles que nous avons acquis, nous en avons sélectionné neuf qui représentent le summum de l'artisanat, avec des formes uniques, des motifs décoratifs et des couleurs d'émail typiques vietnamiennes. Nous pensons que ces objets méritent d'être inclus dans un dossier pour demander au gouvernement de les reconnaître officiellement comme un trésor national", a-t-il déclaré.

Après 40 ans de collection, Dinh Thang n'a jamais compté le nombre d'articles qu'il possède. Récemment, il a sélectionné 500 objets et établi des dossiers scientifiques pour les enregistrer auprès des agences d'État. Ces objets comprennent des articles en céramique, en bronze, en porcelaine et en bois datant du Ve siècle avant J.-C. jusqu’au XIXe siècle.

Les 500 articles inclus dans le dossier font partie d'une collection baptisée An Biên, qui est répartie en quatre groupes : des antiquités appartenant à l'État Dai Viêt (XIe - XIXe siècle), des antiquités chinoises (IXe - XIXe siècles), des antiquités de la période de domination chinoise (du Ve siècle avant J.-C. au IXe siècle), et un ensemble de statues de Bouddha en bois et en pierre datées entre le XVIIe et le XIXe siècles. Actuellement, le collectionneur a consacré un bâtiment de cinq étages avec une surface au sol de plusieurs centaines de mètres carrés pour exposer cette collection précieuse. C'est également un lieu où il accueille des hôtes, organise des séminaires et des conférences sur les antiquités.

La collection An Biên

Des objets faisant partie de la collection An Biên de Trân Dinh Thang.
Photo : VNexpress/CVN

La collection An Biên a été exposée au Musée national d'histoire du Vietnam et au Musée de Hai Phong. Des objets de cette collection ont également été présentés dans de nombreuses publications de presse nationales. Récemment, des universitaires australiens ont proposé de publier la collection dans la revue Asian Fine Arts à Hong Kong, selon les dires du collectionneur.

Bien que certains objets de sa collection coutent aujourd’hui cent fois plus cher que lorsqu'il les a achetés, le collectionneur ne les a jamais vendus. "Heureusement, je n'ai jamais eu besoin d'argent et de vendre des antiquités. Parfois, j'en donne à quelques personnes. Ce sont tous des collectionneurs passionnés qui aiment et chérissent les antiquités", a-t-il expliqué.

Pour rassembler une si grande collection d'antiquités, le collectionneur a investi beaucoup d'efforts, de temps et d'argent. Il a consacré la plupart des bénéfices de ses activités commerciales, liées à la production de chaussures, à l'achat et à la conservation d'antiquités. Pour lui, collectionner des antiquités est non seulement une passion, mais aussi un investissement dans les richesses culturelles de son pays. Cette ressource lui a également ouvert de nombreuses opportunités dans sa vie et ses affaires.

Le propriétaire de la collection An Biên a déclaré que ses chaussures ont gagné des parts de marché au Japon, en Inde et en Chine grâce, en grande partie, au partage et à l'aide de commerçants qui aiment collectionner des antiquités. Un partenaire japonais, qui a appris que le collectionneur était passionné et possédait de nombreux trésors, a changé son attitude face à leur collaboration. L'entrepreneur japonais est devenu plus amical et ouvert, et a même envoyé des experts dans son usine pour l'aider à perfectionner ses produits avant l'exportation.

Le collectionneur n’apparait presque jamais à côté de ses biens précieux. "Un trésor national est une propriété nationale, je suis juste une personne chanceuse de le garder. Plus tard, quand je ne serai plus en assez bonne santé pour en prendre soin, j'espère qu'il y aura un individu ou une organisation avec assez de cœur et de vision pour en hériter et valoriser ces biens inestimables", a-t-il confié.

Des collections privées reconnues par l’État

Trân Thi Hoàng Mai, directrice du Service de la culture et des sports de la ville de Hai Phong, a souligné que Dinh Thang a contribué à protéger le patrimoine culturel en évitant sa détérioration et en empêchant la vente illégale d'antiquités à l'étranger. La reconnaissance par l'État des antiquités privées en tant que trésors nationaux honore et encourage également les individus dévoués à la sauvegarde du patrimoine culturel national.

Le 30 janvier, le vice-Premier ministre Trân Hông Hà a signé une décision reconnaissant 27 trésors nationaux, dont deux assiettes en céramique céladon de la dynastie de Ly, une assiette en céramique émaillée bleu-violet du début de la dynastie Lê, un brûle-parfum en céramique bleu-vert du début de la dynastie Lê et deux brûle-parfums en cuivre avec les couvercles de la statue de chien-lion datant des XVIe et XVIIe siècles. Ces derniers font partie de la collection An Biên. Il y a plus d'un an, neuf objets de la dynastie Ly, dont quatre pots, deux urnes et trois assiettes appartenant à la collection An Bien, ont été reconnus comme trésors nationaux par le gouvernement.

Lê Tân-Xuân Lôc/CVN

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