Lors du colloque "Engagements envers l'OMC concernant les services de distribution : problèmes du Vietnam", récemment organisé à Hanoi, les experts du projet d'assistance au commerce multilatéral (MUTRAP III), de la permanence de la Commission économique de l'Assemblée nationale et l'École supérieure de commerce ont fait des remarques sur le marché vietnamien de la vente au détail. Ils ont aussi présenté leurs propositions pour édifier et perfectionner le système juridique, les politiques dans le secteur de la distribution.
Selon le rapport de la compagnie d'analyse globale des marchés de vente au détail Planet Retail, qui siège en Grande-Bretagne, l'an dernier le Vietnam s'est classé 48e parmi 211 économies dans le marché de la vente au détail mondial, avec 39,757 millions de dollars, et il aurait monté de 2 rangs en juin 2010 avec 43,302 millions de dollars. Nguyên Thành Trung, du Département de promotion commerciale (ministère de l'Industrie et du Commerce), explique la raison de ce succès, c'est que le pays a pu maintenir une croissance économique élevée et que les Vietnamiens sont nombreux, ce qui crée un grand besoin de marchandises. De plus, malgré la crise économique mondiale, les consommateurs nationaux ont maintenu leur pouvoir d'achat, ce qui a permis le développement du secteur de la distribution.
D'après Nguyên Thành Trung, depuis le 1er janvier 2009, le gouvernement a ouvert le marché de la vente au détail aux entreprises étrangères selon ses engagements envers l'OMC. Pourtant, jusqu'à la fin de l'année, sous l'impact de la crise financière mondiale, les vendeurs au détail étrangers ont retardé leurs projets au Vietnam. Cela a créé des conditions favorables aux entreprises nationales pour qu'elles se préparent et développent leurs réseaux de distribution.
Selon un responsable du Comité national de coopération économique international, depuis 2008, le Vietnam a dépassé l'Inde, la Russie et la Chine pour devenir la plus attrayante destination dans le secteur de la vente au détail. Selon les statistiques d'AT Kearney's, dès la première année d'adhésion à l'OMC, le Vietnam s'est classé au 4e rang en terme de croissance du marché de la vente au détail mais, aujourd'hui, il est au premier rang. Ce progrès est dû à sa croissance du PIB élevé, aux besoins importants du marché domestique et aux politiques favorables envers les investisseurs étrangers.
Rien qu'en décembre 2009, le marché de la vente au détail et des services représentait 120.562 milliards de dôngs, soit une hausse de 4,2% en comparaison avec le mois précédent et la valeur pour toute l'année était de 1.197,48 milliards de dôngs, soit une augmentation de 18,6% en glissement annuel.
Dans une enquête intitulée Nielsen's Business Barometer réalisée au Vietnam de mars à mai 2010 sur la tendance du commerce, la plupart des entreprises ont jugé que l'environnement commercial du Vietnam s'est nettement amélioré. Pourtant, 68% des entreprises doivent faire face à des concurrences acharnées, 59% sont inquiètes de la croissance du prix des matières premières, 56% de l'inflation, 29% du manque de main-d'œuvre qualifiée.
D'après une enquête réalisée au 2e trimestre de cette année, par le groupe Nielsen sur 27.000 consommateurs dans 48 pays en Europe, en Asie-Pacifique, en Amérique du Nord et au Moyen-Orient, l'indice de confiance économique des consommateurs vietnamiens est en 2e place, ex-aequo avec l'Indonésie. Selon l'enquête, 31% des Vietnamiens enquêtés ont affirmé réserver leurs dépenses pour l'achat des produits de nouvelles technologies et de nouveaux vêtements, contre 16% au premier trimestre.
Toujours selon cette enquête, la tendance de consommation des Vietnamiens a changé en faveur des produits nationaux. Plus de 49% des interviewés ont déclaré acheter des produits domestiques. C'est une bonne nouvelle pour le marché après la période de ralentissement économique où les consommateurs ont resserré leurs dépenses. Avec la relance économique, pendant le 1er semestre de 2010, les entreprises ont atteint une croissance de 70-86% en comparaison avec le 2e semestre de 2009.
Des concurrences acharnées
Selon le Département général des statistiques, pendant le 1er semestre de l'année, la vente au détail a rapporté 747.400 milliards de dôngs, soit une hausse de 26,7% en glissement annuel. Celui du secteur commercial a augmenté de 27,6%, soit 590.180 milliards de dôngs.
Actuellement, les distributeurs vietnamiens et étrangers entrent dans la course à l'élargissement de leur réseau, non seulement dans les grandes villes mais aussi dans les autres provinces du pays. Jusqu'à maintenant, Bic C compte 10 supermarchés à Hô Chi Minh-Ville, Hanoi, Dông Nai et Huê. Il ouvrira dans l'avenir un supermarché à Vinh, province de Nghê An (Centre).
À la fin juin, Lotte a ouvert son 2e supermarché au Vietnam, dans le 10e arrondissement de la mégapole du Sud. Metro Cash & Carry a, pour sa part, reçu le permis du Comité populaire de Hô Chi Minh-Ville pour louer un terrain de 37.075 m² au 12e arrondissement pour ouvrir son 3e supermarché dans cette ville.
Les vendeurs au détail nationaux élargissent aussi leur réseau de distribution. Début juillet, Saigon Co.op a mis en service son 45e supermarché dans la province de Quang Ngai (Centre) et son 11e magasin Co.op Food à Hô Chi Minh-Ville. Son objectif est d'ouvrir chaque année 10-12 supermarchés et 25 magasins Co.op Food dans l'ensemble du pays.
Récemment, Maxi Mark, une marque de vente au détail de la compagnie par actions d'investissement An Phong a inauguré un centre commercial de 30.000 m² dans le 10e arrondissement.
Les consommateurs sont les grands bénéficiaires de la concurrence des entreprises, de la qualité des services au prix des marchandises. Depuis le début de l'année, à Hô Chi Minh-Ville, les consommateurs bénéficient de nombreux programmes de promotion attrayante. L'enquête Nielsen's Business Barometer a montré que 41% des interviewés affirment acheter plus lors des programmes promotionnels.
Nécessité de changements
Selon le chef adjoint du Département du marché domestique, du ministère de l'Industrie et du Commerce, Vo Van Quyên, les chaînes de distribution traditionnelles représentent plus de 85% de la circulation des marchandises. C'est un avantage pour les entreprises vietnamiennes car leurs concurrents étrangers investissent souvent dans des chaînes modernes. De plus, les entreprises nationales possèdent un réseau de distribution dans l'ensemble du pays. Elles comprennent bien la culture, les habitudes et les besoins des consommateurs. Cependant, leur compétitivité laisse encore à désirer.
Selon le Dr Nguyên Doan Thi Liêu, de l'École supérieure de commerce, 70% de la population vivent dans les milieux ruraux et leurs dépenses ne représentent que 27% du chiffre d'affaires du secteur de la vente au détail du pays. C'est un important marché qui pourrait profiter aux entreprises.
À l'avis de Nguyên Thành Trung, du Département de promotion commerciale, le gouvernement ne devrait pas trop assister au développement du réseau de distribution des entreprises vietnamiennes, mais plutôt créer un mécanisme d'assistance aux entreprises en concurrence, tout en donnant priorité aux intérêts des consommateurs.
D'après le Dr Doan Kê Bôn de l'École supérieure de commerce, il faudrait perfectionner le système juridique pour créer une transparence et un environnement commercial favorable. Les localités doivent continuer à planifier les réseaux de vente au détail, simplifier les formalités administratives, surtout celles concernant la délivrance du permis d'investissement.
Hà Minh/CVN