>>Après la réussite, la capsule de SpaceX va s'arrimer à la Station spatiale internationale
>>SpaceX emmène quatre astronautes vers la Station spatiale internationale
Capture d'écran de la web TV de l'ESA monrant Thomas Pesquet à bord de l'ISS, le 30 avril. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Flottant en apesanteur, tout en jouant avec une mappemonde gonflable, l'astronaute s'est prêté à 20 minutes de questions-réponses avec la presse, depuis un module encombré de câbles et de fils de la Station, où il a déjà passé plus de six mois en 2016-2017.
"C'est un peu ma deuxième maison, j’ai retrouvé des amis, j’ai retrouvé mes habitudes", a dit Thomas Pesquet, 43 ans, en expliquant que rien n'avait vraiment changé dans l'engin, situé en orbite à quelque 400 km de la Terre.
La véritable nouveauté a été de la rejoindre à bord de la capsule Crew Dragon, de l'entreprise privée américaine SpaceX, dont c'était seulement la troisième mission habitée vers l'ISS.
L'astronaute l'a trouvée "super confortable au décollage", a-t-il expliqué aux journalistes réunis dans les locaux parisiens du Centre national d'études spatiales (CNES).
Mais qu'on ne s'y trompe pas, "si on aime les manèges de foire et les sensations fortes, un décollage en fusée c'est ce qu'on peut faire de mieux".
Ce qui explique le moment visible d'hilarité qui a saisi les quatre astronautes en quittant la Terre samedi dernier : "C'était vraiment un grand, grand moment, on riait tous dans la capsule, - en étant sérieux -, parce que les sensations sont phénoménales".
Harnachés
Les 26 heures du voyage vers l'ISS n'ont pas été de tout repos, le centre de contrôle ayant réservé une surprise aux astronautes, avec un exercice d'urgence.
"On avait sorti toutes nos affaires pour passer une nuit tranquille, habits et nourriture, et là, on a eu un message très calme nous disant : dans 20 minutes maximum, il faudrait que vous soyez dans vos sièges en scaphandre, harnachés, sanglés, casques fermés et tout rangé dans la cabine", raconte l'astronaute. "Ce qui nous prend d'habitude cinquante minutes, on l'a fait en 19'30".
Capture d'écran de la NASA TV montrant la transmission du commandement de l'ISS de Shannon Walker à Akihiko Hoshide, en présence de l'équipage. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Ce qui explique peut-être qu'en réponse à une question sur la capsule Crew Dragon, l'astronaute ait laissé entendre que le soin apporté à l'esthétique du véhicule, comme "une voiture moderne, avec les écrans plats tactiles, se soit fait aux dépens de son côté pratique.
"C'est fait pour que ça soit joli... Mais nous, on a plutôt l'habitude des choses moches et fonctionnelles, donc il a fallu qu'on s'habitue un petit peu", a-t-il dit, avec le sourire. L'astronaute avait l'habitude des vaisseaux russes Soyouz, plus rustiques et très fiables.
"Savant fou"
Thomas Pesquet attend de passer de "grands moments avec les sorties extra-véhiculaires", et notamment l'installation de nouveaux panneaux solaires "à une cinquantaine de mètres du sas de sortie, au-dessus du vide".
Il va surtout travailler sur de nombreuses expériences - 232 exactement - en compagnie de six autres astronautes, à bord de ce vaste laboratoire en apesanteur.
"Le but d'être ici, c'est la recherche", rappelle l'astronaute. Qu'il s'agisse d'étudier des revêtements anti-microbiens pouvant trouver une application sur Terre pour éviter les contaminations de surfaces, ou l'évolution de mini-cerveaux, des cellules souches "qui ne se comportent pas comme au sol". Cette dernière expérience, supervisée par le Cadmos, une division du Cnes, a sa faveur : "J'ai hâte de jouer un peu au savant fou".
Le séjour dans l'espace, c'est aussi "beaucoup de petits moments", a-t-il dit, avec en fond sonore la célébration par le reste de l'équipage de l'anniversaire de l'Américain Victor Glover, à l'heure du petit déjeuner. "On a installé des petits ballons avant qu'il se lève", explique-t-il, en soulignant l'intérêt de cette "vie en communauté, avec le sentiment d'être en mission".
Une vie où il faut aussi s’accommoder d'une certaine promiscuité, dans cet endroit clos "où il y a du monde à peu près partout". Avec le chevauchement des équipages arrivant et partant, ils sont actuellement onze, et "on a que six couchettes". Une septième devrait arriver avec une mission prochaine.
Encore plus attendue, une troisième toilette pour la station, explique l'astronaute, pour lequel le seul vrai inconvénient de l'ISS, c'est d'avoir seulement "un système de toilettes côté russe et un côté américain", ce qui occasionne parfois une file d'attente.