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Face à la sécheresse, la conversion des cultures pour économiser de l’eau douce est la bonne solution pour le delta du Mékong. |
Photo : VNA/CVN |
Les réseaux de transport, d’électricité, d’eau et de télécommunications sont les infrastructures de base d’un pays. Parmi eux, le réseau d’eau, condition sine qua non pour stabiliser la production agricole et assurer les moyens de subsistance de la population, n’a pas encore fait l’objet d’investissements appropriés, notamment dans le delta du Mékong.
Solution à long terme
Dans cette région, 95% des canaux ont été construits pendant la période coloniale française. Par conséquent, bien qu’elle soit connue comme le "grenier à riz" du pays, la région du delta du Mékong manque encore d’un réseau hydraulique approprié et est très vulnérable au changement climatique.
Dix de ses 13 provinces sont touchées par la sécheresse et l’intrusion saline, des centaines de milliers d’hectares de rizières donnent de mauvaises récoltes et des millions de personnes manquent d’eau douce pour leur vie quotidienne, d’où l’obligation de trouver des mesures globales sur le long terme.
Des prévisions sur les effets du changement climatique faites par le satellite américain Landsat ont montré que le delta du Mékong serait également l’une des régions au monde les plus gravement touchées par le changement climatique, notamment en termes de montée des eaux.
Face à cette situation, depuis longtemps, l’Institut de recherche pour le développement du delta du Mékong a mené des enquêtes dans de nombreuses provinces et villes pour trouver des mesures. Il a proposé de construire de réseaux d’eau dans certaines localités. En plus de l’utilisation des canaux existants, il faut en construire de nouveaux, ainsi que des réservoirs pour stocker l’eau douce. Il est nécessaire de construire un réseau de conduites d’eau douce des grands fleuves vers les zones côtières. C’est une solution pour à la fois assurer un approvisionnement en eau pour l’agriculture, limiter la salinisation des terres, et fournir de l’eau douce à l’industrie et aux habitants.
Lutter ou s’adapter
Les effets du changement climatique et ses dommages immédiats sur les habitants du delta mettent la pression sur les décideurs politiques, les chercheurs et les scientifiques.
À l’heure actuelle, en plus des solutions urgentes comme un soutien financier aux zones sinistrées et un approvisionnement en eau potable pour la vie quotidienne des habitants, il faut une batterie de mesures globales, synchrones, allant de la construction de réseaux de conduites d’eau, de zones de stockage à la restructuration agricole.
Le ministère de l’Agriculture et du Développement rural a fixé deux priorités. La première est d’achever immédiatement les ouvrages existants de prévention de l’eau salée, et de mobiliser des fonds (d’environ 34.000 milliards de dôngs, soit 1,5 milliard d’USD) pour en construire de nouveaux.
La deuxième est de mettre en place un processus de culture du riz et d’arbres fruitiers pour les terres salines du delta. Ledit ministère a proposé également une série de variétés résistantes à l’intrusion saline, et cartographiera ce phénomène. Pour les zones à intrusion saline fréquente, il a suggéré d’alterner l’élevage des crevettes et la riziculture. D’après Nguyên Van Son, cadre de l’Institut de recherche pour le développement du delta du Mékong, la combinaison de ces deux solutions est une bonne stratégie.
Résultats encourageants
Ouvrage hydraulique de Cái Lon - Cái Bé à Kiên Giang. |
Photo : VNA/CVN |
Au début de 2022, la route nouvellement ouverte entre la Nationale 61 à l’ouvrage d’égout de Cái Lon - Cái Bé, dans la province de Kiên Giang, était très toujours fréquentée. De nombreuses personnes y affluaient pour admirer l’écluse nouvellement achevée.
Cet ouvrage hydraulique, situé à plus de 10 km de l’embouchure de la mer et ressemblant à mur géant bloquant la rivière Cái Lon, permet de faciliter l’agriculture dans les provinces de Kiên Giang, Hâu Giang, Bac Liêu, Cà Mau, Soc Trang.
"Auparavant, Kiên Giang perdait chaque année plus de 100 milliards de dôngs en raison de la sécheresse et de l’intrusion saline. Notamment, pendant la saison sèche 2015-2016, la salinisation des terres a influé gravement sur toute la presqu’île de Cà Mau (ville de Cân Tho et des provinces de Hâu Giang, Soc Trang, Bac Liêu, Cà Mau et une partie de Kiên Giang)", partage Lâm Minh Thành, président du Comité populaire de Kiên Giang. Avant d’ajouter : "La somme pour soutenir les habitants sinistrés de la seule province de Kiên Giang s’élevaient à 463 milliards de dôngs. De plus, chaque province bénéficiaire de ce projet doit dépenser annuellement de 15 à 20 milliards de dôngs à la construction de barrages provisoires".
"Achevé en septembre 2021, cet ouvrage hydraulique a protégé à temps 20.000 ha de terres cultivables des provinces de Kiên Giang et Hâu Giang et a permis à chacune d’économiser des dizaines de milliards de dôngs dans la construction de plus de 130 barrages temporaires", informe M. Thành.
En dehors de la construction d’ouvrages hydrauliques, dès la saison sèche de 2022, le secteur agricole des provinces et ville du delta du Mékong s’est coordonné et a mis en œuvre de nombreuses mesures de prévention et a encouragé les habitants à stocker de l’eau douce et à restructurer l’agriculture.
Ainsi, au lieu de cultiver du riz pour la récolte d’hiver-printemps comme auparavant, cette année, la famille de Lê Tang, dans le district de Tân Hông, province de Dông Thap, s’est tournée vers la culture d’arachides. "Face à la sécheresse, la conversion des cultures pour économiser de l’eau douce est la bonne solution dans la situation actuelle, fait savoir M. Tang. Quelques mois après le Têt (Nouvel An lunaire), il faut de l’eau douce pour l’irrigation, nous avons remplacé la culture du riz par celle des cacahuètes, qui permet de réduire les frais et d’économiser de l’eau douce".
Face à des sécheresses et des intrusions d’eau salée plus fréquentes et plus sévères, ces dernières années, les localités du delta du Mékong ont mis en place une série de mesures : rénovation du système hydraulique, des stations de pompage, des égouts, curage des canaux, installation de stations de pompage ambulantes, stockage de l’eau douce à la saison des pluies… De plus, les habitants sont de plus en plus flexibles et réagissent rapidement aux informations et prévisions sur la sécheresse et l’intrusion saline.