Équipés de tronçonneuses et de masques à oxygène, une centaine de secouristes ont repris les fouilles au 2 février dans une couche de cendres d'une trentaine de centimètres, qui a totalement recouvert le village de Sukameriah, à 2,7 km du cratère.
"Nous ne connaissons pas le nombre des disparus mais les secouristes reprennent les opérations d'évacuation et recherchent d'éventuelles personnes prises au piège", a déclaré à l'AFP Tri Budiarto, un responsable à l'Agence nationale des catastrophes.
Les secours ne se sont pas prononcés sur les chances de retrouver des survivants, qui semblent cependant minces tant la zone a été entièrement recouverte au 1er février par les cendres incandescentes.
Des habitants viennent en aide à une victime après l'éruption du volcan Sinabung (Sumatra Nord), le 1er février 2014. |
Des habitants viennent en aide à une victime après l'éruption du volcan Sinabung (Sumatra Nord), le 1er février 2014. |
"Je doute qu'il soit possible de survivre aux nuées ardentes d'hier", a concédé le lieutenant-colonel Asep Sukarna, qui dirige les secours. La région a été transformée en paysage apocalyptique, où des cadavres au visage enflé et à la langue pendante surgissaient de l'épais manteau grisâtre.
Le bilan "risque" de s'alourdir, a averti le porte-parole de l'Agence nationale des catastrophes, Sutopo Purwo Nugroho. "Un corps a été repéré près d'un arbre mais nous ne l'avons pas encore récupéré", a-t-il précisé lors d'une conférence de presse à Jakarta.
Au 2 février, une première équipe de secours est rentrée bredouille, décrivant des scènes de dévastation. "Il n'y a aucun signe de vie. Tous les champs sont détruits. De nombreuses maisons ont été endommagées et celles qui sont encore debout sont recouvertes d'une épaisse couche de cendres", a témoigné à l'AFP Gito, un secouriste qui comme beaucoup d'Indonésiens ne porte qu'un seul nom.
"Nous n'avons retrouvé aucun corps mais nous avons ramassé un sac qui appartenait à une des victimes. Un téléphone portable était en train de sonner", a-t-il ajouté.
Les recherches pourraient être compliquées par la pluie, très probable en cette saison humide, ce qui pourrait rendre le terrain boueux et obliger un arrêt des opérations, a averti Robert Peranginangin, porte-parole du district de Karo, où se situe le volcan.
Le bilan a été porté le 2 février à 15 morts, après le décès d'un blessé grave, un jeune homme de 24 ans qui avait accompagné son père sur la tombe d'un défunt de la famille. Deux personnes étaient de plus toujours en soins intensifs dans un hôpital local, souffrant de brûlures graves.
L'ensemble des victimes se trouvaient dans la zone rouge déclarée no man's land autour du volcan, situé sur l'île de Sumatra (nord-ouest). La plupart d'entre elles étaient des touristes locaux.
"C'est très dangereux mais beaucoup de touristes ont pénétré clandestinement dans la zone pour prendre des photos", a expliqué M. Budiarto. Parmi les morts figurent quatre lycéens qui participaient à une excursion, ont précisé les secours.
Les autorités ont assuré qu'elles s'affairaient à installer des panneaux supplémentaires à l'entrée de la zone interdite afin de prévenir les visiteurs du danger.
Le volcan Sinabung était en sommeil depuis 400 ans mais s'est réveillé en 2010 puis en septembre 2013. Relativement calme depuis la mi-janvier, il a soudainement redoublé d'activité samedi matin, crachat des nuées ardentes jusqu'à 2 km d'altitude.
Depuis septembre, 30.000 personnes ont été évacuées de la région. Mais certains habitants ont été autorisés à rentrer chez eux vendredi suite à l'accalmie enregistrée.
L'Indonésie, située sur la "ceinture de feu" du Pacifique, est le pays comptant le plus de volcans en activité au monde (129).
L'éruption récente la plus meurtrière avait été celle du Merapi, sur l'île centrale de Java. Elle avait provoqué la mort de 350 personnes fin 2010.
AFP/VNA/CVN