Le repli des prix des billets pénalise les compagnies aériennes

Les compagnies aériennes ont-elles eu les yeux plus gros que le ventre ? Après deux ans d'énergique reprise post-COVID, l'offre de sièges dépasse parfois la demande cet été, aboutissant à des billets moins chers et des marges plus faibles.

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Des appareils du groupe allemand Lufhansa et de la compagnie low cost irlandaise Ryanair à l'aéroport à Berlin le 4 avril.
Photo : AFP/VNA/CVN

Dès le printemps, d'inhabituelles promotions sur des destinations estivales prisées à partir de l'Europe, comme la Grèce et le Canada, avaient montré que certaines compagnies peinaient à remplir leurs avions au rythme espéré.

Ces derniers jours, des transporteurs de premier plan ont prévenu qu'ils n'atteindraient pas leurs objectifs annuels : le 22 juillet, le groupe allemand Lufthansa a revu à la baisse sa prévision de résultat, sa compagnie du même nom étant "particulièrement touchée par les défis posés par l'évolution négative du marché".

Le même jour, la "low cost" irlandaise Ryanair a publié un bénéfice net trimestriel divisé presque par deux, en raison d'un tarif moyen en baisse de 15% sur un an. "Les gens voyagent (...) mais nous devons de plus en plus faire des réductions pour remplir nos avions", a argumenté le directeur général Michael O'Leary.

Air France-KLM, dont la marge opérationnelle trimestrielle a chuté de 3,1 points à 6,5%, a révisé en baisse jeudi la croissance de ses capacités pour 2024, de 5% à 4% par rapport à 2023. Le groupe est aussi affecté par les Jeux olympiques de Paris qui devraient occasionner 200 millions d'euros de manque à gagner.

Au sein de l'entreprise franco-néerlandaise, le taux de remplissage des appareils s'est érodé de 0,1 point sur un an au deuxième trimestre, et même de 1,7 point sur les normalement très rentables liaisons vers l'Amérique du Nord.

Conséquence : les prix des billets baissent. Selon la Direction générale de l'Aviation civile, le tarif moyen des vols internationaux au départ de France a chuté de 4,4% sur un an en juin, et même de 5,7% pour les faisceaux de l'Atlantique nord.

Demande "en berne"

Selon les données de la réserve fédérale de Saint Louis, l'indice des prix des billets d'avion au départ des villes américaines est retombé en juin au niveau de mai 2022. Hors crise sanitaire, cet indice n'avait plus été aussi bas depuis juin 2009.

American Airlines, qui avait déjà publié un avertissement sur résultats fin mai, a cité jeudi 25 juillet un "déséquilibre dans l'offre et la demande au niveau national" aux États-Unis, au-delà de l'échec de sa nouvelle stratégie commerciale, après une publication financière inférieure aux attentes.

Un appareil de la compagnie American Airlines atterrit à l'aéroport de La Guardia, le 20 juillet à New York.
Photo : AFP/VNA/CVN

Au départ de Paris, il est possible de trouver des vols directs aller-retour vers New York à 750 euros pour fin août sur de grandes compagnies. "Ce sont des tarifs que nous n'avions jamais constatés en période de pointe précédemment", remarque un vétéran du secteur aérien sous couvert de l'anonymat.

Les tarifs avaient fortement augmenté à la fin de la crise sanitaire, quand le retour brutal de la demande avait pris par surprise certaines compagnies contraintes par les difficultés de la chaîne d'approvisionnement et les retards de livraisons d'appareils, autant de facteurs qui avaient fait exploser leurs coûts.

Mais au moins en Europe et aux États-Unis, le tableau paraît avoir évolué côté recettes.

Le 24 juillet, l'agence de notation financière Fitch Ratings avait identifié, parmi les "facteurs clés à surveiller" chez les compagnies aériennes européennes, moyen-orientales et africaines, leur "capacité à augmenter ou à maintenir les tarifs aériens pour compenser l'augmentation des coûts unitaires, en particulier pour la maintenance et les salaires".

"À partir du moment où vous avez une demande en berne, il est évident que vous avez une situation de surcapacité sur le marché", témoigne Pascal de Izaguirre, président en exercice de la Fédération nationale de l'aviation et de ses métiers (Fnam) qui fédère le secteur aérien français.

L'éternelle loi de l'offre et de la demande fait que cela "se traduit par une érosion tarifaire", souligne-t-il.

Une mauvaise nouvelle pour les compagnies qui ont à peine eu le temps de souffler après le COVID, en réalisant en 2023 un bénéfice cumulé de 27,4 milliards d'USD, selon leur principale organisation mondiale, l'Iata.

Encore début juin, l'association leur promettait 30,5 milliards engrangés cette année, et un nombre record de passagers aériens, soit 4,96 milliards contre 4,54 en 2019, avant la crise sanitaire.

AFP/VNA/CVN

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