L'annonce faite par le Premier ministre François Fillon à Lyon (Centre-Est), est la première réponse apportée à la journée de grève et de manifestations massives de jeudi dernier, qui avait mobilisé plus d'un million de personnes pour la défense du pouvoir d'achat et de l'emploi.
Le président Nicolas Sarkozy, qui avait annoncé en décembre un plan de relance de 26 milliards d'euros, que l'opposition de gauche juge insuffisant et ne répondant pas aux difficultés sociales, doit s'adresser aux Français demain à la télévision.
"Notre plan de relance entre dans sa phase concrète", a assuré le Premier ministre. Il a détaillé des mesu- res dont 11 milliards d'euros pour améliorer la trésorerie des entreprises, et 11 autres milliards consacrés à des opérations financées par l'État, dont 870 millions pour des chantiers d'infrastructures de transports.
Dix milliards d'euros seront injectés, "dès cette semaine" dans les 1.000 projets retenus, selon le ministre de la Relance économique Patrick Devedjian.
Ce plan anticipe sur 2009 et 2010 des crédits qui auraient normalement dû être octroyés sur 10 ans, a précisé le Premier ministre, qui a de nouveau exclu une relance par la consommation.
"C'est une mobilisation nationale urgente et concrète pour faire face à la crise. J'invite tous les Français à se serrer les coudes et à croire en leurs capacités de rebond", a-t-il dit en réponse "aux doutes, aux craintes, aux contestations" exprimés dans le pays.
Près de 2 Français sur 3 (62%) pensent que la politique du gouvernement ne permet pas de lutter efficacement contre la crise, et 61% souhaitent la poursuite de la mobilisation syndicale, selon un sondage CSA qui devait paraître mardi dans le quotidien communiste L'Humanité.
La France s'enfonce dans la crise : le chômage, qui avait passé en octobre la barre symbolique des 2 millions, a encore enregistré en décembre une hausse de 45.800 chômeurs, soit 217.000 (+ 11,4%) sur l'année, soit 2,11 millions, a annoncé le ministère de l'Emploi.
L'économie française, qui devait enregistrer un recul de l'activité au quatrième trimestre 2008 et dont le premier trimestre 2009 "ne sera pas bon non plus", devrait entrer en récession, a-t-il confirmé.
"Naturellement, la France n'est pas à l'écart d'un mouvement qui concerne le monde entier", a observé François Fillon. Le gouvernement a fait savoir qu'il allait revoir à la baisse ses prévisions pour 2009, tablant jusqu'à présent sur une croissance très légèrement positive cette année. Une estimation jugée irréaliste par le Fonds monétaire international (FMI) et la Commission européenne, qui prédisent respectivement un recul du PIB français de 1,9% et 1,8% cette année.
AFP/VNA/CVN