>>L'économie américaine redoute une deuxième vague de contaminations
>>Le déficit budgétaire des États-Unis 2015 au plus bas depuis huit ans
>>États-Unis : hausse du déficit budgétaire en octobre
>>Le déficit budgétaire des États-Unis s'est alourdi plus que prévu en mars
Demandes hebdomadaires d'allocations chômage, depuis mai 2019, selon des chiffres publiés par le ministère du Travail américain. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le déficit de l'État fédéral pour l'exercice 2020 clos en septembre atteint 3.132 milliards d’USD, contre 984 milliards en 2019, soit un triplement, a dévoilé vendredi 16 octobre le Trésor américain. C'est de loin le plus important déficit jamais enregistré par les États-Unis, puisqu'il représente plus du double du précédent record. L'année 2020 vient donc détrôner 2009, quand, en pleine récession liée à la crise financière, le déficit avait grimpé à 1.400 milliards d’USD.
Les comptes de la première économie mondiale ont ainsi été plombés par l'explosion des dépenses publiques, qui ont "considérablement augmenté", souligne le Trésor dans son communiqué. Elles ont bondi de 47%, pour atteindre 6.500 milliards d’USD. Le mois de mars avait en effet vu le COVID-19 se propager sur le territoire américain. Les travailleurs qui le pouvaient ont alors été contraints de travailler de chez eux, tandis que commerces et restaurants avaient dû fermer, licenciant, au moins temporairement, leurs salariés.
La Maison Blanche et le Congrès avaient adopté en urgence un plan de relance de 2.200 milliards d’USD, rallongé de 500 milliards en avril, et qui comprenait, entre autres, des chèques directs aux Américains, une aide supplémentaire pour les chômeurs, ou encore des prêts pour aider les petites et moyennes entreprises à continuer à payer les salaires.
Chômage
Ces mesures n'ont toutefois pas empêché des dizaines de millions de licenciements, faisant grimper à des niveaux jamais vus les allocations chômage, dont les droits avaient par ailleurs été ouverts à d'autres travailleurs, les indépendants notamment. Résultat, les dépenses du département du Travail ont atteint en 2020, 477,5 milliards d’USD, soit 441,1 milliards d’USD de plus que prévu. "Cette augmentation est principalement attribuable à des dépenses plus élevées pour l'assurance-chômage", explique le Trésor dans son communiqué. Le taux de chômage, qui était de 3,5% en février, a culminé à 14,7% en avril.
Quant aux recettes, elles ont elles aussi contribué à faire grimper le déficit. Elles ont très peu diminué par rapport à 2019, mais le gouvernement fédéral, pensait initialement pouvoir récolter un peu plus d'argent. Mais la chute inattendue des revenus de millions d'entreprises et d'Américains a réduit le montant des impôts qu'ils ont versés.
La dette s'alourdit
Le déficit avait déjà fortement grimpé en 2019, frôlant les 1.000 milliards d’USD au moment pourtant où l'économie américaine était au meilleur de sa forme après dix années de croissance. Sans surprise, la dette s'alourdit aussi, pour atteindre 26.900 milliards d'USD en fin septembre. Pour l'heure, l'État peut compter sur un coût de la dette contenu à la faveur de taux d'intérêt proches de zéro.
Mais à long terme, le service de la dette risque de se traduire par une baisse de budgets alloués à des programmes d'éducation ou sociaux, ont mis en garde les économistes. Pourtant, Donald Trump, pendant sa campagne présidentielle de 2016, s'était lui-même surnommé "le roi de la dette", critiquant avec virulence les dépenses supposées trop larges engagées par les démocrates, sous l'administration Obama.
L'administration Trump et les démocrates discutent depuis trois mois, pour tenter d'adopter un nouveau plan de relance, qui se heurte aux profonds désaccords entre les deux camps en particulier sur son montant, qui constituera un fardeau supplémentaire au budget de l'État. Après de multiples volte-face, la Maison Blanche veut des mesures ciblées, comme des actions pour les PME ou des aides pour les compagnies aériennes. Les démocrates, dont la présidente à la chambre des représentants Nancy Pelosi, veulent un paquet de mesures plus vaste évalué à 2.200 milliards d’USD.
AFP/VNA/CVN