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>>New York ajoute 3.778 morts "probables" du COVID-19 à son bilan, 10.367 décès
Le cimetière Green-Wood de Brooklyn, le plus grand des cimetières new-yorkais, le 10 avril. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les cimetières avaient commencé à se préparer à une vague de décès lors de l'épidémie du virus Ebola en 2013-2016, qui avait finalement largement épargné les États-Unis.
La vague du COVID-19 est arrivée la troisième semaine de mars dans ce cimetière de Brooklyn, créé en 1838 et l'un des plus beaux de la ville, avec ses 193 hectares surplombant la baie de New York, où reposent le compositeur Leonard Bernstein ou le peintre Jean-Michel Basquiat.
"Ça a commencé avec les crémations", explique Eric Barna, vice-président chargé des opérations, avec certains jours "quatre ou cinq fois" le volume ordinaire.
Actuellement, le cimetière procède à 130 à 140 crémations par semaine, contre 60 en temps normal.
"Et ce n'est pas que Green-Wood", assure Eric Barna, qui fait partie de la Metropolitan Cemetery Association, organisation qui regroupe les cimetières de New York, Long Island, à l'est, et du comté de Westchester, au nord.
"Tout le monde voit les mêmes chiffres", dit-il. "J'ai même entendu que certaines pompes funèbres cherchaient hors de l'État de New York. (...) On est arrivé au point où le système ne peut pas gérer un tel volume en si peu de temps."
La crémation (370 USD environ) a l'avantage d'être beaucoup moins onéreuse que l'enterrement, dans un cimetière qui sera bientôt à capacité et où un emplacement pour trois cercueils se vend 19.000 USD.
Depuis une dizaine de jours, les enterrements ont "vraiment accéléré", note-t-il, à 15 ou 16 quotidiennement, contre 2 ou 3 d'ordinaire.
"Parer au plus pressé"
Un visiteur, portant un masque de protection contre le coronavirus, au cimetière Green-Wood de Brooklyn, le 7 avril à New York. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le nombre officiel de morts du COVID-19 à New York, épicentre de l'épidémie aux États-Unis, déjà plus élevé que celui de certains pays entiers, est probablement "très inférieur à ce qui se passe réellement", sans doute en raison du nombre encore limité de tests, selon M. Barna.
Le maire de New York a d'ailleurs ajouté 3.700 morts à ce bilan mardi soir 14 avril, pour inclure le nombre de décès "probables" du COVID-19, portant le total à plus de 10.000 morts.
Le ralentissement de l'épidémie évoqué ces derniers jours par le gouverneur Andrew Cuomo et le maire Bill De Blasio, ce responsable ne l'a pas encore vu, même s'il observe une forme de stabilisation, à un niveau élevé.
L'idée de procéder à des enterrements temporaires, évoquée la semaine dernière par un élu de Manhattan pour faire face au nombre record de morts, il en avait déjà entendu parler, mais pense que "ce serait vraiment compliqué".
"La ville n'est pas préparée à gérer un cimetière temporaire", dit-il.
Pour les enterrements à Green-Wood, les employés sont équipés de protection et ne restent souvent pas quand les proches se présentent, pour éviter tout risque de contamination, explique M. Barna, qui rend hommage aux employés.
Même si le cimetière, qui n'a pas enregistré de contamination au sein de son personnel, se dit tolérant quant au nombre de personnes autorisées aux enterrements, en ce moment, ne se présente "le plus souvent que la famille proche". Et pour les crémations, il n'y a très souvent quasiment aucun proche, dit-il.
"Je pense que pour beaucoup de gens, le plan c'est de parer au plus pressé, de procéder à l'incinération", explique M. Barna. "Mais à mesure que les choses reviendront à la normale, on verra beaucoup de cérémonies."
AFP/VNA/CVN