Jusqu'au 26 mai, toutes générations d'acteurs et de réalisateurs de la planète, Américains et Français venus en force, exhiberont smokings, robes du soir et bijoux pour fouler le tapis rouge et tenter de rassasier les photographes en images glamour.
Le Festival de Cannes reste le plus important au monde grâce à un savant mélange de stars mais aussi de cinéma d'auteur, grand public ou plus exigeant. Aller à Cannes "est une bonne façon de présenter un film, même si c'est risqué si les gens ne l'aiment pas", a dit récemment le réalisateur britannique engagé Ken Loach, qui a reçu la prestigieuse Palme d'or en 2006.
S'ils aiment, cela peut être le début d'un conte de fées comme celui de The Artist, de Michel Hazanavicius, avec le prix d'interpréation pour Jean Dujardin en 2011, ou Amour, Palme d'or 2012, de l'Autrichien Michael Haneke. Deux films qui ont raflé ensuite des Oscars.
Monopoly
À l'heure où les lieux de tournages se font souvent en fonction des aides au financement et où la Chine entre dans le jeu, comme pour Iron Man 3, chercher la nationalité d'un film ressemble à un gigantesque partie mondiale de Monopoly.
Outre ses films en compétition signés Desplechin, Ozon, des Pallières..., la France est présente dans de nombreuses coproductions. Pour la première fois, un film iranien, celui d'Asghar Farhadi (Oscar du meilleur film étranger pour Une séparation), vient tourner en France avec un producteur et des acteurs français, Bérénice Béjo et Tahar Rahim, bénéficiant de l'avance sur recettes.
De même, le film de l'Américain James Gray, avec Marion Cotillard et Joaquin Phoenix, tourné en anglais, est financé en grande partie par la France.
Soderbergh, Ozon, les frères Coen, James Gray et Arnaud Desplechins en lice pour la Palme d'or lors du 66e festival de Cannes qui débutera le 15 mai. Photo : AFP/VNA/CVN |
Le cas de Nicolas Winding Refn (Drive) est tout aussi emblématique : le réalisateur danois a de nouveau embauché l'acteur canadien Ryan Gosling pour tourner en Thaïlande Only God forgives.
Les Français Guillaume Canet, hors compétition avec son Bood Ties, ainsi que Arnaud Desplechin, en compétition avec Jimmy P., sont allés tourner aux États-Unis, en anglais.
Les États-Unis, poids lourd du cinéma mondial, sont logiquement bien représentés dans la sélection officielle avec des films indépendants comme Inside Llewyn Davis des frères Coen, Nebraska d'Alexander Payne (The Descendants), Behing the candelabra, dernier opus de Steven Soderbergh.
Sofia Coppola fera l'ouverture de la section Un Certain regard avec The Bling ring tandis que J.C Chandor viendra hors compétition avec All is lost permettant à Robert Redford de revenir sur la Croisette avec un rôle à la dimension d'un prix.
L'Asie tient son rang en compétition officielle avec le dernier Jia Zangke en provenance de Chine, deux films japonais signés Hirokazu Kore-Eda et Takashi Miike. L'Inde a été invitée sur la Croisette pour fêter les 100 ans de son cinéma.
L'Amérique latine est moins présente cette année mais portera quand même haut et fort sa sélection, de la compétition à la Quinzaine des réalisateurs qui rendra hommage au maître chilien Alejandro Jodorowsky.
Business
Mais Cannes ne se réduit pas à la quotidienne montée de marches. Le Festival accueille aussi le plus grand marché international du film, là où des réalisateurs cherchent des financements, des producteurs des diffuseurs pour leurs films etc.
Le jury du festival de Cannes 2013. Photo : AFP/VNA/CVN |
En pleine période d'austérité en Europe, il servira de baromètre alors que des tours de vis budgétaires dans les financements du 7e art frappent de nombreux pays comme l'Espagne ou l'Italie.
À cela s'ajoutent les craintes de voir l'exception culturelle, chère à la France, faire partie des futures négociations de libre-échange entre l'Union européenne et les États-Unis. Pas moins de trois débats ou colloques auront lieu à Cannes sur ce thème.
La faible représentation des femmes en compétition ayant déjà été évoquée lors de l'annonce du programme de la 66e édition, c'est peut-être plus du côté des films que la polémique, autre spécialité cannoise, pourrait encore venir.
Plusieurs longs métrages s'annoncent torrides. Ainsi Jeune et Jolie du français François Ozon et La Vénus à la fourrure du franco-polonais Roman Polanski. À l'heure où la France est devenue le 14e pays à autoriser le mariage gay, plusieurs films évoqueront des amours homosexuelles comme La Vie d'Adèle du franco-tunisien Abdellatif Kechiche avec Léa Seydoux et Behind the Candelabra de Soderbergh avec le duo inattendu Michael Douglas et Matt Damon.
Le réalisateur et producteur Steven Spielberg, président du jury, a déjà donné quelques pistes sur ses goûts : des films qui "l'obligent à travailler un peu pour ressentir du plaisir". À part cela "tous les films sont égaux", "petits ou gros", selon l'auteur de Lincoln et E.T.
AFP/VNA/CVN