>>Forte baisse des prix des carburants
>>Pétrole : l’accord de baisse est le moyen idéal pour faire face au coronavirus
Photo d'archives montrant une installation pétrolière de Saudi Aramco, le 20 septembre 2019. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le prix du baril a continué parallèlement de s'effondrer, affecté par l'absence d'entente entre Ryad et Moscou et surtout par la pandémie de COVID-19 qui a fait plonger la demande d'or noir et fait peser sur l'économie mondiale la menace d'une profonde récession.
Premier exportateur de pétrole brut au monde, "le royaume (saoudien) a l'intention d'augmenter ses exportations pétrolières de 600.000 barils par jour à partir de mai, ce qui portera ses exportations (totales) à 10,6 millions de barils par jour (mbj)", a indiqué un responsable du ministère de l'Energie, cité par l'agence officielle SPA.
L'Arabie saoudite avait déjà annoncé début mars une augmentation de ses exportations à 10 mbj par jour pour avril à la suite de l'échec de négociations sur le renouvellement d'une réduction de la production entre l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et la Russie, destinée à soutenir les prix.
Le royaume exportait auparavant environ 7 mbj dans le cadre d'un accord conclu entre le cartel et ses partenaires, Moscou en tête.
Tenir le niveau
Après l'échec des négociations, l'Arabie saoudite a fortement baissé ses prix afin d'obtenir des parts de marché supplémentaires, et annoncé une augmentation de sa production pour avril à 12,3 millions de barils par jour. Les Emirats arabes unis lui ont emboîté le pas, s'engageant à pomper au moins un million de barils par jour supplémentaires à partir d'avril.
Selon Amin Nasser, le directeur général du géant pétrolier Saudi Aramco, ce joyau de l'économie du royaume peut maintenir sa production à ce niveau pendant au moins 12 mois sans avoir à construire de nouvelles installations.
Les infrastructures existantes permettent à l'Arabie saoudite d'extraire son pétrole à bas coût mais les recettes publiques du royaume dépendent fortement du pétrole et Ryad a besoin d'un prix fort pour équilibrer son budget.
Les prix du pétrole se sont effondrés lundi 30 mars, suivant la chute des marchés financiers face à l'aggravation de la crise liée à la pandémie de COVID-19. Le prix du baril de WTI, référence aux États-Unis, a chuté à environ 20 USD, tandis que celui du baril de Brent de la mer du Nord était de moins de 23 USD, des niveaux plus vus depuis le début des années 2000.
Des analystes s'attendent à voir le pétrole s'effondrer encore plus, les capacités de stockage approchant leur capacité maximale.
Menace contre le renouvelable
L'Arabie saoudite a ignoré les critiques selon lesquelles sa stratégie agressive pourrait mettre en faillite ses rivaux, indiquant qu'elle n'était plus prête à jouer seule le rôle de stabilisateur du marché.
Dans le cadre des réductions décidées par l'OPEP et ses partenaires, le royaume avait assumé un rôle majeur et décidé des coupes supplémentaires dans sa production en plus de celles prévues par l'accord.
Pour des analystes, les derniers développements s'inscrivent dans une stratégie délibérée à long terme visant à conquérir une plus grande part de marché face à ses rivaux qui ne peuvent supporter des coûts élevés de production, notamment les producteurs de pétrole de schiste américains.
En décidant d'augmenter ses exportations, Ryad ignore davantage l'appel du secrétaire d'État américain Mike Pompeo, lancé au prince héritier Mohammed ben Salmane, à "rassurer les marchés énergétiques et financiers" face à la crise économique mondiale qui se profile.
Le président américain Donald Trump, un proche allié du prince Mohammed ben Salmane, et le président russe Vladimir Poutine ont convenu lundi 30 mars de "consultations russo-américaines sur le sujet entre ministres de l'Énergie".
L'Arabie saoudite "pourrait théoriquement être le dernier debout, vu ses réserves financières et sa capacité à emprunter si nécessaire", selon les analystes de JBC Energy.
Mais avec des prix bas, l'Arabie saoudite ne se contentera pas d'écarter du marché des producteurs ayant de hauts coûts d'exploitation, elle rendra aussi plus difficile "la concurrence des énergies renouvelables avec les combustibles fossiles, du moins à court terme", selon Bernard Haykel, un spécialiste de l'Arabie saoudite à l'université de Princeton.
AFP/VNA/CVN