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Photo prise le 9 décembre montrant le lieu où se tiendra la conférence de l'ONU sur les migrations, à Marrakech, au Maroc. |
C'est par un simple coup de marteau que le texte destiné à renforcer la coopération internationale pour une "migration sûre, ordonnée et régulière" sera adopté lundi matin 10 décembre après proclamation orale, selon les informations diffusées par l'ONU à Marrakech.
Sans vote ni signature, la conférence intergouvernementale de Marrakech devait être une simple étape formelle du processus, avant un ultime vote de ratification le 19 décembre à l'Assemblée générale de l'ONU. Mais le sujet déchaînant les passions, une quinzaine de pays ont fait part de leur retrait ou du gel de leur décision.
"Il est étonnant qu'il y ait eu autant de désinformation à propos de ce que le Pacte est et de ce qu'il dit (...), il ne crée aucun droit de migrer, il ne place aucune obligation sur les États", a martelé Louise Arbour, la représentante spéciale de l'ONU pour les migrations, dimanche soir 9 décembre au cours d'une conférence de presse à Marrakech.
Non contraignant
Un total de 159 des 193 pays membres de l'ONU ont confirmé leur présence à Marrakech. Une centaine seront représentés au niveau des chefs d'État, chefs de gouvernement ou ministres, ce qui selon Louise Arbour, "correspond tout à fait à la moyenne".
Non contraignant, le Pacte recense des principes - défense des droits de l'homme, des enfants, reconnaissance de la souveraineté nationale - et liste des propositions pour aider les pays à faire face aux migrations - échanges d'information et d'expertises, intégration des migrants. Il interdit les détentions arbitraires, n'autorisant les arrestations qu'en dernier recours.
Les défenseurs des droits de l'Homme le trouvent insuffisant, notamment sur l'accès des migrants à l'aide humanitaire et aux services de base ou sur les droits des travailleurs migrants. Ses détracteurs le voient comme un encouragement à un flux migratoire incontrôlé.
Louise Arbour, la représentante spéciale de l'ONU pour les migrations, lors d'une conférence de presse le 9 décembre à Marrakech, au Maroc. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Les États-Unis, qui s'étaient retirés de l'élaboration du texte en décembre 2017. "Les décisions sur la sécurité des frontières, sur qui est admis à résider légalement ou à obtenir la citoyenneté, figurent parmi les plus importantes décisions souveraines qu'un pays peut prendre", a fustigé la mission diplomatique américaine à l'ONU dans un communiqué.
Les États-Unis ont été particulièrement actifs au cours des derniers mois pour partager leur conception du Pacte avec plusieurs pays signataires, notamment en Europe, selon des diplomates de l'ONU.
À ce stade, neuf pays se sont retirés du processus après avoir approuvé le texte le 13 juillet dernier à New York - Autriche, Australie, Chili, République tchèque, République dominicaine, Hongrie, Lettonie, Pologne et Slovaquie - et sept ont souhaité plus de consultations internes - Belgique, Bulgarie, Estonie, Israël, Italie, Slovénie et Suisse -, selon Louise Arbour.
À Ottawa, des échauffourées ont opposé samedi 8 décembre des groupes pro-immigration et des militants de droite opposés à l'adhésion au Pacte. Le Premier ministre canadien Justin Trudeau, lui, entend bien le signer: "Accueillir les gens venus du monde entier grâce à un système d'immigration rigoureux est ce qui a fait du Canada un pays fort, et c'est quelque chose dont le monde a toujours davantage besoin", selon lui.
Également favorable au texte, la chancelière allemande Angela Merkel est arrivée au Maroc dimanche 9 décembre. Les chefs des gouvernements espagnol, grec, danois, portugais et belge ont confirmé leur venue.
Le président français Emmanuel Macron a décidé de déléguer à Marrakech le secrétaire d'État aux Affaires étrangères Jean-Baptiste Lemoyne.
Il y a environ 258 millions de personnes en mobilité et migrants dans le monde, soit 3,4% de la population mondiale.
AFP/VNA/CVN