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De gauche à droite : le ministre allemand de l'Économie et du Climat, Robert Habeck ; le chancelier allemand Olaf Scholz ; et le ministre allemand des Finances, Christian Lindner, devant le bateau FSRU "Hoegh Esperanza" amarré à Wilhelmshaven le 17 décembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"C'est un bon jour pour notre pays", s'est réjoui le chancelier Olaf Scholz, vêtu d'une veste jaune fluo, sur le pont d'un bateau, à quelques mètres du terminal de Wilhelmshaven, au bord de la mer du Nord.
Le navire FSRU (unité flottante de stockage et de regazéification) Hoegh Esperanza, amarré depuis jeudi 15 décembre à environ 300 m de là, a fait sonner sa sirène à l'approche du bateau où avaient pris place le chef de l'État, accompagné de plusieurs ministres, édiles locaux et journalistes, dans un temps froid et brumeux.
Cet imposant bâtiment naval bleu et rouge long de 300 m, encombré de tuyaux, a été chargé avec suffisamment de gaz nigérian pour la consommation annuelle de "50.000 foyers" et commencera ses livraisons le 22 décembre.
Cinq terminaux flottants ouvriront ces prochains mois, après des chantiers menés au pas de charge grâce aux milliards d'euros débloqués par Berlin. "Nous nous rendons indépendant des pipelines russes", s'est félicité M. Scholz. Ces installations fourniront un tiers des besoins en gaz du pays, éloignant - pour le moment - les scénarios catastrophes de pénuries massives encore évoqués il y a quelques mois.
Contrats
Les terminaux GNL (Gaz naturel liquéfié) flottants permettent d'importer du gaz naturel par voie maritime, sous forme liquide. Ils sont composés d'une plateforme d'amarrage et d'un bateau dit FSRU, où le GNL est livré, stocké et regazéifié, avant d'être envoyé dans le réseau.
À la différence d'autres pays européens, l'Allemagne ne disposait d'aucun terminal sur son sol, préférant la ressource peu chère arrivant des pipelines russes, dont elle dépendait à 55% de ses importations.
Tout a changé avec la tension en Ukraine et la fin des livraisons du russe Gazprom. Les importations de gaz liquéfié vers l'Allemagne, via les ports belges, néerlandais et français, ont bondi. Pour éviter un coût du transport prohibitif, le pays a décidé de lancer sur son propre sol plusieurs chantiers de terminaux.
Mais l'Allemagne n'a toujours pas signé de contrats gaziers significatifs pour remplir ces terminaux dans l'immédiat. "La capacité d'importation sera là. Mais ce qui m'inquiète, ce sont les livraisons", s'alarme Johan Lilliestam, chercheur à l'université de Postdam.
Un contrat entre l'entreprise américaine ConocoPhillips et le Qatar a été signé pour le terminal de Wilhelmshaven. Mais la livraison de gaz ne débutera qu'à partir de 2026. Les négociations entre les énergéticiens allemands - RWE et Uniper en tête - et les principaux fournisseurs mondiaux, comme le Qatar, les États-Unis ou le Canada, patinent. Les producteurs cherchent des contrats longs, pour rentabiliser leurs investissements tandis que Berlin veut du court terme afin de se passer progressivement des énergies fossiles.
Les organisations écologistes craignent déjà que ces projets GNL ne mettent en danger les objectifs climatiques du gouvernement. Une dizaine de militants écologistes ont manifesté à Wilhelmshaven samedi matin 17 décembre, avec des pancartes demandant la "fin du gaz", a constaté l'AFP.
AFP/VNA/CVN