La mer, ce patrimoine vital à protéger d’urgence

Pollution, surpêche, dérèglement climatique..., les écosystèmes marins et côtiers sont aujourd’hui soumis à de nombreuses pressions. Leur conservation est urgente et nécessaire.

La baie de Lan Ha, dans la ville portuaire de Hai Phong (Nord).
Photo : VNA/CVN

Afin d’assurer la durabilité des régions marines et des économies maritimes basées sur les ressources naturelles, les aires marines protégées (AMP) sont considérées comme un outil de gestion efficace.

Stratégie sur l’économie maritime

Le 8e plénum du Comité central du Parti communiste du Vietnam (XIIe mandat) a publié une Résolution datée du 22 octobre 2018 sur la Stratégie nationale de développement durable de l’économie maritime jusqu’en 2030, avec vision pour 2045. Le document détermine l’économie bleue comme un fondement pour le développement durable du pays d’ici 2030. Cette stratégie met l’accent sur l’élargissement de la superficie des AMP.

Selon Nguyên Chu Hôi, vice-président permanent de l’Association de la pêche du Vietnam et ancien directeur adjoint de l’Administration de la mer et des îles du Vietnam (ministère des Ressources naturelles et de l’Environnement), si la mer, les régions littorales et les écosystèmes marins fournissent des ressources au développement de l’économie maritime, la liste des menaces qui pèsent sur eux ne cesse de s’allonger.

Les activités anthropiques génèrent des pollutions multiples : eaux usées, pesticides, hydrocarbures ou encore plastiques. Dans de nombreuses régions, les populations de poissons sont surexploitées. Le développement de l’aquaculture crée aussi de nouvelles pressions sur le milieu marin.

Face à cette situation, le gouvernement accorde de l’importance aux activités de conservation de la biodiversité maritime, la considérant comme nécessaire au développement durable de l’économie maritime du pays.

En 1995, le gouvernement a approuvé un plan d’action national sur la biodiversité où la conservation des mers et des zones littorales tient une place importante. Dans les années 1998-1999, le ministère des Sciences, des Technologies et de l’Environnement, en coopération avec le Centre national

des sciences naturelles et des technologies, avait élaboré un plan d’aménagement d’un réseau de 16 AMP.

Jusqu’à présent, dix AMP ont vu le jour. Il s’agit de Cat Bà (Hai Phong), Bach Long Vy (Quang Ninh) au Nord, Côn Co (Quang Tri), Cù Lao Chàm (Quang Nam), Ly Son (Quang Ngai), la baie de Nha Trang (Khanh Hoà), Nui Chua (Ninh Thuân), Hon Cau (Binh Thuân) au Centre, Côn Dao (Bà Ria-Vung Tàu) et Phu Quôc (Kiên Giang) au Sud.

Les six restantes, dont l’aménagement en détail est achevé, attendent actuellement une approbation. Il s’agit de Cô Tô, Dao Trân (Quang Ninh) au Nord, Hon Mê (Thanh Hoa), Hai Vân - Son Chà (Thua Thiên-Huê), Phu Quy (Binh Thuân), Nam Yêt (Khanh Hòa) au Centre.

Selon le Département général de la mer et des îles, les AMP représentent 0,24% de la superficie marine du pays. On y recense près de 70.000 ha de récifs coralliens, 20.000 ha d’herbiers marins ainsi que des mangroves, lieux de reproduction de nombreuses espèces marines. Une centaine d’espèces endémiques et/ou menacées d’extinction vivent dans ces réserves.

Aires protégées menacées

Zone réservée à la perliculture dans l’aire maritime protégée de Phu Quôc, province de Kiên Giang (Sud).
Photo : Huy Hai/VNA/CVN

Nguyên Chu Hôi fait savoir qu’en 2018, le ministère de l’Agriculture et du Dévelop-pement rural, en coopération avec le Comité populaire des provinces concernées, a créé des comités de gestion pour dix des 16 AMP.

Malgré les efforts déployés par les organes compétents, depuis quelques années, les AMP sont menacées par plusieurs méthodes de pêche destructives. Les ressources marines sont exploitées de manière excessive, allant trop souvent au-delà du seuil permettant le renouvellement des stocks. Le tourisme s’est également développé rapidement dans ces zones ces dernières années, aggravant la pollution et menaçant la biodiversité. De plus, la pollution causée par les déchets plastiques est désormais inquiétante. Le changement climatique et la montée du niveau de la mer sont également des défis à long terme auxquels sont confrontées les AMP.

Les scientifiques estiment que la pollution de la mer, dont 80% provient des activités humaines terrestres, la navigation, l’introduction d’espèces invasives, la surexploitation des ressources halieutiques, la dégradation, la fragmentation et les pertes d’habitats sont autant de facteurs responsables de l’érosion de la biodiversité marine. Exacerbée par le changement climatique, cette anthropisation menace de détruire l’équilibre fragile des écosystèmes marins et de la biodiversité qu’ils renferment. Le Vietnam compte 112 estuaires, acheminant les déchets vers l’océan. De nombreuses créatures marines, les tortues par exemple, croient à tort que ces déchets sont de la nourriture et les ingurgitent, ce qui cause leur empoisonnement puis leur mort.

La pollution causée par les matières organiques et le pétrole est courante notamment dans les estuaires des provinces du Nord et le long de la bande côtière du delta du Mékong.

Les résultats d’une recherche menée par l’Institut des stratégies et des politiques sur les ressources naturelles et l’environnement montrent que les ressources halieutiques sont actuellement exploitées de manière irraisonnée et non durable. La destruction des récifs coralliens, des herbiers marins et des mangroves s’accélère dans de nombreux endroits. Dans toute la zone maritime du pays, de la province de Quang Ninh à celle de Kiên Giang, environ 40% à 60% des herbiers marins et 70% des mangroves ont disparu. Ces 20 dernières années, le pays a perdu 12% de ses récifs coralliens, 48% sont en grave récession notamment dans la baie de Ha Long, dans la province de Quang Ninh au Nord et les provinces côtières du Centre.

Les négligences dans la conservation de la biodiversité marine sont aussi une autre cause de la réduction des ressources halieutiques et des écosystèmes marins, ce qui va à l’encontre de la Stratégie nationale de développement durable de l’économie maritime jusqu’en 2030, avec vision pour 2045.

Huong Linh/CVN

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