À 22 ans, il a séduit les stars avec ses lunettes branchées aux verres

Ses lunettes branchées aux verres portant images, logos ou messages ont séduit des stars, de Lady Gaga aux Black Eyed Peas, et aujourd’hui des entreprises pour leur communication : Paul Morlet, 22 ans et de la débrouille à revendre, est un entrepreneur atypique.

Paul Morlet, directeur de la société Lulu Frenchie. Photo : AFP/VNA/CVN

Ce matin-là, brève panique à Lyon, dans le Centre de la France, dans les 600 m2 de locaux de la société Lulu Frenchie, qui s’affiche numéro un en Europe de la lunette publicitaire : le courant a été coupé, alors qu’une commande pour une société monégasque organisant un événement à Las Vegas était en cours de préparation.

«Ce sera expédié à temps», assure l’équipe. Le Français Paul Morlet, qui tient à honorer ses promesses de livraison même au bout du monde, serre les dents face au traceur où doivent être imprimées les pellicules personnalisées, percées d’une multitude de petits trous afin de ne pas obstruer la vision. Elles sont ensuite collées sur les verres.

Mèches brunes en bataille et blouson en cuir décontracté, le jeune homme est à l’image de ses salariés, une demi-douzaine de façon fixe et une poignée en intérim, qu’il dirige «dans un esprit start up» collaboratif. Mais le parcours de chef d’entreprise de Paul Morlet, qui a réalisé près d’un million d’euros de chiffre d’affaires en 2012, est peu commun. «Dernier de la classe, j’ai été orienté par mon prof de gym vers une formation en électricité. Puis sans conviction non plus, j’ai passé un bac professionnel en alternance à la SNCF dans l’informatique», narre ce Lyonnais, fils d’un formateur technique et d’une secrétaire.

Il passe quelques mois dans un groupe de radio avant de lancer en octobre 2010 avec deux associés son projet, financé par ses 5.000 euros d’économies. «J’avais vu à la télé une soirée poker où la pub était partout sauf sur les visages des joueurs, d’où l’idée des lunettes», explique-t-il.

Celui qui se définit comme «technique et cartésien» met au point son procédé, applicable à des verres blancs ou solaires. Il «écrit» sur des lunettes les noms de stars et s’arrange pour leur faire remettre une paire, en backstage ou sur scène. Elles mordent souvent à l’hameçon en les portant et c’est ainsi que Lulu (comme lunettes) Frenchie s’assure une visibilité à bon compte.

Une employée de la société Lulu Frenchie en travail. Photo : AFP/VNA/CVN

Quelque 500.000 paires écoulées en 2012

Depuis, la société a changé de dimension, avec 500.000 paires vendues en 2012, dont la moitié à l’export. Paul Morlet a décroché des licences comme celle du club de football du Paris Saint-Germain, et parcourt les salons professionnels. Les particuliers peuvent passer commande sur son site Internet, à partir de 9-10 euros la paire. La livraison est garantie pour tous en 24 heures jusqu’à New York, assure Lulu Frenchie.

«Je veux offrir un service et laisser une production en France», martèle celui qui s’approvisionne néanmoins en montures en Chine, faute d’avoir trouvé un fournisseur compétitif en France dit-il. Il fustige les freins à l’activité et à l’innovation, alors que «notre pays a les cerveaux et les moyens», selon lui.

Invité à des conférences à Pékin, Rome et Bruxelles par la Commission européenne, il a aussi contribué à la réflexion de l’institution sur la simplification de la création d’entreprise. Paul Morlet est fier de ce qu’il a bâti sans être un héritier. «Je ne suis pas dans la même cour que les entrepreneurs de près de 30 ans sortis d’écoles de commerce, qui s’endettent mais ont les parents derrière», affirme-t-il.

Nouveau champ d’intervention pour ce boulimique de travail : les prisons. Paul Morlet doit accompagner des détenus souhaitant se mettre à leur compte à leur sortie. «Ils sont en galère, ont besoin d’être orientés, comme j’en aurais eu besoin plus jeune», dit-il.

AFP/VNA/CVN

 

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