L'assurance agricole fait ses premiers pas

Le risque en matière d'assurances agricoles est si fuyant qu'il rend particulièrement difficultueux le développement de ce segment des assurances, qui est particulièrement nécessaire au Vietnam. De nouvelles modalités sont expérimentées depuis peu dans les provinces de Dông Thap (delta du Mékong) et Dak Lak (hauts plateaux du Centre).

Développer les assurances agricoles est nécessaire dans l'actuel contexte économique, estiment les experts réunis à un récent colloque à Hanoi.

D'une part, la production agricole court à l'heure actuelle des risques considérables. D'autre part, bien que sa participation au PIB national diminue, ce secteur est toujours aussi prépondérant au Vietnam, que ce soit du point de vue économique ou social, dans la mesure où 70% des Vietnamiens vivent en zone rurale, souligne Dào Van Hung, de l'Université d'économie nationale de Hanoi.

Le développement de ces assurances est donc essentiel pour couvrir les agriculteurs en cas de pertes dues aux changements climatiques, aux calamités naturelles et, depuis l'intégration internationale du pays, aux évolutions du marché mondial.

Jerry Skees, professeur de l'Université du Kentucky (États-Unis) et président de Global AgRick Inc (une organisation internationale d'évaluation des risques dans l'agriculture), rappelle que tous les risques ne peuvent être couverts. Il met aussi l'accent sur le rôle important du gouvernement, en particulier en matière d'investissement, de garantie du bien-être social, d'assistance en cas de catastrophes naturelles, ainsi que de protection des personnes démunies.

Au Vietnam, les assureurs ont du mal à développer leurs services dans le secteur agricole en raison des difficultés dans l'estimation des risques à courir et des coûts. Pour remédier à cet état de chose, les chercheurs ont proposé une nouvelle méthode d'évaluation des risques fondée sur des indices tels que niveau des eaux, pluviométrie… qui sont bien moins aléatoires pour estimer d'éventuelles pertes que la méthode classique basée sur le nombre d'arbres détruits ou d'animaux perdus.

Cette nouvelle méthode est actuellement expérimentée dans la province de Dông Thap (Sud), dans le cadre d'un projet de développement des assurances agricoles, une initiative du ministère des Finances. Cette localité du delta du Mékong est fortement exposée aux risques de crues qui influencent 50.000 ha de riz. Avec cette méthode, les indemnités sont payées en fonction d'un indice du niveau des eaux d'entre 2,8 m et 3,5 m. Ainsi, l'indemnité maximale est d'un million de dollars en cas de crues de 3,5 m.

De même, dans la province de Dak Lak (hauts plateaux du Centre), qui est particulièrement exposée à la sécheresse, l'indice retenu est celui de pluviométrie. Les cultivateurs de café et d'autres plantations principales de cette région qui sont assurés auront ainsi droit à l'indemnisation en cas de pluviométrie inférieur à 20 mm sur la période du 15 avril au 15 juin.

Des études sur la méthode d'évaluation des risques en matière d'assurances agricoles sont actuellement poursuivies pour généraliser cette méthode dans tout le pays.

Enfin, dernier point souligné par le Département de gestion des assurances, relevant du ministère des Finances, le développement du marché des assurances agricoles implique également, compte tenu de ses spécificités, la création d'un Fonds d'assurances contre les calamités naturelles. Ce département juge nécessaire de rendre obligatoire la souscription de certaines catégories d'assurances dans ce secteur.

Thuy Tiên/CVN

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