Le monde va devoir dépenser des milliers de milliards pour énergie, avertit l'AIE

Le monde va devoir dépenser chaque année 1.500 milliards de dollars -soit presque la totalité de la dette de la France- pour faire face au bond de la demande en énergie d'ici 2035, a averti le 18 octobre l'Agence internationale de l'énergie (AIE), qui s'inquiète notamment pour l'Afrique et le Moyen-Orient.

Cumulé jusqu'en 2035, le chiffre mondial atteint la somme vertigineuse de 38.000 milliards de dollars d'investissements, soit plus de 27.500 milliards d'euros et près de 15% de plus que la précédente estimation de l'agence, bras énergétique des pays développés.

"C'est énorme", a reconnu l'économiste en chef de l'AIE, Fatih Birol. "Les coûts de production augmentent dans de nombreuses parties du monde et il devient de plus en plus difficile d'extraire l'énergie, c'est pour cela que nos chiffres augmentent substantiellement", a-t-il expliqué. "Si nous ne trouvons pas cet argent, la production n'augmentera pas autant qu'elle doit le faire, avec pour résultat des prix bien supérieurs à ce qu'ils sont aujourd'hui", a averti l'économiste turc de l'AIE, qui dépend de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Cette flambée se fera sentir dès les cinq prochaines années, faute d'injection suffisante d'argent frais, selon lui.

Les hydrocarbures (pétrole 26% et gaz 25%) représentent toujours la majorité des besoins d'investissement en énergie au cours du prochain quart de siècle, selon l'AIE, avec des besoins de 10.000 milliards de dollars dans le pétrole et 9.500 milliards dans le gaz.

Au fur et à mesure que les anciens gisements pétroliers et gaziers s'épuisent, les compagnies se tournent vers des sites beaucoup plus profonds, techniquement plus difficiles à exploiter, ou situés loin au large comme au Brésil ou dans des zones reculées (Arctique...), ce qui coûte beaucoup plus cher.

Avec la connexion attendue d'une grande partie de l'humanité au réseau électrique et le développement économique, l'électricité représentera l'essentiel (45%) du reste des besoins, avec une projection de 16.900 milliards, très loin devant le charbon (3%, 1.100 milliards) et les biocarburants (1%, 300 milliards).

Plus de 1,3 milliard de personnes dans le monde n'ont toujours pas accès au courant électrique, d'après l'AIE.

Selon M. Birol, "nous voyons ces investissements se profiler dans certaines régions", mais le principal "point d'interrogation" vient de l'Afrique et du Moyen-Orient, où il a déploré un manque d'investissement.

L'AIE, qui représente les intérêts des pays riches grands consommateurs de pétrole, appelle régulièrement l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) à relever sa production d'or noir et à investir pour augmenter ses capacités.

Mais d'autres facteurs comme la pauvreté et les violences font que les États africains ou moyen-orientaux concernés ont d'autres priorités, a souligné M. Birol.

L'AIE doit présenter en novembre prochain son rapport annuel de référence sur l'énergie, dont les chiffres présentés le 18 octobre ont été pris en avant-première.

La croissance de la demande d'énergie -et son impact sur le climat- est un des grands casse-têtes du XXIe siècle, avec l'arrivée de grands pays comme la Chine, l'Inde ou le Brésil sur le devant de la scène énergétique mondiale.

AFP/VNA/CVN

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