David Lipton, premier directeur général adjoint du FMI, s’adresse à la presse le 12 juin à Tokyo. |
"Le Japon, comme les autres économies développées, doit avoir un système de changes flottant avec un taux de change fixé par le marché. En même temps, dans un contexte de flux financiers volatils et d'aversion au risque, l'intervention peut être un recours contre les turbulences des marchés", a déclaré David Lipton, premier directeur général adjoint du FMI.
Ses propos ont aussitôt fait glisser le yen face à l'euro et au dollar. Le billet vert cotait 79,64 yens le 12 juin en début d'après-midi à Tokyo, contre 79,15 yens le matin, tandis que l'euro est monté à 99,54 yens, contre 98,70 yens quelques heures auparavant.
Le Japon est déjà intervenu directement de façon unilatérale à trois reprises depuis septembre 2010 sur le marché des changes pour faire baisser la devise japonaise, ainsi qu'une fois en coopération avec les pays du G7 une semaine après le séisme et le tsunami du 11 mars 2011. La dernière intervention, unilatérale, remonte au 31 octobre 2011.
Le ministre japonais des Finances a encore récemment laissé entendre que Tokyo prendrait de nouvelles mesures "décisives" pour affaiblir le yen si celui-ci subissait des "mouvements excessifs", un levier que le FMI juge compréhensible compte tenu de la cherté de la monnaie japonaise, selon David Lipton.
"Le taux de change (du yen) s'est apprécié au cours de l'année écoulée, partiellement à cause d'investissements-refuges, et notre analyse suggère que le yen est modérément surévalué", a-t-il dit au cours d'une conférence de presse.
La crise d'endettement en Europe et les hoquets de l'économie américaine poussent les investisseurs à faire provision de yens, considérés comme une devise de repli, au détriment de la monnaie unique européenne, ce qui renchérit la devise japonaise.
Or un yen fort pénalise les marchandises japonaises sur les marchés extérieurs, où la concurrence sur les prix est en outre accentuée par un ralentissement de la demande.
Les entreprises japonaises souffrent par ailleurs de la déflation lancinante qui comprime leurs marges et les incite à reporter leurs investissements, retardant le redémarrage de l'économie depuis mars 2011.
AFP/VNA/CVN