Le ca trù de Hung Yên

Le ca trù, chant des courtisanes classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, est né dans la province septentrionale de Hung Yên. C’est en tout cas la conviction des locaux qui redoublent d’efforts pour ressusciter cet art.

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Un numéro artistique de ca trù de Hung Yên.
Photo : VOV/VNA/CVN

Dào Dang est connu pour être le village du ca trù. Les villageois y ont érigé un temple à la mémoire de Dào Thi Huê, une chanteuse mythique du XVe siècle qui, avec sa voix exceptionnelle, aurait enivré des envahisseurs Ming, permettant aux résistants d’en tuer un grand nombre. Aujourd’hui, la cour du temple sert de lieu de répétition des chanteuses et chanteurs du ca trù, dont Dô Thi Thanh Nhàn.

"Dao Dang est le berceau du ca trù, où une femme a su utiliser sa voix pour anéantir des agresseurs. Nous sommes tous ses descendants. Il nous appartient de préserver cet art classé au patrimoine mondial au profit des générations futures", nous dit-elle.

Durant la première moitié du XXe siècle, tous les villageois connaissaient par cœur au moins quelques airs de ca trù. Tous les soirs, des concerts étaient donnés dans la cour du temple. La réputation des chanteuses et des musiciens de Dào Dang dépassait les frontières villageoises. On en parlait partout dans le delta du fleuve Rouge, se souvient Dào Thi Thanh, l’une de ces chanteuses.

"Nous nous rendions sur la digue et chantions à l’attention des gens qui se trouvaient de l’autre côté de la rivière : ‘Viens chanter s’il te plaît ! Ne me laisse pas attendre sous cette brume glaciale !’ L’autre côté répondait et nos chants alternés se poursuivaient la nuit durant", raconte-t-elle.

À leur âge d’or, les troupes de ca trù de Hung Yên étaient souvent invitées à se produire devant les gouverneurs et même le roi…

Naissance de trois clubs de ca trù

Après une période de déclin, son inscription par l’UNESCO au patrimoine culturel immatériel de l’Humanité a remis cet art sous le feu des projecteurs et redonné de l’espoir à ses adeptes. Dans la province de Hung Yên, autorités et habitants rivalisent d’initiatives pour que le ca trù ne disparaisse pas là où il est né. Les agriculteurs, après une journée de travail au champ, passent leur soirée à chanter et à jouer de la musique.

Grâce à la passion et au dévouement de ces agriculteurs-artistes, trois clubs de ca trù avec une centaine de membres ont vu le jour. La plupart viennent de communes à forte tradition comme Vinh Khuc, Mê So, Binh Minh ou Trung Nghia. Trân Thi Dô vient de Vinh Khuc.

"Nous ne sommes pas rémunérés pour donner des cours de ca trù aux jeunes. Mais nous acceptons volontiers de nous déplacer parfois des kilomètres pour leur transmettre notre art", nous confie-t-elle. "Nous sommes tous septuagénaires ou octogénaires, il ne nous reste plus beaucoup de temps pour le sauvegarder".

Leur méthode est simple. Ceux qui savent beaucoup apprennent à ceux qui savent peu, lesquels partageront leur connaissance avec ceux qui ne savent rien du tout… Et comme un art n’exclut pas un autre, la province de Hung Yên a mis en place un programme qui consiste à sauvegarder à la fois le ca trù et le trông quân, qui est un autre chant traditionnel local. Ces deux formes musicales font désormais partie du fleuron culturel et touristique de la province.


VOV/VNA/CVN

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