«Le bivouac de Napoléon» ou le luxe impérial en campagne

Tente, mobilier pliant, vaisselle et autre «caissette de classement du renseignement» : le mobilier de campagne de Napoléon sur les champs de bataille a quitté les musées parisiens pour une étonnante exposition au Palais Fesch-Musée des Beaux-Arts d’Ajaccio en Corse.

Intitulée «Le bivouac de Napoléon - Luxe impérial en campagne», cette première exposition de plus de 70 objets du quotidien du plus illustre des fils d’Ajaccio durant ses longues années de campagne, est le fruit d’un partenariat entre la Cité impériale et le Mobilier national.

 

Toile de campagne et bivouac.

Installée jusqu’au 13 mai au Palais Fesch, près des salles napoléoniennes permanentes, elle est composée de quatre sections : la tente, «un palais tissé», le lit de campagne, la logistique des voyages et «l’étiquette impériale en boîte», et le quotidien des soldats de la Grande Armée.

«Le bivouac» rappelle, des triomphes d’Austerlitz, Iéna et Wagram aux heures sombres de la retraite de Russie ou de l’exil à l’île d’Elbe, que l’empereur passa l’essentiel de son existence (1769-1821) à courir l’Europe pour tenter de la construire.

C’est aussi un hommage au génie des artisans d’art français (ébénistes, serruriers, tisserands et autres céramistes) dont Napoléon assura l’essor, comme le souligne Jehanne Lazarj, commissaire de l’exposition et conservatrice au Mobilier national qui a prêté les meubles de l’exposition.

Crime de lèse-majesté

Les autres pièces viennent des musées de l’Armée, de la Légion d’honneur, de la Fondation Napoléon, des Archives nationales et des châteaux de Versailles et de Fontainebleau.

La pièce maîtresse du palais ambulant qu’était le bivouac impérial, inspiré des campements romains et transporté à travers l’Europe par 28 voitures à chevaux, est une tente de campagne de 1808 réalisée par le tapissier Poussin et unique modèle encore existant.

En toile blanche et bleue à armature métallique, elle abritait le lit de Napoléon et son cabinet de travail composé de meubles pliants posés sur un tapis léopard d’allure fort contemporaine.

Il s’agit notamment du très moderne fauteuil de travail pliant - semblable à un siège de metteur en scène de cinéma - sur lequel seul le souverain pouvait poser son impérial séant.

 

Tente et mobilier de campagne de Napoléon.

Se prenant peut-être pour «l’enfant prodigue de la gloire» - surnom de Napoléon dans l’Ajaccienne, l’hymne de sa ville natale -, un employé du Palais Fesch, mal inspiré, en a déchiré l’assise en cuir garance et détérioré les montants en bois en s’y asseyant durant l’installation faisant souffler le vent du scandale dans la Cité impériale.

Mais le crime de lèse-majesté a été vite réparé, une restauratrice spécialisée rendant son lustre au fauteuil avant l’inauguration de l’exposition.

De conception ultra-moderne, le lit de campagne pliant dit «en parapluie» pour recevoir un dais de soie, fut l’oeuvre, en 1804, du serrurier parisien Marie-Jean Desouches. Un meuble révolutionnaire car conçu d’un seul tenant, très rapidement montable et démontable sans outils, les tringles métalliques constituant son cadre étant articulées par des charnières.

Napoléon appréciait tellement ce lit doté d’un sommier souple et alliant élégance et confort qu’il l’emporta durant sa captivité à Saint-Hélène, y rendant même son dernier soupir.

Le reste du mobilier (tables, chaises, fauteuils, commodes pliables, écritoires, démontables et escamotables), comme le «luxe impérial en boîte» constitué par la vaisselle et les nécessaires de toilette, oeuvres de l’ébéniste Jacob-Desmalter et de l’orfèvre Biennais notamment, témoignent tout autant du génie de l’artisanat français promu par l’empereur.

Alliant fonctionnalité et solidité, comme élégance et raffinement par la qualité du travail et le choix des matériaux (acajou, or et argent, cuirs, soie, céramique et cristal) ces meubles et accessoires apparaissent d’une étonnante modernité que ne renieraient pas les «designers» d’aujourd’hui.

L’une des plus surprenantes pièces du «bivouac» est une «caissette de classement du renseignement», pliante, sur laquelle le génial stratège qu’était

Napoléon pouvait déplier une carte et y déplacer des dizaines de petites pièces cartonnées représentant les unités de la Grande Armée et celles des forces ennemies.

Le bivouac étant l’un des grands thèmes de la peinture napoléonienne, l’exposition présente aussi plusieurs chefs d’œuvre comme un Austerlitz (1805), de Louis-François Lejeune, et un Wagram (1809), d’Adolphe Roehn, venant du château de Versailles.

 

AFP/VNA/CVN

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