Le président par intérim de la Syrie décrit sa vision de la transition dans un entretien télévisé

Ahmed Al-Charaa, le président par intérim syrien, a détaillé, dans son premier entretien interview télévisé depuis qu'il a pris ses fonctions, la stratégie derrière la chute du régime Assad, les priorités de son administration et le chemin de la Syrie vers la gouvernance démocratique.

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Le nouveau dirigeant de la Syrie, Ahmed Al-Charaa, au palais présidentiel de Damas, le 16 janvier.
Photo : AFP/VNA/CVN

S'exprimant sur Syria TV dans un entretien préenregistré lundi 3 février, il a révélé que l'effondrement rapide de l'ancien gouvernement était le résultat d'un plan quinquennal initié à Idlib, dans le Nord-Ouest de la Syrie.

"La bataille pour faire tomber le régime Assad en 11 jours n'était pas spontanée. C'est le résultat d'une planification méticuleuse qui a commencé à Idlib, où nous avons travaillé pour unifier les factions et inclure toutes les forces politiques", a expliqué M. Al-Charaa.

Il a également reconnu que l'ancien régime avait des renseignements sur les préparatifs de l'opposition et avait mobilisé ses ressources en réponse.

Certains de ses alliés l'avaient même mis en garde contre le lancement de l'assaut final, craignant un conflit urbain prolongé similaire à celui qui se déroule Gaza. Cependant, il a affirmé : "Nous avons décidé d'y aller".

M. Al-Charaa a par ailleurs souligné, mettant l'accent sur la richesse de la Syrie en capital humain et en ressources comme clé de son redressement, que le renversement de Bachar el-Assad n'était que la première étape vers le renouvellement national.

"Idlib abritait des Syriens de toutes les provinces, et nous nous sommes assurés que tout le monde était représenté dans le gouvernement du salut. Lorsque nous sommes entrés dans Damas, notre priorité était de protéger les institutions de l'État", a-t-il déclaré.

Évoquant l'organisation politique, il a reconnu l'absence d'un cadre juridique complet pour les partis politiques, mais il a assuré que la compétence, plutôt que l'esprit de faction, sera à la base des nominations gouvernementales.

"Je travaille pour empêcher la Syrie de tomber dans un système de quotas sectaire. Le mérite sera la norme pour la fonction publique", a-t-il poursuivi.

M. Al-Charaa a crédité l'absence de violences à grande échelle à l'entrée disciplinée des forces de l'opposition dans les grandes villes, ajoutant que la Syrie a maintenant atteint un stade de stabilité relative.

"Nous avons assuré l'ordre public et l'État reste un garant pour toutes les communautés. Les incidents individuels sont minimes", a-t-il dit.

Il a également rejeté les préoccupations concernant les divisions territoriales, affirmant que "chacun soutient l'unité de la Syrie et rejette toute partition ou séparation".

Il a aussi confirmé les négociations en cours avec les Forces démocratiques syriennes dirigées par les Kurdes (SDF) pour résoudre les problèmes dans le Nord-Est du pays.

Plus tôt dans la journée, l'explosion meurtrière d'une voiture piégée a frappé la ville de Manbij, dans le Nord du pays, tuant au moins 20 personnes. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, un organisme qui suit la guerre, la région a été témoin d'intenses affrontements entre les factions soutenues par la Turquie et les SDF, qui ont fait près de 600 morts depuis décembre.

M. Al-Charaa a également accusé l'ancien régime d'avoir fait de la Syrie en un centre mondial du commerce illicite de la drogue, en particulier le Captagon, et a promis de démanteler les restes de ses opérations.

Parlant de la politique étrangère, il a souligné que les activités diplomatiques de la Syrie servent les intérêts de son peuple et visent à restaurer la position du pays dans le monde arabe et au-delà.

Il a rejeté les spéculations selon lesquelles la Syrie pourrait rester sous la domination d'un seul homme, promettant des libertés politiques élargies en vertu de l'état de droit.

Pour jeter les bases de la transition, il a annoncé la constitution d'un comité préparatoire pour une conférence nationale, qui se terminera dans une déclaration constitutionnelle.

M. Al-Charaa a aussi estimé que les élections présidentielles pourraient avoir lieu dans les quatre à cinq ans, insistant également sur l'équilibre délicat entre la justice transitoire et la réconciliation nationale, et promettant de poursuivre les crimes majeurs tout en assurant la stabilité.

"Il y a une ligne ténue entre la justice transitoire et la paix sociale. Nous poursuivrons ceux qui ont commis des crimes contre le peuple syrien - en particulier les personnages clés responsables", a-t-il assuré. 

Xinhua/VNA/CVN

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