L'année 2013, nouvelle étape charnière pour l'OTAN en Afghanistan

Les ministres de la Défense des pays de l'OTAN ont érigé le 2 février à Bruxelles l'année 2013 comme étant celle d'une nouvelle étape charnière pour la coalition internationale, à un moment où l'impatience gagne les opinions après plus de dix ans de guerre.

Vue générale de la réunion des ministres de la Défense des pays de l'OTAN tenue le 2 février à Bruxelles.  Photo : AFP/VNA/CVN

Officiellement, "il n'y a rien de nouveau", a affirmé le secrétaire général de l'Alliance atlantique Anders Fogh Rasmussen. La feuille de route préparée au sommet de Lisbonne fin 2010 tient toujours et la mission de l'OTAN en Afghanistan se terminera fin 2014, selon lui. Mais le changement sémantique permet à l'OTAN de soutenir qu'elle aura un moindre rôle dans les combats avant la fin de sa mission et ouvre la porte à de possibles réductions des effectifs sur le terrain.

Ce débat avait été lancé, à la surprise de l'OTAN et des alliés, par le président français Nicolas Sarkozy à la suite de la mort de quatre soldats, tués par un militaire afghan qu'ils étaient en train de former. Il a rebondi le 1er février lorsque le secrétaire à la Défense américain, Leon Panetta, a déclaré espérer que l'armée afghane prendra la responsabilité de la sécurité sur la totalité du territoire en 2013.

Jusqu'à présent, le calendrier intermédiaire n'avait pas été discuté en détail par les alliés. Il sera finalisé par les chefs d'État et de gouvernement au sommet de l'OTAN à Chicago en mai, a affirmé le chef du Pentagone, Leon Panetta. "Nous nous attendons à ce que les dernières provinces soient transférées aux forces afghanes d'ici à la mi-2013. À partir de ce moment-là, elles seront en première ligne dans tout l'Afghanistan", a déclaré M. Rasmussen. Cette évolution "permettra aux troupes de l'OTAN de se concentrer sur un rôle d'appui aux forces afghanes", a précisé le ministre britannique de la Défense, Philip Hammond.

"Même si les Afghans prennent la direction des opérations, l'Isaf (la coalition, NDLR) devra être prête au combat et nous nous prendrons part à des opérations de combat si nécessaire", a assuré le secrétaire américaine à la Défense, reflétant la position de la plupart des pays en ce moment, comme l'Italie et l'Espagne.

Paris pourra retirer ses troupes d'ici à la fin 2013

"Cela dépendra beaucoup de la situation", a souligné un responsable français. M. Sarkozy avait annoncé le 27 janvier le retrait de la totalité des forces combattantes françaises en 2013, soit un an plus tôt que prévu. "Nous sommes arrivés ensemble, nous partirons ensemble. Il n'y a aucun doute là dessus", a déclaré le ministre français, Gérard Longuet, qui était très attendu par ses pairs pour "clarifier" la position française et qui a assuré n'avoir "pas été critiqué" par ses pairs.

Mais la position française diffère de celle de l'OTAN : Paris pourra retirer ses troupes de combat d'ici à la fin 2013 selon lui car la situation en Kapisa, sous responsabilité française, "se stabilise". Sur les 1.200 hommes déployés à Kaboul pour des activités d'encadrement, de formation, de logistique et de soutien, les effectifs "diminueront progressivement" et seuls devraient rester "400 à 500 formateurs en école" après la fin 2014, a-t-il ajouté.

Les forces afghanes conduisent déjà 40% des opérations de combat et elles sont responsables de la sécurité de la moitié de la population afghane. Les mettre en première ligne des opérations permettra aux soldats occidentaux d'être moins exposés aux attaques des talibans qui ont fait près de 2.900 morts parmi eux depuis le début du conflit.

Les États-Unis, actuellement en pleine campagne électorale comme la France, disposent de 90.000 soldats en Afghanistan. Les effectifs doivent tomber à 68.000 à la fin de l'été, deux mois avant la présidentielle, a promis le président Barack Obama. Outre l'Afghanistan, les ministres évoqueront jusqu'à le 3 février les dossiers du bouclier antimissile déployé en Europe et discuteront de la nécessaire coopération pour faire face à la réduction des budgets militaires en raison de la crise.

AFP/VNA/CVN

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