Damaturu et Potiskum, dans l'État de Yobe, et Maiduguri, capitale de l'État voisin de Borno, ont été secouées par des explosions et des tirs le 22 décembre.
Ces attaques, revendiquées par le mouvement radical Boko Haram, ont donné lieu à des affrontements avec policiers et soldats. Les violences se sont poursuivies vendredi à Damaturu. Le 24 décembre, la situation semblait généralement calme dans les trois villes, où l'on dénombrait les morts. "D'après les informations que je reçois de Damaturu, jusqu'à cent personnes pourraient avoir été tuées", rien que dans cette ville, a déclaré une source policière de haut rang, basée dans le Nord et ayant requis l'anonymat. "Pour l'instant, les chiffres que je reçois se situent entre 69 et 100 morts à Potiskum et Damaturu", a de son côté affirmé Chidi Odinkalu, responsable de l'ONG de défense des droits civiques Open society justice initiative.
Il a dit se baser sur des témoignages d'enseignants, de membres des forces de sécurité et d'employés d'organisations de défense des droits de l'homme se trouvant sur place.
En outre, à Maiduguri, un infirmier de l'hôpital universitaire avait déclaré dans la matinée que 20 corps avait été entreposés à la morgue suite aux attaques.
Ces 20 tués, avec 26 autres dénombrés dans l'État de Yobe, avaient porté le précédent bilan, le 24 décembre, à 46 morts. Il n'était pas possible d'indiquer précisément qui étaient ces morts, les sources faisant état de policiers, de militaires, de civils et de combattants de la secte tués. "Nous avons mené ces attaques pour venger la mort de nos frères tués par les forces de sécurité en 2009", a déclaré vendredi soir par téléphone un homme se présentant comme un porte-parole du groupe, Abul Qaqa.
Il faisait référence à une insurrection de la secte en 2009 qui avait été brutalement réprimée par les autorités, faisant des centaines de morts.
Il a assuré que Boko Haram continuerait de commettre des violences jusqu'à la création d'un État islamique au Nigeria. Le mouvement a notamment revendiqué l'attentat suicide d'août contre le siège des Nations unies à Abuja (24 morts).
Un couvre-feu a été instauré dans l'État de Yobe de 19h00 à 07h00, a indiqué le porte-parole du gouverneur, Abdullahi Bego.
Damaturu, capitale de l'État, avait été particulièrement touchée fin novembre par une vague d'attaques coordonnées, également revendiquées par Boko Haram, qui avait fait au moins 150 morts.
La situation a été calme le 24 décembre à Damaturu, Potiskum et Maiduguri selon des habitants et les forces de sécurité. En milieu de journée, des résidents ont fait état de tirs sporadiques dans le quartier de Pompomari, à Damaturu. "Nous faisons face à une guérilla ici, les forces de l'ordre nettoient (le quartier) des derniers éléments de Boko Haram", avait expliqué le chef de la police de Yobe, Lawan Tanko. "De temps en temps ils tirent sur une patrouille et la patrouille riposte".
Selon une source militaire, des soldats stationnés dans l'État voisin de Borno, épicentre des violences liées à Boko Haram, avaient été déployés à Damaturu. La police patrouillait à Potiskum.
Vendredi, des habitants de Damaturu avaient affirmé avoir reçu l'ordre d'évacuer en 30 minutes le quartier de Pompomari tandis que retentissaient explosions et tirs. Une source militaire avait ensuite expliqué que l'armée avait bouclé les lieux pour fouiller les maisons, à la recherche de membres de Boko Haram, d'armes et d'explosifs.
Chidi Odinkalu a dit craindre que la réponse des autorités et leur usage de la force avait été "disproportionnée". L'armée a été critiquée dans le passé pour la violence de ses opérations face à Boko Haram, y compris à l'encontre de résidents. Le Nigeria est le pays le plus peuplé d'Afrique avec 160 millions d'habitants également répartis entre le Nord majoritairement musulman et le Sud à dominante chrétienne.
AFP/VNA/CVN