Le Pakistan fier de son pionnier des greffes de cœurs de porc sur des humains

Les amis et anciens camarades d'école d'un chirurgien pakistanais, dont l'équipe a réussi la première greffe au monde d'un cœur de porc génétiquement modifié sur un humain, assurent avoir toujours su qu'il était destiné à de grandes choses.

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Des chirurgiens procèdent à la transplantation d'un cœur
Des chirurgiens procèdent à la transplantation d'un cœur de porc sur un humain à l'université du Maryland,le 7 janvier à Baltimore.

Muhammad Mansoor Mohiuddin, né à Karachi, la grande mégalopole du Sud du Pakistan, est le directeur du programme de xénogreffe cardiaque à l'université du Maryland aux États-Unis.

Une équipe de cette université a implanté le 8 janvier un cœur porcin sur un patient âgé de 57 ans, David Bennett, qui avait été déclaré inéligible pour recevoir un organe humain.

Cette opération a permis de montrer pour la première fois qu'un cœur d'animal pouvait continuer à fonctionner à l'intérieur d'un humain sans rejet immédiat.

D'autres xénogreffes - d'un animal à un humain - avaient été tentées par le passé, mais les patients étaient immédiatement décédés.

La transplantation a été présentée comme une avancée marquante, mais la technique devra encore faire ses preuves pour représenter une alternative aux greffes humaines.

Les amis et anciens collègues de M. Mohiuddin au Pakistan se rappellent d'un étudiant émérite, passionné de médecine. "Il s'intéressait à tout, était toujours là, toujours disponible et toujours prêt pour faire de la chirurgie", se remémore Muneer Amanullah, qui a étudié avec lui au Dow Medical College de Karachi dans les années 80.

Le vice-président de cette institution, Muhammad Saeed Qureshi, raconte la fierté ressentie par tout le campus à l'annonce de sa récente prouesse. "Il y avait de l'euphorie que cela ait été réussi par un diplômé de cette université", déclare-t-il.

M. Mohiuddin a veillé à partager cette gloire soudaine avec les 50 membres de son équipe à l'école médicale de l'université du Maryland.

"Ce sont tous des experts dans leur domaine respectif", explique-t-il. "Ce sont les meilleurs chirurgiens, les meilleurs médecins, les meilleurs anesthésistes et ainsi de suite".

Controverse religieuse

Muneer Amanullah, qui a étudié avec le chirurgien pakistanais Muhammad Mansoor Mohiuddin au Dow Medical College de Karachi dans les années 80, lors d'une interview à Karachi, le 13 janvier 2022.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le procédé suscite beaucoup d'espoir, même s'il faudra attendre plusieurs mois pour s'assurer que le cœur de porc, lequel avait été génétiquement modifié pour ne plus produire un type de sucre qui provoque un rejet immédiat de l'organe par l'homme, est bien accepté par le patient.

Près de 110.000 Américains sont actuellement sur liste d'attente pour une greffe d'organe et plus de 6.000 personnes qui auraient besoin d'une greffe meurent chaque année dans le pays.

Si elles ne sont pas nouvelles, les premières expérimentations remontant au 17e siècle, les xénogreffes pourraient aider à pallier le manque de donneurs.

"Nous travaillons sur ce modèle depuis 18 ans", souligne M. Mohiuddin. "Ces 18 années ont été parsemées de phases de frustrations, mais aussi d'avancées, et au final nous y sommes parvenus".

La méthode n'est cependant pas sans causer controverse auprès de certains tenants de la foi islamique, celle de M. Mohiuddin, notamment dans son pays natal, au Pakistan.

"De mon point de vue, ce n'est pas autorisé pour un musulman", a estimé Javed Ahmad Ghamidi, un théologien pakistanais renommé et progressiste, en évoquant la transplantation dans un blog vidéo.

Les porcs sont considérés comme impurs par les musulmans et les juifs. Mais un autre érudit islamiste pakistanais, le chiite Allama Hasan Zafar Naqvi, est en désaccord.

"Il n'y a pas d'interdiction dans le cadre de la charia", la loi islamique, affirme-t-il, parlant de cette greffe comme d'un "miracle médical".

"En religion, aucun acte n'est supérieur à celui consistant à sauver une vie humaine", juge également M. Mohiuddin.

À Karachi, ses anciens camarades d'école le destinent maintenant aux plus hautes reconnaissances. "Toute l'équipe est en course pour ça, pour le prix Nobel", prédit M. Qureshi.

AFP/VNA/CVN

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