Le bilan des violences en Turquie s’alourdit

Depuis lundi 6 octobre, de très violentes manifestations agitent l'ensemble de la Turquie, opposant les militants prokurdes et la police turque. Les violences ont fait 31 morts et 360 blessés, selon un bilan établi vendredi 10 octobre par le ministère de l'intérieur.

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Ces émeutes ont débuté après un appel à manifester lancé par le Parti démocratique populaire (HDP), la principale formation politique kurde de Turquie. Mercredi 8 octobre, le hashtag KobaneIçinSokaga («sortez dans la rue pour Kobané») dominait le réseau Twitter en Turquie.

Le Premier ministre de la Turquie, Ahmet Davutoglu (centre), lors d'un point presse le 10 octobre à Ankara. 
Le Premier ministre de la Turquie, Ahmet Davutoglu (centre), lors d'un point presse le 10 octobre à Ankara. 


Les Kurdes, et les militants de gauche qui les soutiennent, reprochent au gouvernement islamo-conservateur de l’AKP son refus d’intervenir militairement pour sauver la ville frontalière kurde de Syrie, Kobané, assiégée depuis le 16 septembre par les djihadistes du groupe État islamique (EI).
Ils fustigent le refus d’Ankara d’établir un corridor d’approvisionnement en hommes et en armes en vue d’aider les quelques milliers de combattants kurdes qui défendent la ville encerclée et n’ont qu’une voie d’accès, par la Turquie. Les Kurdes d’Afrine ou de Qamichlé (les deux autres cantons kurdes de Syrie) ne peuvent pas venir au secours de leurs frères de Kobané car ils sont séparés d’eux par des zones majoritairement peuplées d’Arabes et contrôlées par l’EI.
Les grandes villes gagnées par les manifestations
Les protestations ne se sont pas limitées aux villes majoritairement kurdes, elles ont gagné également cette semaine Ankara, Istanbul et d’autres villes. Très vite, elles ont dégénéré. Commerces vandalisés, voitures incendiées, lynchages, une telle flambée de violence n’avait pas été vue depuis les années 1990, quand la guerre faisait rage entre l’armée et les militants du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan, interdit) dans les régions kurdes du pays.
Dans la journée de jeudi 9 octobre, trois policiers ont été mitraillés par des inconnus à Bingöl, dans le sud-est du pays, dont le commandant en chef de la police, grièvement blessé. Ses deux adjoints sont morts des suites de leurs blessures. Dans la nuit du 9 au 10 octobre, quatre personnes ont été tuées à Gaziantep (Sud), lors d’affrontements entre deux groupes armés de fusils, d'armes de poing et de haches, a rapporté l'agence de presse Dogan. À Mardin, les gendarmes ont ouvert le feu et tué un protestataire, selon la maire de la ville Zeynep Dipçik.
Ces affrontements se sont produits entre militants et forces de l’ordre mais aussi entre «milices». Les partisans du PKK se sont opposés aux islamistes de Hüdapar, un parti kurde religieux allié au gouvernement AKP et qui est la façade légale du sanguinaire Hizbullah (rien à voir avec le mouvement libanais chiite), interdit depuis le milieu des années 1990. À Diyarbakir, la plus grosse ville kurde au sud-est de la Turquie, six militants de Hüdapar ont été tués. À Kiziltepe (région de Mardin), deux hommes ont été retrouvés tués par balles dans leur automobile.
Le président Recep Tayyip Erdogan a appelé la population au calme dans un message écrit. Promettant de prendre «toutes les mesures nécessaires pour combattre tous ceux qui commettent de tels actes d'intolérance», il a estimé que les émeutes étaient à mettre au compte des «forces obscures» qui les ont fomentées.
Il a dénoncé une tentative de «sabotage» des pourparlers de paix menés depuis près de deux ans par son gouvernement avec le PKK. Les autorités turques soupçonnent celui-ci de chercher à tirer parti de la situation afin d’acquérir plus de poids dans les négociations.

AFP/VNA/CVN

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