Le krach de 1987, souvenir lointain pour une Wall Street euphorique

Le 19 octobre 1987, le Dow Jones perdait 22,6% en une seule séance. Trente ans après, Wall Street est euphorique mais n'est pas à l'abri d'une rechute.

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Le krach de 1987, souvenir lointain pour une Wall Street euphorique.
Photo : AFP/VNA/CVN

Depuis plusieurs semaines la Bourse de New York enfile les records. Elle n'a pas connu de repli majeur depuis mars 2009, quand elle avait touché le fond après la crise financière.

Le Dow Jones a dépassé pour la première fois le cap des 23.000 points. Si le krach de 1987 devait se répéter avec la même amplitude, il chuterait de 5.200 points.

À l'époque, la première Bourse mondiale avait entraîné dans son sillage les autres grandes places : plongeon de 46% à Hong Kong, de près de 27% à Londres. Paris avait mieux résisté, perdant "seulement" 9,64%.

L'une des raisons de l'affolement des échanges était la récente émergence de mécanismes destinés à se protéger automatiquement des soubresauts du marché.

Des systèmes de coupe-circuits ont depuis été mis en place pour éviter les mouvements de panique: si l'indice élargi S&P 500, qui regroupe les 500 plus grandes entreprises cotées aux Etats-Unis, devait chuter de 7%, de 13% puis de 20%, les échanges seraient suspendus momentanément ou pour le reste de la séance.

Le Dow Jones a clôturé mercredi 18 octobre au-dessus de 23.000 points, une première.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Le marché ne peut plus chuter de plus de 20% sur une seule journée", assure Howard Silverblatt, spécialiste des indices à S&P Dow Jones Indices.

Ceci dit, "si par exemple les entreprises commençaient à toutes publier des résultats décevants, ce serait inquiétant aux niveaux actuels de valorisation", remarque-t-il. "Si tout le monde voulait vendre en même temps sans que personne ne souhaite acheter, le marché peut très bien baisser de 20% en une semaine."

Certains s'interrogent sur l'efficacité de ces pare-feux dans la mesure où la plupart des échanges sont devenus totalement électroniques.

"Il est difficile de prédire si les vieux outils mis en place seront efficaces", estime ainsi Charles Geisst, professeur de finance au Manhattan College et observateur de longue date des marchés financiers.

« Flash-crash »

Quand en mai 2010 l'indice Dow Jones avait chuté de 600 points en quelques minutes, un plongeon baptisé aux États-Unis "flash-crash", "rien n'a pu l'arrêter, ca s'est passé trop vite", note-t-il.

Des courtiers regardent les tableaux à la Bourse de New York lors des dernières minutes avant la clôture

De plus, les "dark pool", ou plateformes de courtage interne aux établissements financiers, au fonctionnement opaque, sont de plus en plus nombreuses, "et on ne sait pas vraiment si les systèmes de court-circuits s'y imposeraient", explique M. Geisst.

"Les marchés sont tellement disséminés, éclatés, qu'il suffit d'une faille quelque part pour que les courtiers trouvent d'autres places" où vendre leurs titres, renchérit Gregori Volokhine, gérant de fonds pour Meeschaert Financial Services.

Certains investisseurs s'inquiètent également de l'explosion des fonds de gestion indiciels (ETF), dont beaucoup répliquent fidèlement la composition d'un indice boursier. "Comment ces produits de gestion passive réagiraient à des événements exogènes, ou en tout cas imprévus ? Le risque n'a pas vraiment été quantifié", remarque M. Volokhine.

Toutefois, la bonne santé actuelle de l'économie américaine garantit une certaine stabilité à court terme. La consommation des ménages est au beau fixe, le taux de chômage est à 4,2%, les profits des entreprises sont solides. Élément important pour les investisseurs, les conditions sur le marché du crédit restent favorables: certes la banque centrale américaine prévoit de relever encore les taux d'intérêt dans les prochains mois, mais ils restent à des niveaux très bas, à 1,25% contre 7,25% en octobre 1987.

La grande réforme fiscale promise par Donald Trump, notamment sur le taux d'imposition des entreprises, est dans les tuyaux. "Tout le monde s'accorde sur le fait que l'économie (américaine) va bien", souligne M. Geisst. "Si un événement devait influencer le marché, cela viendrait probablement de l'extérieur."


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