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Le Premier ministre japonais Shinzo Abe à Tokyo, le 24 janvier. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Nous avons toujours dit que les critiques selon lesquelles nous poussions le yen vers le bas n'étaient pas justifiées", a diplomatiquement réagi M. Abe, interrogé sur le sujet au Parlement.
Le porte-parole du gouvernement a été plus direct. Les accusations de M.Trump sont "complètement déplacées", a jugé Yoshihide Suga lors d'un point presse régulier, rappelant l'engagement du G20 d'éviter les dévaluations compétitives.
Un peu plus tôt, le haut diplomate japonais responsable des devises avait également rejeté de telles critiques. "La politique financière du Japon a une visée interne : en finir avec la déflation. Les taux de change sont régis par les marchés. Nous ne les manipulons pas", s'est agacé Masatsugu Asakawa, vice-ministre des Finances chargé des affaires internationales, selon des propos rapportés par la presse.
"Sans explications plus précises, je ne comprends pas très bien ce que (M. Trump) a voulu dire", a-t-il ajouté, notant que le Japon n'était pas intervenu sur les marchés des changes depuis plusieurs années (fin 2011 exactement, année du tsunami et désastre nucléaire).
La politique monétaire ultra-accommodante de la Banque du Japon (BoJ) tend certes à affaiblir le yen face au dollar, mais "la banque centrale n'a pas pour objectif de dévaluer le yen", a insisté M. Suga.
Mardi 31 janvier, le gouverneur de l'institut d'émission, Haruhiko Kuroda, avait tenu un discours similaire. Le but n'est pas de cibler les taux de change, mais "d'atteindre une inflation de 2% le plus rapidement possible", avait-il dit.
Cette passe d'armes intervient à quelques jours d'une rencontre Abe-Trump, programmée le 10 février. Pour tenter de s'attirer les bonnes grâces du locataire de la Maison Blanche, le Premier ministre japonais a dit vouloir "contribuer à la création d'emplois aux États-Unis". Il devrait présenter à M. Trump des idées pour que le Japon soutienne des projets d'infrastructures voulues par le président américain, selon l'agence de presse Kyodo.
Après avoir attaqué le géant automobile Toyota sur un plan d'expansion de la production au Mexique, M. Trump s'en est pris mardi 31 janvier à la politique monétaire du Japon, vis-à-vis duquel les États-Unis souffrent d'un important déficit commercial. "Notre pays est tellement mal géré que nous nous ne savons rien de la dévaluation", a déclaré le milliardaire lors d'une rencontre à la Maison Blanche avec des responsables du secteur pharmaceutique.
"Regardez ce que fait la Chine et ce qu'a fait le Japon au fil des ans, ils ont joué sur les devises et la dévaluation pendant que nous restions assis là, comme une bande de pantins", a-t-il lancé.
Dans un entretien au Financial Times, un de ses conseillers, Peter Navarro, a également pris pour cible l'Allemagne, l'accusant d'exploiter d'autres pays de l'Union européenne et les États-Unis avec un euro qui serait "grossièrement sous-évalué".