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"VW a encore manqué à ses obligations de se conformer aux lois qui protègent la qualité de l'air que respirent les Américains", a affirmé Cynthia Giles, une responsable de l'Agence de protection de l'environnement américaine (EPA).
Le groupe allemand a aussitôt rejeté ces nouvelles accusations dans un communiqué, tout en se disant prêt à "coopérer pleinement" avec les autorités américaines.
Le logo Volkswagen, le 15 octobre, à Cardiff |
Quand le scandale avait éclaté à la mi-septembre aux États-Unis, seules des voitures de moyenne gamme et dotées de moteurs diesel de deux litres de cylindrée avaient été pointées du doigt.
Quelque 480.000 modèles Volkswagen (Golf, Passat...) et Audi étaient alors accusés d'être équipés d'un logiciel détectant à quel moment un test anti-pollution était mené pour dissimuler le niveau réel d'émission de gaz d'échappement.
Mais les tests menés depuis par l'agence environnementale américaine et ses homologues californienne et canadienne ont révélé que ces logiciels avaient également été installés dans des moteurs de trois litres de cylindrée équipant les modèles de luxe Audi A6 Quattro, A7 Quattro, A8 et A8L, Q5 et Porsche Cayenne ainsi que Volkswagen Touareg, a indiqué l'EPA dans un communiqué.
Pour la première fois associé au scandale, Porsche s'est dit "surpris" par ces accusations. "Jusqu'à cette notification, toutes les informations que nous détenons montraient que la Porsche Cayenne respectait totalement les normes", a indiqué la filiale nord-américaine du groupe.
"Nous avons des preuves flagrantes des violations", a pourtant affirmé Mme Giles, la responsable de l'EPA, ajoutant que les investigations "se poursuivaient".
Les moteurs visés, qui ont été montés sur des modèles 2014, 2015 et 2016, rejettent dans l'air "jusqu'à neuf fois plus" d'oxyde d'azote (NOX) que les normes autorisées aux États-Unis, affirme l'EPA, qui rappelle que ce gaz est tenu pour responsable de graves affections respiratoires.
"Il s'agit d'un problème de santé publique très grave", a commenté Richard Corey, de l'agence de protection de l'environnement de Californie (Carb).
Au moins 10.000 véhicules seraient concernés, selon l'agence américaine, même si leur nombre exact n'a pas été précisé.
La procédure désormais va se poursuivre avec de nouveaux tests en condition réelle d'utilisation et devrait déboucher sur des rappels de véhicules qui risquent de ternir encore davantage l'image du constructeur allemand aux États-Unis.
Le groupe est visé par une enquête du ministère de la Justice américain et des plaintes collectives d’automobilistes et avait dû présenter ses "excuses" devant le Congrès des États-Unis début octobre.
Plusieurs élus américains s'en sont d'ailleurs vivement pris à VW après les nouvelles accusations lancées lundi 2 novembre.
Matthias Mueller, PDG de Volkswagen, le 21 octobre, à Wolfsbourg. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Où s'arrêtera la tromperie de VW ?", ont ainsi réagi quatre élus républicains et démocrates de la Chambre des représentants dans un communiqué commun. "Il est temps pour Volkswagen de dire la vérité", ont-ils ajouté.
Pénalités
Aucun rappel de véhicule VW n'a toutefois pour l'heure été formellement ordonné aux États-Unis. L'EPA veut au préalable s'assurer que les remèdes décidés par le constructeur seront "appropriés", a justifié Janet McCabe, une autre responsable de l'agence fédérale.
La question des pénalités menaçant VW, qui pourraient théoriquement dépasser les 18 milliards de dollars, sera elle aussi abordée plus tard.
"Nous n'avons pris aucune décision concernant les pénalités. Cela viendra plus tard dans la procédure", a commenté Mme Giles.
Pour l'heure, aucun autre constructeur automobile n'a été incriminé aux États-Unis. "Nos tests continuent, a toutefois ajouté Mme Giles. Nous ne les avons absolument pas achevés".
Mis au jour grâce à une organisation non-gouvernementale, le scandale des moteurs truqués a créé une vaste onde de choc mondiale et a conduit à l'ouverture de nombreuses enquêtes sur le globe et notamment en Europe.
Volkswagen a été contraint d'avouer que 11 millions de ses véhicules étaient équipés de logiciels truqueurs dans le monde et a dû se séparer de son patron sur fond de chute de sa capitalisation boursière.
Le scandale s'est également traduit pour Volkswagen par les premières pertes trimestrielles en 15 ans.