Le logo de la chaîne LCI à l'entrée de la tour TF1, le 29 juillet à Boulogne-Billancourt. |
Le Pdg de TF1 Nonce Paolini en a aussitôt tiré les conséquences et confirmé aux syndicats ce qu'il avait déjà annoncé il y a quelques mois : il compte fermer la chaîne le 31 décembre, même s'il étudie aussi toutes les voies de recours, notamment auprès du Conseil d’État.
"On est tous sous le choc d'une décision qui met, je crois, définitivement en péril l'avenir de LCI", a-t-il déclaré sur le plateau du 20h00 de TF1.
Il a toutefois évoqué la possibilité de recours pour son groupe mais qui "prendront beaucoup de temps, de 12 à 18 mois".
Le président du CSA, Olivier Schrameck, a renvoyé TF1 à ses responsabilités : "C'est la décision de TF1 qui sera prise et non celle du CSA (...) c'est à TF1 de décider comment elle entend se projeter dans l'avenir", a-t-il déclaré sur RTL.
Les actionnaire du Monde, dont le trio Bergé-Niel-Pigasse, qui vient de racheter le Nouvel Observateur, ont confirmé leur intérêt pour "la reprise de LCI, complémentaire des activités du Monde et en cohérence avec la transformation en cours du groupe", écrivent-ils dans un courriel.
LCI, Paris Première et Planète "souhaitaient passer au gratuit parce qu'elles disent percevoir des redevances insuffisantes de CanalSat, des boxes ADSL et du câble qui les diffusent à leurs abonnés".
Mais le CSA a jugé qu'avec la crise, la "baisse marquée des recettes publicitaires des services de télévision" était peu propice à l'arrivée de nouvelles chaînes gratuites, d'autant que plusieurs d'entre elles sont déjà dans une situation financière fragile.
Le Pdg de TF1 Nonce Paolini (gauche) et le patron de la chaîne LCI Eric Revel, le 7 mai à Paris. Photo : AFP/VNA/CVN |
Si la télévision reste le premier poste de dépenses pour les annonceurs, le gâteau publicitaire, avec des recettes nettes de 3,219 milliards d'euros en 2013, selon les chiffres de l'Irep, ne cesse de fondre en France (-3,5% en 2013, après -4,5% l'année précédente).
Le CSA a suscité la "colère" et la "tristesse" du patron de la chaîne info de TF1, Eric Revel.
Les présentateurs stars de TF1, comme Jean-Pierre Pernaut, Harry Roselmack ou l'animateur Nikos ont dit leur "dégoût" et leur "déception" ou ont évoqué sur Twitter un "mauvais coup porté à la pluralité de l'information" (#LCIpourtous).
Concernant LCI, le CSA pense "que l’arrivée d'une troisième chaîne gratuite d’information en continu financée exclusivement par la publicité, pouvait déstabiliser les deux chaînes d'information déjà existantes", i-Télé et BFMTV.
Paris Première aussi menacée
Un avis partagé par Alain Weill, le patron de NextRadioTV, maison mère de BFMTV, dont l'action a bondi après l'annonce, terminant en hausse de 6,27% à 24,42 euros.
Chiffres clés du paysage audiovisuel français, part d'audience par chaîne, évolution du marché publicitaire. Photo : AFP/VNA/CVN |
Canal,qui portait d'un côté la candidature au gratuit de sa chaîne documentaire Planète, militait également contre le passage en gratuit de LCI, qui aurait fragilisé sa propre chaîne d'infos i-Télé.
Ces derniers jours, les dirigeants d'i-Télé et BFMTV étaient allés jusqu'à proposer d'embaucher une partie de la rédaction de LCI si la chaîne venait à fermer.
M6, qui "se réserve la possibilité d'utiliser des voies de recours", envisage également une fermeture de Paris Première.
Le patron du groupe, Nicolas Tavernost, a assuré que Paris Première allait fermer à la fin de l'année si elle n'était pas viable et si le CSA ne revient pas sur son refus. "Nous envisagerons la fermeture de cette chaîne si elle n'est pas viable", a-t-il dit à la presse.
Pour appuyer sa décision, le CSA a souligné qu'"aucune reprise significative du marché [publicitaire] n’était prévue à brève échéance et que les perspectives à moyen terme demeuraient encore incertaines".
D'autant que "la situation financière de plusieurs chaînes gratuites est encore fragile, notamment celles qui ne sont pas adossées à un grand groupe".
Le CSA laisse néanmoins la porte ouverte à un réexamen si les conditions du marché publicitaire s'améliorent. Il doit publier mercredi 30 juillet l'étude d'impact sur laquelle il s'est appuyé.
Il s'agit de la première décision majeure en matière de régulation économique pour le gendarme de l'audiovisuel.
AFP/VNA/CVN