Durant la difficile période de crise mondiale, le marché domestique s'est affirmé en tant qu'alternative dans l'activité des entreprises vietnamiennes. L'exploiter est devenu un moyen pour ces dernières, ayant peut-être par trop privilégié les marchés à l'exportation auparavant, de s'assurer d'un développement durable… Mais une telle démarche n'implique pas seulement les entreprises, une assistance de l'État est également nécessaire.
La SARL de textile et de confection de cravates Saigon (DK Saigon) est une entreprise spécialisée qui exporte dans de nombreux pays tels que l'Allemagne, l'Italie, la France, les Pays-Bas, l'Australie, Singapour… De fait, ses exportations représentent 80% de son chiffre d'affaires.
Son directeur, Nguyên Van Dinh, déclare que l'année dernière eut pu être particulièrement dangereuse pour son entreprise car du fait de la récession, le nombre de commandes étrangères a fortement diminué, mais elle a pu se maintenir grâce aux commandes domestiques…
Et désormais, l'entreprise se consacre davantage à sa clientèle vietnamienne, en témoigne la structure de son chiffre d'affaires dont 50% a été réalisé au Vietnam en 2009, au lieu de seulement 10 à 15% en 2007. Autre avantage, une croissance de sa production qui désormais atteint les 100.000-150.000 pièces par mois car l'entreprise n'en a pas pour autant abandonné ses marchés étrangers. DK Saigon est l'un de ces exportateurs habituels qui ont réussi à exploiter le marché domestique.
Pour plusieurs entreprises vietnamiennes, le marché domestique présente de grands potentiels, mais encore faut-il bien saisir ce dont les consommateurs ont envie...
En juillet 2009, une nouvelle marque de vêtements pour hommes, Moda Mundo, a été présentée au public, retenant l'attention d'une importante clientèle de jeunes hommes d'affaires, qu'elle ciblait depuis sa conception... Cette marque est vietnamienne, elle appartient à la compagnie par actions d'investissement Phuoc Long de Hô Chi Minh-Ville. À ce jour, cette entreprise a ouvert 3 magasins dont chacun dégage un chiffre d'affaires quotidien de 100 millions de dôngs.
Selon sa directrice générale Hô Thi Thu Hà, la plus grande difficulté est d'instaurer la confiance du consommateur, de laquelle dépend essentiellement le prestige d'une marque. Ce qui suppose non seulement une bonne qualité du produit proposé, mais aussi un lourd investissement sur le plan de la communication et de la publicité, ce qui ne va pas de soi pour une bonne partie des entreprises vietnamiennes qui, de manière générale, subissent un manque endémique de capitaux...
Nécessité de stratégies
Les entreprises exportatrices ont rencontré des difficultés d'exploiter le marché domestique. Selon la directrice du Service du commerce et de l'industrie de Binh Duong (Sud), Nguyên Thi Diên, la plupart doivent étudier le marché, ajuster leurs stratégies d'investissement, restructurer leur réseau de distribution… Une assistance de l'État serait bienvenue en la matière.
Le marché rural ces derniers temps retient de plus en plus l'attention des entreprises. Quarante-huit foires de produits vietnamiens ont été organisées en milieu rural, dont 18 dans des zones industrielles. Celles-ci ont permis aux entreprises d'étudier le goût du consommateur vietnamien, mais aussi de développer leur réseau de distribution.
Selon la présidence de l'Association des produits vietnamiens de qualité Vu Kim Hanh, il faut renforcer les contrôles pour éviter les fraudes commerciales, les infractions aux droits de propriété industrielle, ainsi que renforcer la promotion du commerce.
La vice-ministre du Commerce et de l'Industrie, Hô Thi Kim Thoa, informe que pour créer des conditions favorables aux entreprises nationales, l'État doit élaborer des stratégies nationales au regard du marché domestique, et accorder une assistance pour la réalisation d'études de marché comme la planification du développement de réseaux de distribution. Il faut également mettre en place des coopérations entre les autorités, les producteurs, les distributeurs et les consommateurs, ainsi qu'encourager, d'une part, les supermarchés à commercialiser des produits nationaux et, d'autre part, les consommateurs à acheter ces derniers. Enfin, le réseau de transport doit faire l'objet d'investissement pour faciliter le transport des marchandises
Hà Minh/CVN