Le Salon de Shanghai, cœur électrique de la nouvelle donne automobile

Le plus grand Salon automobile du monde doit ouvrir mercredi 23 avril à Shanghai, réunissant des constructeurs chinois lancés dans une concurrence sans merci et des marques étrangères menacées.

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Une Volkswagen AG exposée au Salon automobile de Shanghai, en Chine, le 18 avril 2023. 
Photo : Kyodo/VNA/CVN

La Chine est devenue en 20 ans le premier marché mondial de l'automobile, en misant sur les voitures électriques et hybrides rechargeables (respectivement 26% et 19% des ventes en Chine en 2024, selon le cabinet Inovev), deux motorisations considérées comme stratégiques par les autorités.

Alors que les Salons de Paris ou de Detroit (États-Unis) essaient de se renouveler, le Salon de Shanghai doit illustrer du mercredi 23 avril au 2 mai la nouvelle domination de la République populaire de Chine sur l'industrie automobile.

Des usines ont fleuri dans toutes les régions du pays et les grands groupes SAIC (marque MG), BYD ou Geely (Volvo, Zeekr) cassent les prix sur un marché où les clients sont plutôt jeunes et ouverts à la nouveauté.

Plus d'une centaine de marques se sont jointes à la compétition, avec des start-up comme Li Auto, Xpeng ou des géants de l'électronique comme Xiaomi qui se mettent à faire des voitures.

"C'est le seul pays qui arrive à faire cohabiter des géants industriels de l'automobile et de l'innovation avec une multitude de start-up, entre excellence opérationnelle et volume (de production), entre innovation et audace", commente l'analyste Guillaume Crunelle, du cabinet Deloitte.

Les constructeurs chinois comptent montrer leur avance technologique à Shanghai avec une débauche de modèles électriques et très connectés - SUV, berlines ou monospaces luxueux - conçus et construits en un temps record.

Ils y jouent leur futur: de nombreuses entreprises ont déjà fait faillite et le gouvernement chinois pousse ses géants à fusionner pour créer des leaders mondiaux.

"Ils sont dans une phase de rationalisation, de simplification dirigée par l'État", explique Guillaume Crunelle. Il s'agit aussi d'inonder de voitures les marchés qui leur restent ouverts à travers le monde, en Asie du Sud-Est, en Europe, en Amérique latine.

Il y aura un grand absent : Tesla, qui a pourtant deux immenses usines à quelques kilomètres de là.

La Chine et les États-Unis sont en pleine guerre commerciale, avec des droits de douane massifs et réciproques mis en place malgré la proximité du patron de Tesla, Elon Musk, avec le président américain.

Le constructeur américain de voitures électriques, qui n'a pas souhaité commenter, n'a pas participé à un salon chinois depuis Shanghai 2021, marqué par une protestation contre sa marque, devenue virale.

Ses compatriotes américains, dont General Motors et Ford, viendront cependant défendre leurs marques premium Cadillac, Buick ou encore Lincoln, dont les modèles sont surtout produits et vendus localement.

Parmi les constructeurs étrangers, les Allemands auront la partition la plus difficile à jouer à Shanghai.

Après des années de domination en Chine, Volkswagen, BMW et Mercedes ont vu leurs parts de marché s'effondrer avec la montée en puissance des marques locales.

Le groupe Volkswagen compte rebondir au salon cette année avec trois véhicules développés en Chine et pour la Chine, ainsi qu'un système de conduite autonome avancé.

Le patron de Volkswagen en Chine, Ralf Brandstätter, a expliqué samedi 19 avril que, face à "une guerre des prix extrême", le groupe avait décidé de "rester rentable", "au détriment des ventes et des parts de marché".

Dans une interview au quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ), Ralf Brandstätter a estimé que les constructeurs étrangers avaient une carte à jouer dans le contexte actuel, où la croissance économique chinoise a "nettement ralenti", Pékin misant "à nouveau davantage sur les investissements étrangers".

Pour l'expert du secteur automobile Stefan Bratzel, interrogé par l'AFP, les constructeurs allemands "devront prouver à Shanghai qu'ils sont à la pointe de l'innovation (...) s'ils veulent au moins conserver leurs parts de marché actuelles".

Mais il est déjà trop tard et ils ne retrouveront pas les parts qu'ils atteignaient par le passé, estime l'expert, en écho à l'ancien directeur financier de Porsche, Lutz Metschke.

Les Allemands ne peuvent toutefois pas renoncer au marché chinois, capital, surtout au moment où les droits de douane augmentent aux États-Unis. Jusque-là, c'est le marché américain qui leur permettait de compenser en partie la chute des ventes en Chine...

AFP/VNA/CVN

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