"Tout est beau ici, le lieu tel qu'il est rénové, les œuvres qui sont présentées, la manière avec laquelle les tableaux sont accrochés", a déclaré le président de la République dans le nouvel hall d'accueil du musée, rouvert après cinq ans de rénovation.
( |
Le musée Picasso est "l'un des plus beaux du monde et l'un des plus émouvants parce qu'il restitue le travail acharné, considérable, prolifique de l'artiste le plus connu du XXe siècle", a affirmé M. Hollande, rappelant que Pablo Picasso est né le 25 octobre 1881.
Gratuit ce samedi 25 octobre, le musée, qui peut recevoir un maximum de 700 personnes simultanément, a accueilli environ 4.000 visiteurs entre 12h00 et 17h00 (fermeture des portes), selon la direction. On peut à nouveau le visiter librement dimanche 26 octobre de 9h30 à 18h00.
Évoquant une "belle semaine" marquée par l'inauguration de la Fondation Louis Vuitton, "vaisseau de cristal qui s'est posé dans le Bois de Boulogne", et la Foire internationale d'art contemporain (FIAC), le président a souligné qu'on "ne construit rien sur la nostalgie", mais "sur l'émotion, l'espérance, la conquête".
La France est un "pays d'avant-garde", a-t-il lancé, jugeant "essentiel qu'elle reste un acteur majeur et significatif du marché de l'art".
"Peintre de la liberté", Picasso "aimait la France, il avait choisi la France", a rappelé M. Hollande, et "s'il n'en a jamais eu le passeport, Pablo Picasso, le républicain, le communiste, est la fierté de la France".
"Les artistes, ce sont ceux qui affrontent l'intolérance, la bêtise, qui conduit à agresser un artiste ou à détruire son oeuvre", a ajouté le président de la République, en référence à l'agression dont a été victime le plasticien américain Paul McCarthy qui avait érigé une sculpture en forme de sex toy géant place Vendôme à Paris.
Une collection de 5.000 œuvres
S'adressant à plusieurs reprises à la famille du peintre, le chef de l'État l'a remerciée pour les deux dations, en 1979 et 1990, qui ont permis de constituer une collection exceptionnelle, forte de près de 5.000 pièces, dont 297 peintures et 368 sculptures.
Il a rappelé qu'il n'y avait qu'un seul tableau de Picasso dans les collections publiques en 1947 et seulement huit en 1971.
Parmi les visiteurs, certains redécouvraient le musée comme Gaël Ducrot, "venu voir un peu ce qui avait changé" et qui a eu "la surprise de revoir des oeuvres assez magistrales effectivement, qui sont maintenant exposées et qui ne l'étaient pas toujours avant". "C'était aussi une source d'étonnement", dit-il.
Un visiteur américain, Roger Knott, a beaucoup aimé les pastels, mais "pas vraiment certaines oeuvres de la période sombre, des croquis au fusain de la période de guerre". "J'ai remarqué que beaucoup de ces personnages ne sourient pas", note-t-il.
François Hollande a salué à plusieurs reprises le travail de l'ancienne directrice Anne Baldassari, limogée après une grave crise interne, mais qui a réalisé l'accrochage inaugural, ainsi que celui de l'architecte Jean-François Bodin.
Anne Baldassari a conçu trois circuits de visite, dont un parcours magistral retraçant l'ensemble de l'oeuvre jusqu'en 1972. Les combles sont dédiés à une "confrontation entre Picasso et ses artistes de prédilection", tels Cézanne, Degas, Matisse, Braque... Dans les caves, sont évoqués les différents ateliers du maître, et à travers eux, son processus de création.
L'Hôtel Salé, un des plus beaux hôtels particuliers du Marais, a été entièrement rénové. Combles et caves ont été transformés en lieux d'exposition, doublant ainsi les espaces destinés au public, passés de 2.300 m2 à 5.000 m2.
Coût de l'opération : 43 millions d'euros, financés en grande partie par le musée grâce aux 21 expositions organisées dans le monde. Huit millions d'euros ont été en outre consacrés à des acquisitions immobilières pour loger les bureaux.
AFP/VNA/CVN