Le Premier ministre démissionnaire néerlandais Mark Rutte (droite) lors d’une réunion du parlement le 24 avril à La Haye. |
"L'immobilisme n'est pas bon pour les Pays-Bas", a assuré M. Rutte lors d'une allocution devant le parlement à La Haye, estimant que "pour cela, les problèmes sont trop graves". "L'économie trébuche, le marché du travail est sous pression et la dette publique augmente plus vite que nous ne pouvons nous le permettre, c'est une réalité à laquelle nul ne peut échapper", a-t-il dit.
Le Premier ministre libéral, qui avait présenté le 23 avril à la reine Beatrix la démission de son gouvernement de centre droit, ouvrant la voie à des élections anticipées, a indiqué compter sur le soutien du parlement pour faire ce qui est "nécessaire pour sortir les Pays-Bas de cette situation économique difficile".
Mark Rutte a annoncé par ailleurs s'attendre à ce que le conseil des ministres décide de fixer au 12 septembre la date d'élections législatives anticipées, inévitables après la chute du gouvernement due à l'échec de négociations sur la réduction du déficit public.
Selon un sondage publié le 22 avril, le parti VVD de Mark Rutte est crédité de 33 sièges de députés sur 150, soit deux de mieux que lors des élections de 2010. Le Parti pour la Liberté (PVV) de Geert Wilders obtiendrait 19 sièges, contre 24 en 2010.
Échec des négociations
Depuis l'échec le 21 avril des négociations sur la réduction du déficit public entre la coalition de centre-droit menée par M. Rutte et son allié au parlement, le parti d'extrême droite de M. Wilders, le gouvernement n'a plus de majorité au parlement.
M. Rutte a besoin désormais du soutien des partis d'opposition pour faire adopter un budget de rigueur dont les grandes lignes doivent être présentées d'ici à le 30 avril à la Commission européenne.
Le projet de budget 2013 devra comporter des mesures destinées à réduire le déficit public qui avait atteint 4,7% du PIB en 2011.
M. Wilders avait refusé d'approuver un paquet de mesures qui auraient permis, selon le gouvernement, d'économiser 14,4 milliards d'euros, ramenant le déficit public à 2,8% du PIB en 2013, sous la norme européenne des 3%.
"Ma loyauté va en premier lieu aux Pays-Bas, et non à Bruxelles", a déclaré Geert Wilders devant le parlement. "Nous sommes les maîtres dans notre propre maison, les maîtres dans notre propre pays."
Le paquet de mesures sur la table des négociations prévoyait notamment une légère hausse de la TVA, un gel du salaire des fonctionnaires et une réduction du budget alloué à la santé et à l'aide aux pays en développement.
"C'est un paquet de mesures qui étouffe trop le citoyen", a soutenu M. Wilders : "nous l'avons dit depuis le premier jour et nous l'avons répété sept semaines durant, la règle des 3% n'est pas sacro-sainte pour nous".
Le chef de file du parti travailliste PvdA Diederik Samsom, deuxième force politique du pays avec 30 sièges de députés sur 150, a quant à lui suggéré de ne pas "s'accrocher à tout prix aux 3%".
"Je ne vois aucune raison de demander la clémence de Bruxelles" sur les 3%, a rétorqué M. Rutte, soutenant qu'en cas de non-respect de cette règle, la Commission européenne pourrait infliger aux Pays-Bas une amende pouvant aller jusqu'à 1,2 milliard d'euros.
Le parti de Mark Rutte est toutefois "prêt à négocier" sur le budget de rigueur qui doit être soumis à la Commission européenne pour le 30 avril, a admis Stef Blok, le chef du groupe parlementaire VVD, assurant toutefois qu"'il est évident que le déficit public doit être réduit".
AFP/VNA/CVN